PORTRAIT : Philippe Wattecamps, le nouveau DG de la Banque des Mascareignes

La Banque des Mascareignes a un nouveau directeur général depuis le mois d’octobre. Il s’agit de M. Philippe Wattecamps qui a fait carrière dans les différents établissements du groupe Banque Populaires et Caisse d’Epargne (BPCE), le deuxième réseau bancaire français. Voici son portrait.
Originaire de la Bretagne, plus précisément de la ville de Rennes, Philippe Wattecamps a fait ses études tertiaires à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse où, après une mention en Economie et Finances il obtient une Maîtrise en droit des affaires, en 1982. « C’était l’époque du plein emploi en France et j’ai envoyé mon CV dans plusieurs entreprises. C’est la BPCE qui m’a répondu en premier et c’est au sein de ce groupe que j’ai appris le métier de banquier et fait carrière ». En commençant par le conseil au client avant de faire le tour de l’ensemble des postes, ce qui lui permet de maîtriser les différents métiers de la banque. « Ce qui permet plus tard, quand on monte dans la hiérarchie, de savoir exactement ce que doivent faire les collaborateurs dans les différents services. » Ce tour des différents services passe aussi par une période de cinq ans au département de l’inspection qui permet à Philippe Wattecamps d’avoir une vision globale de la banque, avant d’être nommé directeur financier, puis directeur des agences. « L’avantage de la banque, c’est de pouvoir faire plusieurs métiers au sein de la même entreprise. Si on le veut, si on s’en donne les moyens, si on prend des risques aussi, ce qui n’est pas aussi évident dans d’autres secteurs d’activité. » Après avoir longtemps travaillé à Rennes, le banquier décide de changer d’air et de pays. Le groupe BPCE a une filiale BPCE International outremer spécialisée dans la banque de détail et possède un portefeuille de banques à l’étranger, plus précisément dans les pays francophones. La Tunisie fait partie de ce réseau avec la banque Tuniso-Koweitienne qui a besoin d’un directeur adjoint. Philippe Wattecamps accepte le poste et débarque à Tunis en 2011 au moment où le printemps arabe est en train de transformer radicalement certains pays du Maghreb. Le nouveau directeur adjoint doit rapidement prendre la direction de la banque. Comment un banquier habitué à travailler dans l’ambiance bon enfant des établissements français fonctionne dans un pays qui est en train de changer de régime politique ? « C’était une expérience intéressante, inattendue. Nous étions au coeur d’une véritable révolution avec des chars à tous les coins de rue, avec la population qui manifestait tous les jours. Nous avions un personnel avec des revendications syndicales très fortes, liées au contexte politique. Il fallait, en dépit de tout ça, faire fonctionner la banque en adaptant la connaissance du métier à ce contexte très particulier. » Après une année de direction d’une banque dans un pays en train de mettre fin à toute une page politique de son histoire Philippe Wattecamps rentre au pays. « Je serais resté plus longtemps en Tunisie  pour poursuivre cette expérience, mais je ne pouvais être nommé directeur de la banque, ce poste étant réservé à un Tunisien, je suis donc rentré en France. » Après sa période « révolutionnaire », Philippe Wattecamps retrouve une ambiance de travail plus calme. Il est nommé directeur général délégué de la BPCE international et outremer, affecté à la supervision d’un certain nombre de banques du BPCE en Afrique, ce qui le fait voyager assez régulièrement pendant deux ans et demi. En même temps, il a la responsabilité de piloter le plan stratégique de BPCE Internationale Outremer pour mettre en cohérence la stratégie internationale de ce groupe composé de douze banques internationales rachetées ou de nouvelles créations. « La stratégie avait pour objectif de développer notre banque de détail en Afrique subsaharienne pour créer un réseau plus conséquent. » 
« Après avoir vécu la dernière campagne électorale en Tunisie, je suis surpris par le calme qui existe à Maurice, à quelques semaines des élections générales. »
