Post-commission d’enquête – Rapport Rotin Bazar : 1re réunion de la Task Force

  • Des Special Units constituées au sein de l’ICAC, de la police et de la MRA pour complémenter les Findings de la commission Lam Shang Leen en vue des procès au pénal
  • L’ex-Deputy Speaker, Sanjeev Teeluckdharry, fait de la résistance au Bar Council pour ses commentaires sur le rapport Rotin Bazar

La première réunion de la Task Force sur le rapport Rotin Bazar de la commission d’enquête sur la drogue a été convoquée cet après-midi au QG de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), soit quatre semaines après l’annonce faite par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. En parallèle d’autres développements sont à prévoir dans le sillage de la publication du rapport Rotin Bazar, notamment au niveau du Bar Council avec l’ancien Deputy Speaker, Me Sanjeev Teeluckdharry, qui fait de la résistance en refusant de se rendre à une réunion de cette instance, où il a été convoqué pour des explications sur ses attaques contre l’ancien juge de la Cour suprême et président de la commission d’enquête sur la drogue. D’ailleurs, ce dernier, qui est rentré de l’étranger à la fin de la semaine dernière, devra reprendre contact avec l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) en vue d’entamer une enquête sur la Discrepancy de 16 kilos quant aux 135 kilos d’héroïne saisis dans le port le 9 mars de l’année dernière lors d’une opération conjointe de la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority (MRA).

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En début d’après-midi, le directeur général de l’ICAC, Navin Beekarry, devait présider la première réunion de la Task Force, instituée par le Premier ministre en vue d’assurer le suivi des Findings de la commission d’enquête sur la drogue. Dans un premier temps, l’hôtel du gouvernement avait fait état d’un mandat à cette Task Force en vue d’élaborer un plan d’action pour la mise à exécution du rapport Lam Shang Leen. Toutefois, compte tenu des impératifs constitutionnels, les attributions de la Task Force se résument à un travail de coordination entre les différentes institutions engagées dans la lutte contre le trafic de drogue, le blanchiment de fonds et autres crimes en col blanc.

Au QG de l’ICAC en ce début d’après-midi, les représentants de la Commission anti-corruption, le commissaire de police, Karl Mario Nobin, les directeurs de la Mauritius Revenue Authority, de la Financial Intelligence Unit, de l’Integrity Reporting Services Agency de même que le Deputy Solicitor General devaient se réunir pour une première prise de contact en vue de se répartir les enquêtes découlant des conclusions et recommandations du rapport Lam Shang Leen. « Cette première réunion permettra d’établir le Matrix des enquêtes post-Lam Shang Leen. Chacune de ces institutions sera appelée à initier des enquêtes au pénal selon les infractions relevant de leurs mandats et responsabilités respectifs. La Task Force aura pour rôle majeur d’assurer la coordination de ces enquêtes, la répartition des ressources et surtout les échanges d’informations sur les délits identifiés lors des délibérations de la commission d’enquête », fait-on comprendre dans les milieux concernés.

Néanmoins, que ce soit du côté de l’ICAC, de la police ou encore de la MRA, l’on n’hésite à faire comprendre que des Special Units ont déjà été constituées en vue d’éplucher le rapport de la commission d’enquête. Lors de la réunion de cet après-midi, les responsables de ces institutions procéderont à un exercice de « Comparing of Notes » avec une liste prioritaire d’enquêtes à être bouclées.

