PNQ : Une ambiance comme à la foire des ambulants

Le leader de l’opposition s’est appesanti sur le fait que contrairement à ce qui est annoncé dans la correspondance adressée par le ministère des Administrations régionales à la municipalité de Port-Louis en date d’hier, notamment des projets commerciaux à l’ancien dépôt de la CWA de la rue Decaen, le gouvernement n’a élaboré aucun projet jusqu’ici. Il a réclamé des précisions du ministre au sujet des projets envisagés.
Pour sa part, le ministre Hervé Aimée a souligné que la municipalité de Port-Louis, le commissaire de police et le ministère ont une obligation suite au jugement de la Cour suprême interdisant à quelque 1 050 marchands ambulants d’opérer dans 14 rues de la capitale. L’opposition conteste la position du ministre sur le chiffre de 1 050 en affirmant qu’à aucun moment ce chiffre n’est mentionné dans le jugement contre des marchands ambulants.
Le dernier décompte réalisé par la municipalité de Port-Louis fait état de 1 738 Hawkers enregistrés selon des procédures établies. Le leader de l’opposition s’interroge sur le sort des 788 marchands ambulants enregistrés par la municipalité et écartés par la décision du ministère. Il a demandé au ministre Aimée de révéler le nom d’un marchand ambulant, dont le nom figure sur cette liste et qui ne le mériterait pas.
Au-delà de ce match Bérenger/Aimée sur fond de marchands ambulants, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, pourrait être une Collateral Political Victim de cette guerre des colporteurs. En effet, Paul Bérenger a pris à témoin une déclaration d’Anil Bachoo, en tant que président du comité ministériel sur ce dossier, plaidant son ignorance dans le gel des deux sites pour hawkers et dans le projet commercial envisagé. La réaction spontanée du Premier ministre, Navin Ramgoolam, est révélatrice à plus d’un titre.
Bérenger : Par rapport aux marchands ambulants à Port-Louis, le ministre des Administrations régionales peut-il révéler si le gouvernement a pris la décision de reprendre le contrôle des sites situés dans l’enceinte de l’ex-dépôt de la Central Water Authority (CWA) et de l’Immigration identifiés pour le relogement des marchands ambulants tout en indiquant lemontant dépensé jusqu’ici pour le réaménagement et si le budget de Rs 20 millions engagé par la municipalité de Port-Louis sera remboursé et de fournir des détails sur des projets de nature commerciale envisagés par le gouvernement sur ces mêmes sites et quelles sont les dispositions prises pour caser ces marchands ambulants ?
«The government is addressing the issue in a humane
manner»

Aimée : Je dois faire ressortir qu’en raison de l’incapacité de la municipalité de Port-Louis de résoudre le problème des marchands ambulants dans la capitale, le comité ministériel, institué par le gouvernement, s’est réuni le 7 novembre pour passer en revue la situation. Le comité a pris note également des difficultés rencontrées par les marchands ambulants et aussi bien par les commerçants concernés dans la conjoncture. Avec le jugement de la Cour suprême du 16 août 2012, nous avons une obligation à honorer suite à l’interdiction des marchands ambulants d’opérer dans 14 rues spécifiques dans la capitale.
La municipalité de Port-Louis a été informée par voie de correspondance en date du 12 novembre du gel du projet de relogement des marchands ambulants dans ces deux sites. Les travaux d’aménagement ont coûté Rs 22 383 423.29 avec la contribution du gouvernement à hauteur de Rs 2,6 millions. Les dépenses encourues par la municipalité de Port-Louis ne seront pas encourues vu qu’elle avait prévu une enveloppe de Rs 25 millions à cet item. Ces Rs 20 millions représentent la contribution de la municipalité de Port-Louis pour résoudre le problème. (Les premières réactions de la part des membres de l’opposition se font entendre.)
Des projets commerciaux sont envisagés, compte tenu de l’incapacité de la municipalité de Port-Louis pour allouer des places dans les deux sites. Il y a une obligation à respecter le jugement de la Cour suprême. The government is addressing the issue in a humane manner. Le projet prévu tiendra compte des développements annoncés avec l’introduction du métro léger et les marchands ambulants pourront opérer dans un environnement plus attrayant au lieu du « discomfort » du jour.  Le gouvernement fait de son mieux pour améliorer les conditions d’opération des marchands ambulants. (De nouvelles interruptions se font entendre au sein de l’hémicycle.) En fait, nous allons aménager des Prime Sites avec toutes les facilités nécessaires.
La fin de la réponse liminaire du ministre des Administrations régionales est accueillie par des applaudissements des bancs du gouvernement et des protestations des bancs de l’opposition.
Bérenger : Le ministre a fait allusion à la correspondance adressée à la municipalité de Port-Louis, faisant état d’une réunion en date du 7 novembre du comité ministériel sur les marchands ambulants, dont la présidence est assurée par le ministre Anil Bachoo, avec pour décision le gel de ces deux sites réservés aux marchands ambulants. Le ministre Bachoo a clairement déclaré que « he was not aware of this »…
Ramgoolam (se retournant sur sa droite pour confronter son N° 4) : Anil to pa to kone…
Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques affiche un air des plus embarrassés devant cette apostrophe du Premier ministre visible et audible de la galerie de la presse.