Et puis au mois d’août, de cette année, la direction de la BPCE lui propose le poste de directeur général de la Banque des Mascareignes, à l’île Maurice, un des établissements faisant partie de BPCE International. Passer de directeur général délégué du groupe à directeur général d’une des agences de BPCE International située au milieu de l’océan Indien est une vraie promotion ? « Ce n’est, en tout cas, pas une punition comme vous semblez, gentiment, le sous-entendre. Le poste de directeur général délégué n’est pas un poste supérieur à un poste de directeur général en région et le travail est tout à fait différent. Le travail de DG délégué est plus politique et stratégique. Je suis un homme de mission, de projets, de stratégies à trouver et à mettre en place. Je suis un homme de mission, il y en a une à accomplir à l’île Maurice et je l’ai accepté. A la Banque des Mascareignes, il y a un enjeu de développement fort et du fait de mon parcours et de mon expérience, on a trouvé que j’étais la personne la plus apte pour donner ce coup d’accélération. Un travail important a été conduit par mon prédécesseur, un travail de remise aux normes, de remise en sécurité de la banque, qui avait connu des périodes difficiles, qui était en perte. Tout a été verrouillé et aujourd’hui l’enjeu est le développement. La Banque des Mascareignes est jeune, nous avons besoin d’avoir un socle de clientèle plus large, de faire grandir la banque, de développer à la fois la clientèle, le corporate et le retail. » Ce développement passe par l’ouverture de nouvelles agences ? « Pas dans un premier temps. Nous avons douze agences et nous allons d’abord mieux servir nos clients. C’est le service clientèle, la rapidité du traitement des dossiers qui fait la différence, pas les produits. L’enjeu c’est de mieux servir nos clients, d’avoir des circuits plus rapides. On va changer notre système informatique et déménager le siège de Port-Louis à Ebène. » Dans un marché très concurrentiel comme celui du secteur bancaire mauricien, quels sont les avantages de la BM ? « Effectivement, nous sommes une des petites dernières et n’avons que 3% des parts de marchés alors que d’autres, implantées depuis des dizaines et des dizaines d’années, ont plus de 40% et il y a 21 banques ici. C’est un marché un peu compartimenté et nous travaillons sur l’ensemble des segments, avons un avantage sur la partie offshore du fait que nous sommes adossés à un grand groupe bancaire français. De ce fait, nous avons des facilités de ressources en devises que n’ont pas les banques mauriciennes. » Quel est l’intérêt de la BPCE de s’implanter à Maurice qui a un très petit marché bancaire ? « Le taux de pénétration bancaire est ici beaucoup plus élevé que dans certains grands pays africains. Maurice a une population de I.2 million d’habitants avec un taux de bancarisation de l’ordre de 80%, alors qu’en Tunisie il est de 40% et au Cameroun seulement de 7%. Par ailleurs, Maurice attire les capitaux étrangers et a un secteur commercial extrêmement développé. Le marché mauricien n’est pas intra, mais beaucoup plus large avec l’offshore, les relations avec l’Inde, l’ouverture vers l’Afrique, un intéressant taux d’investissement étranger. La BPCE est à Maurice parce ce que nous sommes convaincus que du fait que le marché soit fragmenté nous avons tous nos chances. Sur le marché du corporate, nous avons notre place près du top 100 ou du top 200. Sur le marché de la clientèle, particulière et internationale, nous avons des services à proposer et il y a de l’espace à prendre. » Est-ce que la BPCE pratique aussi la multiplication des services payants qui irrite de plus en plus les clients ? « En France, l’approche la plus développée est l’approche client, pas l’approche produit. Moi, ce qui m’importe, c’est que mes conseillers rencontrent des clients et travaillent en fonction de leurs demandes et besoins plus qu’en fonction de la vente de nos produits. C’est comme ça qu’on s’attache durablement un client et il faut éviter de tomber dans les promotions, style le mois de la carte, du crédit conso. Il faut faire des promotions et de la publicité, mais pas que. » Vous iriez jusqu’à pratiquer des prix cassés pour séduire et augmenter votre clientèle ? « Non. Je pense qu’il ne faut jamais être le plus cher ou le moins cher, également. Si on veut faire du low cost, il faut fermer les agences et travailler sur internet. Mais ce n’est pas le style de la BPCE — et je ne crois pas que le Mauricien serait intéressé par ce style de service. Nous privilégions le contact client-conseiller direct à la BPCE. Comme je vous le disais, je suis à Maurice pour accomplir une mission : faire de la Banque des Mascareignes une banque de référence pour nos clients, devenir le premier banquier pour nos clients, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Avoir un stock de clientèle suffisant pour assurer une certaine pérennité et une certaine stabilité et pour donner des assises solides à la banque. » En attendant de commencer la mise en place de sa stratégie, quelle est la première impression mauricienne du nouveau directeur général de la Banque des Mascareignes ? « Le calme et la pondération des Mauriciens. Après avoir vécu une campagne électorale en Tunisie, je suis surpris par le calme qui existe à Maurice, à quelques semaines des élections générales. »

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