PÉDOPHILIE ALLÉGUÉE : L’adolescente victime a incriminé l’instructeur à quatre reprises

La relance de l’affaire de pédophilie alléguée contre un ancien instructeur du Mauritius Institute of Training and Development (MITD) et jugé très proche du ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree, est caractérisée par une série d’arrestations et d’inculpations des témoins de cette affaire. D’aucuns dénoncent la démarche arbitraire de la police dans les deux cas concernés à ce jour. Ainsi, après la mise en accusation de la psychologue Pascale Bodet, le Central CID n’a trouvé mieux que d’appréhender et d’inculper l’instructrice en Communications Skills du MITD, Sudha Singh, qui a été d’un soutien à la jeune étudiante victime des présumées impulsions sexuelles non contrôlées d’un membre du personnel enseignant. De son côté, le syndicaliste Hemandhar Madhow a été interdit de ses fonctions une nouvelle fois dans le cadre de cette même affaire. Par ailleurs, par le truchement de son attaché de presse, le ministre Bunwaree a signifié son intention de faire une déclaration à la presse, ce matin à Mahebourg, sur ce même sujet.
Sudha Singh, membre du personnel enseignant du MITD et dont le contrat n’a pas été renouvelé, devra subir une nouvelle séance d’interrogatoire Under Warning au Central CID demain. Jusqu’ici, elle a été interrogée en présence de son homme de loi, Me Roshi Bhadain, pendant plus de 14 heures en deux occasions. Si au début de cette affaire, Sudha Singh se disait inquiète, aujourd’hui elle se présente « plutôt sereine » car elle affirme « avoir agi de manière professionnelle. »
« Je n’ai fait qu’assumer mes responsabilités en tant qu’enseignant et suivre le protocole en vigueur au MITD », a déclaré, formelle, Sudha Singh au sujet de l’aide qu’elle a apportée à l’adolescente dénonçant un ancien instructeur dans des cas allégués de pédophilie. Elle rejette catégoriquement les accusations de complot portées contre elle par l’Acting Divisional Manager du MITD, Yogendra Servansingh, un autre proche collaborateur du ministre Bunwaree.
L’une des pièces maîtresses de l’interrogatoire de Sudha Singh comporte le nombre de fois que la jeune étudiante a incriminé l’instructeur dans des confessions à des membres du personnel du MITD, en octobre et novembre 2011, quand avait éclaté ce scandale. « A ma connaissance, l’étudiante a été entendue sur cette affaire par divers membres du personnel en pas moins de cinq occasions entre la fin d’octobre et la fin de novembre 2011. L’unique occasion où elle s’était rétractée a été lors de la réunion du 7 novembre, où l’Acting Divisional Manager Servansingh était présent. Les quatre autres fois, elle a tenu le même discours et donné les mêmes descriptions de ses escapades dans une pension de famille à Bonne-Terre, les mardis et les samedis. Elle a tout raconté », a fait comprendre en substance Sudha Singh lors de son interrogatoire.
La mère de la victime, qui était présente lors d’une de ses réunions de révélations, avait même demandé la permission de prendre contact par téléphone avec le présumé pédophile. Au téléphone, elle lui aurait déclaré : « Arrête fer ou bann koméraz avec mo tifi. » Les limiers du Central CID, qui sont en présence des coordonnées pour cet échange téléphonique précis, devront procéder à des confirmations auprès des autorités de télécommunications compétentes.
Toutefois, l’enquête avec l’inculpation de Pascal Bodet et de Sudha Singh devra prendre une nouvelle tournure demain, lundi. Sudha Singh, qui devra boucler son interrogatoire, compte déposer une série d’enregistrements de conversations avec la victime faisant état de tout ce qu’elle aura subi entre les mains du pédophile présumé.
Il va sans dire que le Central CID devra convoquer la victime aussi bien que les autres parties concernées pour une confrontation, tout comme l’Acting Divisional Manager Servansingh, afin de comprendre son rôle dans cette affaire. Sudha Singh et Me Bhadain affirment ne pas comprendre la logique du Central CID, qui a démarré une enquête au pénal sur la base de deux courts extraits non authentifiés du rapport du Fact Finding Committee de la Presiding Magistrate de la Cour intermédiaire, Véronique Kwok.
De son côté, le syndicaliste Hemandhar Madhow, suspendu une première fois pour avoir fait une déclaration sur les ondes d’une radio privée le 20 novembre 2012, dans le sillage des allégations de pédophilie, et qui avait été réintégré le 20 avril dernier avec un avertissement sévère, a été de nouveau suspendu de ses fonctions au cours de la semaine écoulée. La direction du MITD lui reproche cette fois d’avoir fait, samedi, sur les ondes d’une radio privée, une déclaration remettant en question la crédibilité des recommandations du FFC.
Dans une déclaration à Week-End, le syndicaliste se dit confiant et souligne que sa défense est déjà prête. « J’ai été attaqué en tant que syndicaliste. À travers cette attaque, c’est mon droit en tant que syndicaliste qui a été violé, et notamment celui de la liberté d’expression, comme garanti dans la Constitution, ainsi qu’à travers les conventions ratifiées par le Bureau International du Travail dont Maurice est signataire », dit-il.
Il ajoute que cette deuxième suspension démontre a quel point il est « harcelé en tant que syndicaliste. » D’ailleurs, il s’attendait à un « sale coup » venant du MITD car « tous ceux qui osent dénoncer des abus sont dans la ligne de mire du ministre Bunwaree. » Il a, par mesure de précaution, dit-il, fait une déposition en début de semaine au poste de police de Rose-Hill pour « dénoncer le harcèlement dont il est victime. » Le syndicaliste brandit par ailleurs la menace d’une grève de la faim pour mettre un terme à cette politique de « vendetta » dont il se dit victime.
Par ailleurs, il est prévu que Vasant Bunwaree fasse une « déclaration importante » après avoir participé à une cérémonie officielle à 10 heures, aujourd’hui, dans sa circonscription de Mahebourg/Plaine-Magnien. « Avant la cérémonie de remise de prix, le ministre fera une importante déclaration sur le MITD », a envoyé par sms, hier soir, son attaché de presse, Jayen Teeroovengadum, à la rédaction de Week-End.

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