Aimée : En fait, le comité ministériel a pris cette décision mais la décision d’informer la municipalité de Port-Louis par voie épistolaire m’a incombé…
Bérenger : L’honorable Bachoo aura l’occasion de « set the record straight » à ce sujet. (Cette remarque du leader de l’opposition ajoute à l’embarras d’Anil Bachoo, qui échange des propos inaudibles de la galerie de la presse avec ses collègues du Front Bench et le Premier ministre continuant à suivre les échanges.)
Bérenger : Toujours en ce qui concerne ces projets de nature commerciale, puis-je savoir si ce projet a été entériné par le conseil des ministres suite à une décision du comité ministériel, dont le président Anil Bachoo ne semble nullement être au courant ?
Aimée : Après le jugement de 2008 interdisant aux marchands ambulants d’opérer dans 14 rues de la capitale, j’avais entrepris une première démarche en pilotant le dossier au conseil des ministres pour décider de la marche à suivre. Le conseil des ministres a donné le feu vert à l’institution d’un comité ministériel. Nous avions eu pas moins de huit réunions avec mes collègues ministres et le comité a pris la décision d’identifier des sites pour le relogement des marchands ambulants.
Bérenger : Le ministre a informé la Chambre que des dépenses de Rs 22 millions ont été effectuées pour des travaux avec la part du gouvernement se montant à Rs 2 millions. Compte tenu que la municipalité de Port-Louis avait été forcée sur ordre du comité Bachoo d’occuper et d’aménager ces deux sites depuis le 23 janvier dernier avec des dépenses de Rs 20 millions, je demande aux autorités de revoir la décision et de procéder au remboursement de cette somme ?
«I hope you’ve understood the question and you answer…»
Aimée : A la conclusion des délibérations du comité ministériel, j’avais écrit au conseil municipal en vue d’accélérer les démarches pour l’allocation des places aux marchands ambulants. J’ai également fait état du fait que les sites alloués sont temporaires.
A ce stade, la réponse du ministre des Administrations régionales au sujet de l’incapacité de la municipalité de Port-Louis est interrompue par des remarques venant des bancs de l’opposition et le PPS Patrick Assirvaden intervenant : « Laisse li reponn au moins ». Le député du MMM Adil Ameer Meea se met de la partie en lançant « sept banane inn pase ; kot to ti ete ? »
Assirvaden : Ale do ta bluffeur…
Meea : Demagozi…
La tension monte au sein de l’hémicycle et le Speaker doit intervenir de manière ferme pour tenter de permettre au ministre de poursuivre sa réponse. Mais en vain. De nouveaux brouhahas se font entendre.
Baloomoody : Li pe zig-zage…
Nouveau rappel à l’ordre de la présidence de la Chambre.
Aimée : Nous attendons le rapport des consultants sur le projet de métro léger…
Meea : Reponn kestion…
Aimée : Nous avons à respecter le jugement de la Cour suprême.
Bérenger : Il y a huit ans, ce gouvernement travailliste avait mis au rencart le projet de Hawkers Palace. Aujourd’hui, il vient de l’avant avec un supposé projet commercial sur ces sites. Huit ans se sont écoulés. J’ai suivi avec attention les réponses du ministre Aimée au sujet de ce projet commercial. Concédera-t-il que tout cela ne relève que du bluff, qu’il n’y a aucun projet de ce gendre ? Rien du tout ?
Aimée : Nous avons alloué ces deux sites. Mais neuf mois après il n’y a eu rien…
Opposition : Pe dimand ranseignma lor proze komersial.
A ce stade, une vivre altercation oppose le Whip de l’opposition, Rajesh Bhagwan, et le ministre du Travail et des Relations industrielles, Shakeel Mohamed.
Bhagwan : Sept an ki to finn fer…
Mohamed : Twa dans neuf mwa…
Le ton monte d’un cran entre ces deux parlementaires.
Bhagwan : Ki to pe koze. Mo ena to la monnaie sanze. To inn blie ki garçon madam-là inn fer twa galoupé…
Le Speaker doit intervenir de manière ferme vu le risque de dérapage et la teneur délicate des échanges.
Speaker : Je vous avertis Honorables Bhagwan et Mohamed. Si vous persistez, je serai poussé à prendre des sanctions. L’honorable ministre, si vous avez compris le sens de la question, vous pouvez reprendre votre réponse.
Aimée : Au sein du gouvernement, nous avons voulu tendre « a helping hand » à la municipalité de Port-Louis pour résoudre ce problème…
Bérenger : My question is on government project…
Opposition : To pe rakont zistwar…
Speaker : I have to repeat myself. En tant que ministre, vous pouvez choisir la formule de votre réponse. I hope you’ve understood the question and you answer…
Aimée : I understand the question. The sites have been released…
Bérenger : Il est clair qu’il n’y a aucun projet commercial élaboré. Peut-il nous révéler l’identité des promoteurs et le montant des investissements prévus pour la réalisation de ce projet ?
Aimée : Please repeat the question.
