POLITIQUE MONÉTAIRE : Le maintien du taux directeur à 4,65% ne fait pas l’unanimité

Le maintien du taux d’intérêt directeur à 4,65% n’a, encore une fois, pas fait l’unanimité au sein du comité de politique monétaire de la Banque de Maurice lors de la réunion trimestrielle d’hier. Une majorité de membres s’est prononcée en faveur du statu quo, ce qui semble avoir été bien accueilli par les opérateurs économiques.
La décision de maintenir le taux directeur à 4,65% n’a pas fait l’unanimité hier au sein du comité de politique monétaire (MPC) de la Banque de Maurice (BoM). Réagissant, Ahmed Parkar, président du Joint Economic Council (JEC) – l’instance suprême du secteur privé –, estime que le maintien du KRR n’est pas « une décision négative », même si les opérateurs économiques auraient souhaité une baisse. « C’est la continuité. Cela ne peut qu’aider à la stabilité. C’est une décision qui va dans la bonne direction, surtout si l’on considère que des paramètres économiques sont encore inconnus du fait d’une situation globale encore floue. J’espère que la décision du MPC contribuera à rétablir la confiance chez les opérateurs économiques à un moment où ils en ont tant besoin », a souligné Ahmed Parkar.
Le communiqué émis par la banque centrale à l’issue de cette réunion indique que la majorité des membres avait estimé qu’il fallait garder le taux inchangé afin d’apporter un soutien continu à l’économie du pays, surtout que l’inflation a été contenue et devrait, selon ces membres, demeurer sous les précisions faites par le personnel techniques de la BoM. Ces derniers anticipent un taux d’inflation en progression annuelle (year-on-year inflation) compris dans une fourchette de 4,5% à 4,9% d’ici fin décembre.  
Ceux qui ont été contre le maintien du taux directeur à 4,65% ont pour leur part argué que les risques d’une remontée de l’inflation sont toujours présents. En août 2013, la year-on-year inflation se chiffrait à 3,1%, ce qui correspond à une baisse sensible par rapport à son niveau de février 2013 (3,6%), lequel repli a été occasionné en grande partie par la réduction des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers. Cependant, prévient la BoM, les « wage developments in excess of inflation and productivity gains continue to remain the main upside risk to inflation in the medium term ». Et en assumant l’impact des augmentations salariales sur l’indice des prix à la consommation dans le cadre du Budget 2014 – tout en tenant compte d’un « non change » au niveau de la politique monétaire –, le personnel de la BoM a prévu que le taux d’inflation pourrait osciller dans une fourchette de 4,9% à 5,5% d’ici juin 2014.
Les membres du MPC, qui se sont montrés en faveur d’un relèvement du taux directeur, ont fait état de leurs grandes inquiétudes concernant les « growing vulnerabilities in the banking sector » dans le sillage d’un taux d’intérêt réel négatif et de l’impact de celui-ci sur l’épargne. L’excès de liquidités dans le marché monétaire, ainsi que la chute de l’investissement public à un moment où l’investissement privé a enregistré un repli conséquent, est également un argument mis en avant par ces membres. « They considered it important to rapidly normalise the Key Repo Rate to address these vulnerabilities and offer rates of interest susceptible of changing savings and consumption behaviour », ajoute le communiqué de la BoM.
Les autorités bancaires rapportent par ailleurs que le MPC a pris note d’une légère reprise de l’économie mondiale depuis sa dernière réunion en juin dernier. Il y a eu une petite amélioration au niveau de l’économie américaine, même si les perspectives ne sont pas très claires en raison de l’impasse budgétaire. Au Royaume-Uni, une faible relance a été notée alors que la zone euro et le Japon ont pour leur part retrouvé une croissance positive. Toutefois, constate le MPC, la situation dans les grandes économies émergentes, comme la Chine et l’Inde, n’est pas aussi brillante. D’autre part, l’inflation globale est restée à un niveau très faible, soit en dessous des prévisions dans les pays développés, mais en hausse dans des économies émergentes en raison de la dépréciation de leurs monnaies.   
S’agissant de l’économie mauricienne, le MPC a constaté que celle-ci continue de faire face à une situation contraignante du fait que les conditions économiques chez les principaux partenaires commerciaux ne sont pas encore au beau fixe. Tout en observant que Statistics Maurtius a revu à la baisse (de 3,3% à 3,2%) son estimation du taux de croissance pour cette année, le personnel de la BoM a, pour sa part, estimé que la croissance devrait se situer entre 3,1% et 3,5%, soit à un niveau inférieur à celui prévu il y a trois mois (entre 3,2% et 3,7%).

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