POLICE—FORMATION DES JEUNES RECRUES: Accent sur le service et la proximité

Grande première dans l’histoire de la formation de jeunes recrues de la force policière : 244 jeunes des trois écoles de formation (Beau-Bassin, Vacoas et Curepipe) ont bénéficié d’une série de sessions de travail dispensées par des travailleurs sociaux engagés dans la lutte contre la drogue. De plus, durant la semaine écoulée, soit du 21 au 25 septembre, des activités ont été organisées en vue de familiariser les jeunes recrues sur la dimension sociale de leur profession future. L’ASP S. Tauckoory et l’inspecteur G. Dawonauth, de la Police Training School, expliquent que « suivant la philosophie du commissaire de police Mario Nobin, nos nouvelles recrues seront désormais familiarisées à l’aspect social de notre métier ». Rencontre avec trois jeunes recrues et ces séniors de la police qui jettent les bases d’une nouvelle force policière où service de proximité et fermeté vont de pair…
Le Centre Idrice Goomany (CIG), le Groupe A de Cassis, PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida) ainsi que des membres de l’ADSU (Anti-Drug and Smuggling Unit) ont animé une série d’ateliers de travail avec les jeunes recrues des Police Training Schools (PTS) de Beau-Bassin, Vacoas et Curepipe à la mi-septembre. « Une grande première, car c’est la toute première fois que la force policière a fait appel aux travailleurs sociaux », reconnaissent, d’une même voix, Imran Dhannoo du CIG et Cadress Rungen du Groupe A de Cassis, qui ont animé certaines de ces sessions de travail. Ils soutiennent : « C’est une expérience formidable, d’autant que ce “move” du commissaire de police (CP) et sa hiérarchie nous redonnent confiance que ces institutions reconnaissent notre savoir-faire et nos compétences, et qu’ils comprennent que nous n’arriverons pas seuls à combattre le fléau grandissant qu’est la drogue?, surtout avec la nouvelle donne que sont les Drogues de Synthèse (NDS). »
Conférer à la force policière un cachet nouveau de service de proximité avec les Mauriciens? et bouger d’une image de “force repressive” uniquement vers un métier à vocation sociale, ce sont là les grands axes de la formation des nouvelles générations de policiers. L’inspecteur Govinduthsing Dawonauth relève : « Le CP Nobin est conscient que la force policière a pâti durant plusieurs années par la faute de nombreuses brebis galeuses, hélas ! Ceux-là mêmes qui ont conféré une mauvaise image au métier. Nous avons souhaité rectifier cela, parce qu’il y a au sein de la police des hommes et des femmes “committed”, fiers de porter l’uniforme, et qui veulent être au service du public – comme c’est inclus dans notre Strategic Framework. Nous bougeons donc d’une Police Force vers davantage un service de la police. Pour accomplir cela, il nous faut évidemment modifier la formation dispensée, mettre l’accent sur d’autres avenues, peut-être nouvelles, dans lesquelles la police doit s’engager. Tout en conservant, bien entendu, son “mission statement” de faire respecter les lois et protéger les citoyens. Évidemment, leur formation comprend tout un pan sur la manière d’être ferme et sévère face à ceux qui enfreignent les lois. Nous n’allons certainement pas cautionner des attitudes et comportements qui font du tort à autrui. » Un sentiment partagé par l’ASP Sardanand Tauckoory : « La philosophie du CP Mario Nobin est que la force policière soit à la fois une autorité qui fasse respecter les lois et, parallèlement, offre un service de proximité. Fermeté et proximité : ce sont désormais les mots-clés de la formation des prochaines générations de policiers. Ils doivent comprendre la dimension sociale de leur profession. »
Physique et mental
Ce que confirme, par exemple, Yusuf Boodhun, jeune recrue de la PTS de Beau-Bassin : « Avant que je ne décide de me joindre à la force policière, j’avais une perception différente de ce métier. Je pensais à tort, comme mes formateurs me l’ont fait comprendre par la suite, que ce travail misait essentiellement sur la force physique. Depuis que je suis ma formation (le foundation course) pour devenir policier, j’ai compris qu’il faut aussi et surtout utiliser sa tête. » Notre interlocuteur continue : « Pour être un bon policier, il faut connaître les lois. Toutefois, il ne s’agit pas seulement de les apprendre par coeur et les retenir… »
Autre jeune recrue, Keshavsingh Sewock abonde dans le même sens : « Il nous importe d’apprendre certes les lois, mais surtout de les comprendre afin de savoir quand, où et dans quelles circonstances les appliquer et les utiliser. On peut connaître les lois, mais si on ne sait pas quand et comment s’en servir, cela ne nous est pas d’une grande aide. On ne fera pas bien notre travail. » Pour sa part, Steeve Raymond, également jeune recrue et originaire de Rodrigues, explique que « notre profession implique de grandes responsabilités et il ne faut pas négliger cela ».
En ce sens, complète l’inspecteur G. Dawonauth : « Il faut que leur formation soit aussi complète que possible. D’où l’inclusion de modules comme des visites dans des orphelinats, le nettoyage des plages, des visites aux Correctional Youth Centre et Rehabilitation Youth Centres ainsi que des exercices de Community Policing. » L’ASP S. Tauckoory élabore : « Les trois groupes de jeunes recrues des PTS de Beau-Bassin, Vacoas et Curepipe ont été amenés, durant la semaine écoulée, à vivre des expériences réelles, auprès des séniors par exemple, ou des jeunes délinquants. Ils ont aussi participé à des “community policing” et des campagnes de nettoyage de places publiques. » L’inspecteur Dawonauth renchérit : « Outre d’offrir une nouvelle visibilité aux éléments de la police, ces exercices ont aussi pour but de faire évoluer ces jeunes policiers dans un contexte de proximité avec les citoyens. »
Human Rights
La jeune recrue Keshavsingh Sewock confirme : « Par exemple, nous avons passé du temps avec les pensionnaires du Sunnee Surtee Muslim Orphanage cette semaine. Au départ, les personnes qui vivent là-bas étaient assez réticentes à venir nous parler. Cependant, quand elles nous ont vus nous acquitter de diverses tâches, et qu’on leur a servi à manger nous-mêmes, cela a brisé la glace… Assez rapidement, on a noué le dialogue. L’expérience était très enrichissante. » L’inspecteur Dawonauth poursuit : « Par le biais de tels exercices, comme le nettoyage des lieux publics, les visites aux CYC et RYC, l’observation des comportements des étudiants, ou des automobilistes, entre autres, font partie de cette formation où les jeunes recrues sont amenées à être à l’écoute, observer, nouer le dialogue, offrir des renseignements, donc, baseline, aider le grand public. Ce qui répond aux attentes de cette nouvelle direction dans la formation qui leur est dispensée. »
L’ASP S. Tauckoory élabore dans cette direction : « Quand on sait qu’aujourd’hui le respect des droits humains est au centre de tous les débats et qu’il y a une vigilance accrue sur cet aspect de notre travail, une partie de la formation est axée en ce sens. Il nous faut conscientiser ces jeunes recrues sur la nécessité de comprendre et anticiper la psychologie de ceux et celles avec qui on aura affaire. »
Le mot de la fin à Yusuf Boodhun, Keshavsingh Sewock et Steeve Raymond : « Nous voulons, plus que tout, être de bons policiers afin que les Mauriciens soient fiers de nous. Nous sommes confiants de notre réussite dans le métier, car, dès ici, à la Training School, on nous offre une formation qui couvre tous les aspects de ce métier pas comme les autres. » L’inspecteur Dawonauth est sur la même longueur d’onde que ses poulains : « Cette nouvelle génération peut amener de grands changements dans la force policière. Un des aspects de la formation dispensée actuellement, c’est de les encourager à amener leur contribution à la formation de base qui leur est offerte. Il faut qu’ils réalisent qu’ils sont partie prenante de la réponse nationale en matière de faire respecter les lois et protéger les citoyens. »

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