Bérenger : Quand le gouvernement a-t-il approuvé ce projet ?
Aimée : Le gouvernement a pris cette décision. Il n’y a pas de promoteurs. Government wanted to give a helping hand to the municipal council of Port Louis….
Bérenger : Shame ! Une véritable honte. Quel est le calendrier d’exécution de ce projet ?
Une nouvelle remarque du PPS Abdullah Hossen relance les invectives des deux côtés de l’hémicycle.
Speaker : Silence again. I am on my feet. There is a question which has been asked. Please have some patience to listen to the answer…
«I can’t see those on the first list…»
Aimée : La lettre pour reprendre le contrôle de ces deux sites est en date d’hier, le 12. Nous faisons de notre mieux et le plus rapidement possible…
Bérenger : Avec l’approche de la fin de l’année, il est un fait connu que des marchands ambulants saisonniers viendront se joindre aux marchands ambulants opérant déjà dans les rues. Ce sera un véritable chaos. C’est la raison pour laquelle la municipalité de Port-Louis a cru nécessaire de procéder à la distribution de badges à des marchands ambulants enregistrés. Maintenant, le gouvernement a annulé tout cela. Que se passera-t-il avec l’arrivée des marchands ambulants saisonniers ?
Aimée : Après le jugement de la Cour et avec la mise sur pied du comité ministériel, un survey avait dénombré 1 050 marchands ambulants. Aujourd’hui, la liste comporte 1 738…
Assirvaden : Petits copains ek agents…
Aimée : La nouvelle liste de la municipalité comporte le double maintenant. Pas 1 050 mais 1 738…
Cette remarque du ministre suscite de vives réactions des bancs de l’opposition…
Aimée : Le leader de l’opposition parle de l’approche de la fin de l’année. Il peut y avoir 5 000 avec les saisonniers. Mais la première liste comprend seulement 1 050 marchands ambulants. Mais quand on prend l’autre liste, I can’t see those on the first list…
Nouvelles protestations de la part de l’opposition alors que des parlementaires de la majorité jubilent.
Baloomoody : The Honourable Minister is misleading the House…
Bérenger : Nous sommes informés qu’il y a une liste de 1 050. Mais il y a un exercice effectué par la municipalité avec toutes les procédures suivies et le nombre est de 1 738 ; il y a eu des Expressions of Interest et demandes d’application. Je mets au défi le ministre de me citer un nom de petit copain sur cette liste de 1 739. Seulement un nom d’un marchand ambulant qui n’est pas qualifié ?
Les députés de l’opposition applaudissent cette interpellation supplémentaire de Paul Bérenger. Nouvel accrochage verbal entre Rajesh Bhagwan et Abdullah Hossen au sujet des connexions avec un certain Hyder Rahman.
«Donne enn sel nom, enn sel ?»
A ce stade, pour répondre au leader de l’opposition, le ministre des Administrations régionales cite des extraits du procès verbal de la première réunion du conseil municipal après les élections municipales de décembre de l’année dernière. Il était question d’une résolution du maire au sujet de la liste des marchands ambulants avec la liste des 1 050 mise au rencart et un nouvel exercice d’enregistrement engagé.
Les explications du ministre sont ponctuées par des interruptions et des brouhahas avec des parlementaires de l’opposition soutenant que cette résolution a été entérinée à l’unanimité par le conseil municipal et le député Baloomoody soulignant « inn swiv prosedir ».
Bérenger : Donne enn sel nom, enn sel ?
Assirvaden : Donne li 200 noms…
Un certain moment, le leader de l’opposition affirme que « the honourable minister is wasting the time of the House ». « Toutes les procédures ont été suivies pour élaborer cette liste de 1 738 noms », ajoute-t-il.
Bérenger : Maintenant avec la décision du gouvernement, que se passera-t-il avec les 688 noms sur la liste officielle de la municipalité. Qui les informera qu’ils ne sont pas qualifiés ?
Aimée : Je ne suis pas là pour décider de la qualification des marchands ambulants. Il y a un jugement à respecter…
Speaker : Answer the question…
Meea : Pena okenn la liste avek zizman…
Aimée : Il y a une obligation sur la municipalité, le commissaire de police par rapport aux 1 050 avec le jugement…
Speaker (interrompant le ministre) : Last question…
Bérenger : Il n’y a aucune liste avec le jugement de la Cour suprême. Maintenant le gouvernement prend la mesure du problème. Le ministre parle d’un projet commercial. En fait, il n’y a aucun projet. Je fais un appel au Premier ministre et au gouvernement en vue de destituer le ministre de la gestion du dossier des marchands ambulants vu le chaos qui se prépare pour la fin de l’année…
Speaker : Time is over…
Le ministre Aimée tente de répondre au leader de l’opposition mais se fait rappeler à l’ordre par le Speaker.
Aimée : Je peux répondre à la question…
Speaker : I have said time is over…
Pour conclure avec cette ambiance de foire et de brouhahas au sein de l’hémicycle, le Speaker doit de nouveau élever le ton pour rappeler aux parlementaires que « there is a motion of the Prime Minister. Let’s have some silence to listen to it »…

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