« Dans certains cas dénoncés dans le rapport Lam Shang Leen, il y a des enquêtes sur des cas de blanchiment de fonds, qui ont été bouclées depuis des mois déjà. La Task Force pourrait se pencher sur les derniers Stumbling Blocks to bring these cases to fruition », indique-t-on, alors qu’il va de soi que les dossiers des Senior Members at the Bar, notamment l’ancien Chairman de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et Legal Adviser de Pravind Jugnauth dans le scandale MedPoint, Me Raouf Gulbul, et Me Rex Stephen avec ses Rs 1,5 million de Veeren Peroumal « will remain under the province of ICAC ».
Pour le cas de l’ancien Deputy Speaker de l’Assemblée nationale, la Task Force devra décider qui de l’ICAC ou de la police tirera le premier. Entre-temps, le ton est monté entre Me Teeluckdharry et le Bar Council. L’homme de loi a refusé d’obtempérer à une convocation de comparaître devant l’Ordre des Avocats pour des explications au sujet du comportement et de ses commentaires post-rapport Lam Shang Leen.

Un autre aspect des recommandations du rapport Lam Shang Leen, qui reste encore dans le flou, concerne le démantèlement de l’ADSU et son remplacement par la National Drug Investigation Commission. « Une coalition arc-en-ciel, que ce soit au sein de la police, dans les rangs politiques et même parmi les hommes de loi, se met en place pour barrer la route à la mise à exécution de cette recommandation cruciale. Les commentaires du Premier ministre en faveur de l’ADSU ont eu l’effet d’un accélérant à cette campagne d’objections contre le rapport Lam Shang Leen. En tout cas, ce n’est pas la Task Force de l’ICAC, qui décidera de cette question », confient des sources concordantes.

Mais l’ancien juge de la Cour suprême détient encore une carte maîtresse au chapitre de l’ADSU; Paul Lam Shang Leen, qui est rentré de mission à la fin de la semaine dernière, s’apprête à entamer son enquête sur les 16 kilos d’héroïne manquants dans les 135 kilos du 9 mars 2017 dans le cadre de la Sun Trust Saga avec pour suspects Navind Kistnah et Geeanchand Dewdanee. Ce Discrepancy dans le poids des Exhibits avait été relevé dans le rapport officiel du Forensic Science Laboratory.

De son côté, la direction générale de l’ADSU avance que ces 16 kilos représentent les Wrappings. Cette thèse est « handled with caution » et les conclusions de cette nouvelle enquête Lam Shang Leen permettront d’avoir une autre Inside View sur les dessous des enquêtes de l’ADSU. La version des responsables de la Customs Anti-Narcotics Section au sujet des procédures de « safekeeping of exhibits » s’avère déterminante car les 135 kilos d’héroïne avaient été placés sous scellés en présence des officiels de la MRA.

Sanjeev Teeluckdharry résiste à la convocation du Bar Council

L’ex-Deputy Speaker de l’Assemblée nationale et député de circonscription n° 5 Sanjeev Teeluckdharry tente de résister à sa convocation devant le Bar Council. En effet, l’Ordre des avocats l’a interpellé après avoir pris note des déclarations faites en public, non seulement sur le président de la commission d’enquête sur la drogue, l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, et ses assesseurs Sam Lauthan et Ravind Domun, mais aussi sur d’autres membres de la profession légale. Il avait allégué que le président de la commission avait « favorisé » des personnes du Ptr en ne les convoquant pas à paraître devant la commission. Des remarques qui ont d’ailleurs attiré un lot de commentaires sur la toile et Facebook. Le principal concerné aurait, selon nos recoupements, écrit au Bar Council hier pour faire part de son incapacité à se présenter à cette convocation.

Selon lui, il y aurait une possibilité de conflit d’intérêts de la part de l’Attorney General, Maneesh Gobin, qui est aussi vice-Chairman du Bar Council, dans cette affaire qui est sujette à une plainte logée en Cour suprême et où Sanjeev Teeluckdharry demande à l’Etat de ne pas payer l’ex-juge Paul Lam Shang Leen. Sanjeev Teeluckdharry est d’avis qu’il ne peut comparaître devant le Bar Council étant donné que l’affaire est “sub judice”. Il aurait également fait part à cette instance qu’il fournirait ses explications par écrit quant aux raisons l’ayant poussé dans ses démarches auprès de l’ex-juge Lam Shang Leen.

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