PORTRAIT : Jean-Denis Armand le guerrier

Alors qu’il vient de remporter la troisième étape du Tour de Maurice, Jean-Denis Armand sourit. Il a ses raisons : la veille, il a tenté un gros coup de bluff qui aurait pu aboutir. Mais un léger malaise l’a empêché de signer sa troisième victoire d’étape sur le Tour, après celles de 2007 et 2010. Rencontre avec un guerrier.
« J’aime bien partir en guerrier dès le départ. » Le ton est donné. On comprend mieux son état d’esprit. Il est passé par quelques galères dans la vie. Et surtout, chaque victoire est un moment à savourer. Car il aurait pu et aurait dû dire adieu au vélo  depuis longtemps. « Heureusement que j’ai des parents qui sont là, qui m’épaulent, qui comprennent que c’est une passion. »
Alors qu’il célèbre une victoire d’étape, JDA, comme on le surnomme, parle d’un job qu’il aurait dû commencer hier matin. « Si j’avais pointé, j’aurais arrêté le vélo. Mais heureusement que mes parents sont très compréhensifs. »
Or, dans le passé, il a déjà rangé le vélo aux placards des bons souvenirs. « En 2009, j’ai laissé tomber pendant un an. Puis je suis revenu. » Les raisons de cet abandon temporaire ? « J’étais gendarme à Versailles, et comme tous les Réunionnais qui sont à Paris, je n’aimais pas trop. Et ça ne me permettait pas de m’entraîner correctement. »
Et puis, on voit que le petit gars de 2007, qui avait planté tout son monde dans le final, a grandi. Ses actes sont plus réfléchis, plus posés, ses attaques plus précises. « En fait, tout ce que j’ai appris, c’est en regardant les autres le faire. Disons que je me laisse guider. »
À force d’observer et de comprendre la lecture des courses, il développe un instinct. Cette petite voix qui lui permet d’aller chercher des victoires dans les courses les plus piégeuses. « On peut dire ça comme ça. Oui, je suis plus rusé, mais aussi plus posé. Alors, je pense que les choses viennent d’elles-mêmes, surtout si j’écoute cette petite voix », soutient-il.
Mais son instinct ne serait rien sans son envie. Et pour ça, il carbure à celle d’un autre grand cycliste : Richard Baret, éternel jeune de 45 ans. « Quand je vois ce que Richard nous fait en course, alors, je me dis que oui, il y a de la place pour un gars comme moi. Il est formidable. »
Et puis, il y a aussi Jean-Denis l’exemple à suivre. Il est conscient d’être un exemple pour plein de jeunes. « Si j’arrête, ce ne sera pas le bon message à passer. » Or, qu’est-ce qui pourrait le forcer à tout ranger ? « Un boulot. C’est la seule chose. »
Au terme de sa course victorieuse, il a une pensée spéciale pour Caroline Le Blanc, sa « maman mauricienne. » « Ce sont des amis, des gens qui s’occupent de moi. Alors, oui, je me sens bien à Maurice. »
Et son palmarès dans tout ça ? Il a quasiment tout connu. Victoires d’étapes sur le Tour de Maurice et le Tour de La Réunion, champion de La Réunion sur route et VTT, son autre dada, champion des DOM, médaillé d’argent aux JIOI aux Seychelles. « C’est tout un palmarès qui se construit. Et ça fait plaisir de gagner ici. »
Petit point noir : le niveau du Tour. L’année dernière, avec trois formations sud-africaines, les choses étaient un peu plus compliquées. « Ça faisait mal. Cette année, il y a comme un manque. » Mais le guerrier qu’il est ne compte pas abandonner sans se battre, même si ses rêves de maillot jaune se sont éloignés dès la première étape…

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