POLITIQUE : Vire, devire, quatre mois sont passés

Nous sommes à quatre mois des dernières élections où les électeurs avaient choisi de virer Navin Ramgoolam et son gouvernement. Tandis que l’Alliance Lepep a récemment présenté son budget, le peuple porte désormais un meilleur jugement sur SAJ et son équipe. En quatre mois, disent des citoyens, il y a eu du bon aussi bien que des fausses notes.
Le gouvernement de l’Alliance Lepep passera dans deux jours le cap des quatre mois. Déception ou satisfaction ? Promesses tenues ou oubliées ? Les appréhensions et les attentes sont présentes autant chez ceux qui avaient placé leur confiance en SAJ et son gouvernement que chez ceux qui les avaient boudés. Rakesh fait partie de la première catégorie. Il croyait fort au potentiel de cette équipe quand il a voté en faveur de ses candidats le 10 décembre 2014. Aujourd’hui, l’ex-enseignant à la retraite se dit “déçu.” Il dit regretter terriblement sa décision. Sa déception vient principalement de l’homme de longue carrière politique qu’est sir Anerood Jugnauth qu’il “croyait plus sage et respectueux que les autres. Je me suis trompé. Je ne comprends pas comment aujourd’hui encore, le Premier ministre ose parler de démocratie et de transparence quand il voit que son gouvernement pratiquer le contraire. Il martèle des mots qu’il ne pourra soutenir quand la situation qui règne depuis quelques mois à la MBC et les recrutements dans les corps para-étatiques seront évoqués”. Pour Rakesh, nous avons à la tête de notre pays “un homme qui bluffe.” Au fond, dit-il, “dans la manière de faire rien n’a changé avec le nouveau gouvernement.”
Opération nettoyage.
Il n’y a pas très longtemps nous parlions de feel good factor. Si les effets se maintiennent chez quelques membres de la population, c’est principalement à cause de l’opération de nettoyage à laquelle s’adonne le nouveau gouvernement. “C’est bien de déterrer les scandales et de voir de grosses têtes tomber. Cela apporte un sentiment de soulagement au sein la population qui en avait ras le bol des injustices et des histoires de petits copains”, avance Lionel, 25 ans.
Avec l’affaire de la Bramer Bank qui a éclaté au grand jour, certains qui partagent le point de vue de Lionel voient le pays évoluer sur la bonne voie. “Sinon li ti pou koule ek nou ensam”, dit Kavish, 27 ans. Mais pour d’autres, diriger ne se résume pas à s’attaquer aux scandales. “Surtout quand on a l’impression que le duo Ramgoolam/Soornack sera remplacé par Gayan/Sumputh”, souligne Rakesh, tout en ajoutant qu’il a beaucoup d’appréhensions pour le pays et pour les jeunes qui sont sur le marché du travail.
Espoirs.
Lionel en fait partie. Issu d’une famille modeste, il est diplômé en graphic design depuis deux ans. Toutefois, à ce jour, il dit n’avoir toujours pas décroché un emploi dans le domaine. Il regrette que le gouvernement s’intéresse aux étudiants mauriciens, dont certains réussissent déjà leur vie à l’étranger alors que ceux qui ont étudié à Maurice n’ont toujours pas un emploi susceptible de leur assurer un revenu décent. “Nous les jeunes, devons nous battre pour survivre. C’est difficile de faire une percée sur le marché du travail malgré la détention des certificats requis. Il y a tellement de diplômés. C’est la jungle !” C’est pour ces raisons qu’il estime que le cas des diplômés au chômage et celui des universitaires, qui perdure, devrait être l’une des priorités du gouvernement et non le retour de la diaspora.
L’enfer par les bonnes intentions.
L’emploi, voilà un secteur qui touche et intéresse l’ensemble de la population. Si la création d’emploi a été évoquée dans le budget 2015/2016, Rakesh se dit sceptique quant à la manière dont le gouvernement le gérera. Les projets visant les petites et moyennes entreprises (PME) pourraient effectivement être bénéfiques pour l’économie du pays mais selon lui, entre ce qui a été dit et ce qui sera fait, la route risque d’être longue. “Les bonnes intentions n’aboutiront à rien si elles restent au stade de déclarations d’intentions. Comme on dit, même le chemin qui mène à l’enfer est pavé de bonnes intentions.”
Du même avis, Kavish explique que les projets peuvent exister, mais de l’annonce à la concrétisation, il faut voir comment évoluent les choses. De son côté, il encourage le gouvernement à agir pour une refonte du secteur tertiaire.
Qui dit emploi dit salaire. L’introduction d’un salaire minimum, qui avait été annoncée dans le programme électoral de l’Alliance Lepep, est une des mesures les plus attendues. Car “c’est la clé pour diminuer le taux de chômage, pour éradiquer la pauvreté”, explique Kevin, 34 ans. Il ajoute : “Qui dit salaire minimum dit aussi boom économique. Étant au courant de cela, si le gouvernement choisit de ne rien faire, c’est qu’il veut avoir le contrôle sur les gens au bas de l’échelle. Attendons voir s’il respectera sa promesse !
Rome.
À l’exception de l’augmentation de la pension de vieillesse et de l’abolition du système de permis à points qui ont déjà été vus par le gouvernement, d’autres mesures telles que les six mètres cubes d’eau qui seront donnés gratuitement à chaque foyer, l’emploi pour les jeunes et la construction de logements sont autant de thèmes, voire promesses, sur lesquels l’attention de la population reste braquée. Bien entendu “Rome ne s’est pas faite en un jour”, mais dans l’immédiat, la population ne peut que compter sur un chapelet de bonnes intentions…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -