Pomponette : AKNL évoque « une affaire à la Sobrinho

  • – Miranda Meyer (CEO de Pelangi) parlait déjà du projet d’hôtel à Pomponette et de l’obtention du permis EIA sur sa page Facebook en 2013 alors que le bail était encore au nom de Midas Acropolis
  • – MMI Project de Miranda Meyer mis en liquidation en Afrique du Sud pour non-remboursement d’un emprunt auprès de la Standard Bank
  • – AKNL lance une campagne internationale contre Marriott International, qui doit gérer l’hôtel de Saint-Félix/Pomponette

C’est une affaire qui risque de faire grand bruit. Après une enquête minutieuse, les membres de la plateforme Aret Kokin Nou Laplaz (AKNL) ont en effet révélé de « possibles liens » entre Midas Acropolis, ancien détenteur du bail de Saint Félix/Pomponette, et Clear Ocean Hotel and Resort/Pelangi Resorts. Yan Hookoomsing rappelle qu’en 2015, lors de « l’opération nettoyage » de L’Alliance Lepep, fraîchement élue, le ministre des Terres d’alors, Showkutally Soodhun, avait annoncé que le gouvernement allait reprendre le terrain de Pomponette à Midas Acropolis, qui avait un projet d’hôtel à cet endroit. Il avait particulièrement insisté sur le lien entre ce promoteur et l’ancien ministre de l’Environnement travailliste, Deva Virahsawmy. « Une enquête de la CCID avait même été annoncée en grande pompe. Mais par la suite, on n’a plus rien entendu. »

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Yan Hokoomsing se demande ainsi ce qui a bien pu se passer entre-temps pour que le gouvernement ait ainsi « les mains liées et que le ministre Jhugroo ne puisse dire mot sur cette affaire ». Si les militants écologistes se posaient beaucoup de questions sur le transfert du permis EIA de Midas Acropolis à Clear Ocean Ltd (antenne de Pelangi Resorts à Maurice), AKNL dit « y voir un peu plus clair » depuis que ses membres sont tombés sur des messages de la CEO de Pelangi Resorts, Miranda Meyer, sur Facebook datant de 2013. Elle dit ainsi, en septembre 2013 (soit avant que le terrain ne soit repris à Midas Acropolis) : « I can announce that Pelangi Hotel and Resorts Mauritius have received our EIA. I have and amazing team and I cannot wait to return the favour in $$$$$$$$$… » En novembre de la même année, elle écrit : « Getting excited about going to Mauritius next week and officially kick off Pelangi… »

Pour Yan Hookoomsing, il est clair que « Miranda Meyer faisait déjà partie du projet avant 2015 », date à laquelle le gouvernement a décidé de résilier le bail de Midas Acropolis. « Quel a été le deal pour qu’elle récupère le projet ? »se demande AKNL, ajoutant que le « silence du Premier ministre et du ministre Jhugroo laisse planer des doutes ». Pour soutenir ses dires, Yan Hookoomsing brandit une photo montrant Miranda Meyer en compagnie de sir Anerood Jugnauth et Showkutally Soodhun postée sur sa page Facebook le 21 décembre 2015 avec, comme commentaire : « It was fantastic. »

Autre fait troublant, selon Yan Hokoomsing, c’est la mise en liquidation de Miranda Meyer Interiors (MMI) Projects Pty Ltd par la cour de Western Cape. Il a présenté une série de Government Gazettes d’Afrique du Sud mentionnant cette affaire. « En fait, une demande avait été logée en cour depuis 2012 par la Standard Bank of South Africa Ltd et qui a duré jusqu’en 2017 pour non-remboursement d’un prêt. La cour a tranché en faveur de la banque. » AKNL se demande ainsi « comment une personne qui n’avait pas d’argent pour rembourser la banque en Afrique du Sud peut venir construire un hôtel au coût de Rs 12,8 Mds à Maurice ? », ajoutant : « D’où sort cet argent ? » De même, dit-il encore : « Comment le gouvernement peut-il donner un bail à une compagnie qui a un “police case” ? »

Autre fait révélé par AKNL : les propriétaires de la Barclays Tower, Jade Properties Ltd et BH Property Investment Ltd, avaient logé l’année dernière une plainte contre Clear Ocean Hotels and Resorts Ltd à la Bankruptcy Division de la Cour suprême pour non-paiement de loyer. L’affaire a été par la suite réglée. Yan Hookoomsing avance qu’un « mystérieux businessman a réglé la note ».

Pour AKNL, ce sont autant de raisons pour lesquelles il ne faut pas aller de l’avant avec le projet d’hôtel à Pomponette. Il demande au gouvernement de réagir à la lumière de ces événements. Par ailleurs, AKNL lance une campagne auprès de Marriott International, qui doit gérer l’hôtel Sheraton Saint Felix. Le groupe parlait récemment dans sa newsletter de son expansion « rapide » en Afrique, y compris à Maurice. AKNL a préparé une lettre adressée au CEO de Marriott International, Arne Sorenson, pour lui demander de mettre un terme à sa collaboration avec Pelangi Resorts.

Les Mauriciens sont invités à copier cette lettre, disponible sur www.aknl.net, et à l’envoyer au CEO de Marriott à leur tour. « Nous donnons 15 jours à Marriott, soit jusqu’au 5 juin, date de la Journée mondiale de l’Environnement, pour réagir. Autrement, nous entamerons d’autres actions d’envergure, notamment des campagnes auprès des tour-opérateurs. »

Rocky Boodoo (Clear Ocean) :« Midas Acropolis était notre partenaire »

En l’absence de Miranda Meyer du pays, c’est le directeur de Clear Ocean Hotel and Resort Ltd, Rocky Boodhoo, qui a répondu aux allégations d’AKNL. Concernant les « liens » évoqués avec Midas Acropolis, il déclare : « Midas Acropolis était le partenaire de Clear Ocean. Ils étaient le promoteur de l’hôtel et nous, le “developer”. Après que le gouvernement a pris la décision de résilier le contrat de Midas Acropolis, en 2015, nous avons fait une demande pour reprendre le projet, en réduisant le nombre de chambres, car nous avions déjà investi beaucoup dans le projet. C’est pour cela aussi que nous avons continué avec le même permis EIA. »

En ce qu’il s’agit des ennuis de MMI Projects (Pty) Ltd avec la justice sud-africaine, Rocky Boodhoo explique : « Miranda Meyer avait fondé la compagnie avec Melinda et Peter Jacobs. Par la suite, elle s’est retirée et ce sont ces deux personnes qui ont pris la relève. Elle n’avait rien à voir avec cette affaire. Au contraire, c’est elle qui a demandé de fermer la compagnie. »

Pour ce qui est du non-paiement du loyer à la Barclays Tower, Rocky Boodhoo confirme qu’il y a bien eu un litige, mais qu’il a été réglé entre-temps. « Il y avait un litige car les conditions pour la location avaient changé quand le bâtiment a changé de propriétaire. Mais cela a été réglé et nous avons quitté les bureaux de la Barclays Tower. »

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