PIERRE DINAN: « Il faut relancer l’économie mauricienne »

Est-ce que la crise économique de 2008 est terminée? Ou est-ce que ce qui se passe en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne et dans la zone euro ainsi que l’affolement des places boursières cette semaine en sont des prolongements?
— Dans le monde la technologie, on parle souvent de version deux ou trois d’un fil ou d’un jeu video. Par analogie, je dirais que nous sommes en train de vivre la crise économique version deux. La crise de 2008, qui était à l’origine financière et qui s’était muée en crise économique entraînant des récessions à travers les pays développés, a été « résolue ». Elle l’a été par l’utilisation de fonds publics pour remettre les banques en état de solvabilité, pour maintenir l’activité économique et les emplois. Cette crise a été résorbée, nous sommes sortis de la récession, les grands pays ont retrouvé une croissance, mais une croissance faible.
>Si la crise de 2008 a été résorbée, que subissons-nous actuellement ?
— Les conséquences des solutions qu’on a essayé d’apporter à la crise  économique de 2008. Ces solutions ont eu comme résultat une relance économique lente, ce qui fait que les Etats qui ont emprunté se retrouvent avec une dette nationale anormalement élevée. C’est le cas de la Grèce, de l’Italie, de la Grande-Bretagne dont le taux de la dette avoisine ou dépasse les 100%. Pour rembourser, certains pays augmentent les impôts ou contractent d’autres emprunts en bons du trésor qui sont achetés par des banques, des institutions et des sociétés de placements. Ces bons sont achetés par des acheteurs qui imposent leurs prix, ce qui fait que le pouvoir est plus entre les mains de ceux qui contrôlent le marché que ceux qui dirigent les Etats. Cela a fait naître un manque de confiance dans un certain nombre de pays, ce qui est une des raisons de la situation économique actuelle.
>Sans compter la situation économique aux Etats-Unis…
— Effectivement, au même moment, les Etats-Unis se sont retrouvés face à une menace de cessation de paiement due à une querelle de politique interne. Il faut ajouter à cela le fait qu’une des principales agences de notation a réagi à cette querelle politique en dégradant les trois A des Etats-Unis puisque la politique économique du pays le plus puissant de la planète n’était pas claire.
>Qui sont donc ces agences dont une simple dégradation de note peut faire trempler l’économie mondiale ?
— Les agences de notation financière existent depuis le 19e siècle. Elle se sont multipliées au siècle suivant. Les trois principales qui agissent sur un plan international sont Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings et appartiennent à des intérêts privés. Ce sont des entreprises spécialisées dans l’analyse financière qui émettent, à la demande des clients, des notes sur la santé des entreprises. Elles établissent aussi des notes sur celle des Etats, de leur propre chef, mais à destination des investisseurs qui veulent avoir des renseignements économiques sur un pays avant d’y investir.
> Comment peut-on expliquer la dégradation des Etats-Unis, la première puissance économique mondiale?
— Peut être par le fait que les agences de notation ont été beaucoup critiquées en 2008, pour avoir donné à certains 2tats des notes au-dessus de leur situation économique réelle. Est-ce qu’elles ont essayé de se racheter avec la dernière note donnée aux Etats Unis?

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