PMSD—PRÊT DE RS 18 MDS DE L’INDE: XLD: « Un cas de “bon marché coûte cher” »

« Pravind Jugnauth a agi comme un amateur dans ce dossier. Il est clair que c’est un cas de “bon marché coûte cher”. » Tel est l’avis du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sur le prêt  de USD 500 M que le gouvernement mauricien a obtenu de l’Inde. C’était hier lors de sa conférence de presse hebdomadaire au bureau du PMSD. Autre interrogation du leader du PMSD : « Pourquoi une piste d’atterrissage de 3 km pour seulement 300 habitants à Agaléga, qui mesure 12 km de long ? » Autant de questions qui feront, dit-il, l’objet de PNQ à la reprise des travaux parlementaires en vue d’obtenir plus d’éclaircissements. Il a par ailleurs demandé au gouvernement de rendre publics le traité avec l’Inde mais aussi les autres accords existants avec d’autres pays. Xavier-Luc Duval a de plus abordé la question des Chagos suite au comité parlementaire de mercredi ainsi que le retrait de Donald Trump de l’Accord de Paris.
Le leader de l’opposition s’est fait le porte-parole des 300 habitants d’Agaléga, dont certains, dit-il, ont fait état de leurs inquiétudes suite à la conférence de presse du Premier ministre cette semaine, « une conférence de presse maladroite, qui a plutôt soulevé beaucoup de questions, ce qui n’est pas le but d’une conférence de presse ». Selon lui, c’est un Pravind Jugnauth « évasif et arrogant » qui a pris la parole durant cette conférence de presse. « Il est clair que nous rechercherons des précisions lors des prochaines sessions parlementaires. » Pour lui, l’annonce des développements infrastructurels à Agaléga a fait émerger des « détails troublants ». Il s’est ainsi montré perplexe au sujet de la longueur de la piste d’atterrissage telle qu’annoncée. « Ce sera une piste extrêmement longue, qui mesurera 3 km. La piste de Rodrigues mesure, elle, 1,3 km et celle de Pierrefonds, à La Réunion, 2,1 km. Celle de Maurice fait 3,2 km et celle annoncée à Agaléga, 3 km, pour seulement 300 habitants ! » Ce qui l’a amené à ces autres questions : « Qui maniera la piste ? Qui s’occupera des opérations de l’aéroport ? Pourquoi les 300 Agaléens ont-ils besoin d’une piste de 3 000 mètres ? ». Le leader de l’opposition a, dans la foulée, demandé que le traité avec l’Inde, dans ce contexte, soit rendu public ainsi que les autres accords avec d’autres pays. En effet, dit-il, « quand on signe un accord, ce n’est pas au nom du Premier ministre, mais au nom de tous les Mauriciens, qui sont en droit de savoir quel est l’accord qui a été signé en leur nom ». Et de poursuivre : « Nous insisterons pour que lumière soit faite sur cette visite du Premier ministre en Inde et sur les accords qui existent avec d’autres pays étrangers. »
Le leader de l’opposition a par ailleurs vivement déploré que l’OIDC n’ait pas été consulté sur ce dossier de développement à Agaléga. « L’OIDC n’est pas du tout au courant de ce qui se fait. » Quant au « pactole » que Maurice vient de recevoir de l’Inde, Xavier-Luc Duval dit : « Les ministres des Finances successifs ont refusé de prendre une ligne de crédit. Moi-même, j’ai refusé quand Navin Ramgoolam était Premier ministre. Vishnu Lutchmeenaraidoo a refusé en ma présence une ligne de crédit de l’Inde… ».
Pour démontrer que cette ligne de crédit est « illogique » et « à l’encontre de la politique gouvernementale », Xavier-Luc Duval devait citer Pravind Jugnauth qui, dans son discours budgétaire de 2016-2017, avait déclaré qu’étant donné les risques importants que représentaient les prêts en dollars, il a remboursé des dettes de Rs 4 Mds dans cette devise. « Il disait que non seulement on ne prendrait plus d’emprunt en dollars mais qu’on remboursait des emprunts en dollars. Pravind Jugnauth disait : “In view of recent exchange rate trends the increasing share of the USD loans poses significant risks. In this regard, the exposure of Government debt portfolio to USD will be reduced to 38% by prepaying some Rs 4,3 billion of USD denominated loans and converting some external loans”. »
Selon le leader de l’opposition, au fil des ans, le dollar américain a apprécié de 73% et par 2,8% par an. « Je crois que nous avons un gouvernement schizophrénique qui, d’un côté, paie Rs 4 Mds de prêts en dollars et, d’un autre, reprend un prêt de 500 M, toujours en dollars. » Pour Xavier-Luc Duval, le gouvernement ne pourra compenser l’augmentation annuelle du dollar vis-à-vis de la roupie car « comme tout le monde le sait, l’économie américaine est plus forte que l’économie mauricienne, et donc, nous aurons toujours ces “exchange rate trends” que Pravind Jugnauth disait ne pas vouloir ».
Autre problème rattaché à ce prêt, selon le leader du PMSD : l’excès de liquidité que cela entraînera. « Un excès de liquidité, c’est quand il y a trop d’argent qui circule dans le pays. Dans un tel cas, la BoM ramasse cet excès de liquidité et doit payer les intérêts, car c’est un prêt. » Et de rappeler qu’en 2016, la BoM a payé Rs 1,4 Md pour la “Cost of Conducting Monetary Policy”; Rs 700 M en 2015 et Rs 400 M en 2013. « Ce sont les contribuables qui payent cet argent et tous les ministres des finances savent que les excès de liquidité sont énormes pour les contribuables », souligne Xavier-Luc Duval, avant d’ajouter que si le prêt était en roupies, il y aurait moins de risques. « Pravind Jugnauth a agi comme un amateur dans ce contexte. C’est clair que c’est un cas de “bon marché coûte cher”. En plus, il paraît que c’est une “colorable device”. Il paraît qu’on est en train d’utiliser un “loophole” dans les règlements du FMI pour que cela passe pour un “loan”. Est-ce un “loan” déguisé ou un actionnariat ? » s’interroge-t-il.
Il enchaîne en demandant : « Est-ce la SBM qui prend un “loan” et qui sera actionnaire dans ces compagnies publiques ? Qui prend les risques ? La SBM ou le gouvernement mauricien ? Est-ce que nous ne sommes pas en train de mettre l’avenir de la SBM en jeu ? Il faut bien comprendre comment l’Exim Bank prêtera l’argent aux subsidiaires de la SBM et comment ces subsidiaires deviendront actionnaires du “partout, partout”. Et si elle fait faillite, quelle garantie y a-t-il pour les déposants ? ».
Abordant la question des Chagos, le leader de l’opposition a dit bien accueillir la transparence sur le sujet au niveau du comité parlementaire. Il a dit que le PMSD soutiendra pleinement l’action du gouvernement. « La seule chose que l’opposition a soulevée, c’est de savoir si nous ne devrions pas faire plus pour avoir une victoire écrasante. Nous demandons au gouvernement de faire le maximum pour passer à une majorité de deux tiers. »
Concernant le retrait de Donald Trump de l’Accord de Paris sur le changement climatique, Xavier-Luc Duval a attiré l’attention du gouvernement sur ce point, précisant que cette décision peut avoir des répercussions importantes sur les dotations budgétaires, en matière d’énergies renouvelables notamment. Il a d’autre part dit prendre note de la révision à la hausse de Maurice par le MI5 (services secrets britanniques) au sujet de la menace terroriste. « Il ne faut pas prendre à la légère les ressources humaines, qui semblent insuffisantes à la Counter Terrorism Unit. Les membres du GIPM doivent pouvoir intervenir en quelques minutes après une alerte. »
À l’heure des questions, Xavier-Luc Duval a dit sa « déception » de la ministre de l’Education, Lela Devi Dookhun, notamment pour « la manière dont elle traité » le dossier de l’UTM. « S’il y a un secteur qui mérite que l’on y investisse, c’est bien le tertiaire. Or, l’UoM est 51e en Afrique et l’Université des Mascareignes, 229e. Nous ne sommes pas à la hauteur, même au niveau régional. » S’agissant de l’exigence des cinq “credits” pour accéder au HSC, il dira : « C’est vrai que le pourcentage de réussite en HSC a baissé. On met en cause les trois “credits”, mais le pourcentage de réussite en SC a aussi baissé. Que va-t-on pointer du doigt ici ? ».

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