POST-MPC: « Aucune raison de croire que notre économie dégringole »

Le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) Manou Bheenick a lors d’un point de presse hier affirmé : « L’économie mauricienne n’est pas en dégringolade. » Selon lui, de nombreux indicateurs prouvent que l’économie nationale est résiliente face à la crise mondiale et que le taux de croissance sera moins élevé que prévu (4,4 % au lieu de 4,6 %) aussitôt que la crise se sera estompée. La principale préoccupation de la BoM étant l’inflation, il y avait possibilité d’augmenter le taux directeur (Key Repo Rate) par au moins 50 points de base pour le porter à 6 % au vu de la tendance actuelle, a-t-il dit.
A ce point de presse suivant la réunion du comité de politique monétaire de la BoM — réunion tenue lundi et au cours de laquelle le taux directeur a été maintenu à 5,5 % à l’unanimité des membres — Manou Bheenick a d’abord brossé un tableau de la situation économique internationale, relevant que « la reprise n’est pas visible, qu’elle est très timide et qu’il y a même des craintes d’une double-dip recession ». Le gouverneur a indiqué qu’il y a trop d’indicateurs négatifs : niveau d’endettement élevé de plusieurs pays, hausse du chômage, baisse de la confiance chez les consommateurs et les hommes d’affaires, volatilité des marchés financiers. Manou Bheenick pense qu’il y a beaucoup de facteurs qui « nous incitent à nous préparer pour une longue période de faiblesse de l’économie mondiale et d’incertitude accrue ». Au départ, a-t-il poursuivi, les analystes avaient l’impression que la crise aux États-Unis et dans la zone euro n’allait pas toucher les grandes économies émergentes telles la Chine, l’Inde et le Brésil. Or, la croissance sera plus faible que prévue dans ces pays. « Le contexte global est très sombre et on a l’impression qu’on est très proche d’une dépression jamais connue auparavant », a soutenu Manou Bheenick.
Mais, au regard de l’évolution de l’économie mauricienne, le gouverneur de la BoM considère « qu’on ne doit pas céder à la panique ». Chiffres à l’appui, Manou Bheenick a déclaré que malgré la crise, il y a création nette d’emplois contrairement à ce qui se passe dans nombre de pays. « Le taux de chômage reste en dessous de 8 % alors qu’en Afrique du Sud, il est d’environ 25 % », a-t-il observé. Le gouverneur affirme également « qu’il n’y a pas de gros problèmes » concernant le niveau de la dette publique qui reste sous la barre de 60 % du Produit intérieur brut (PIB). De plus, a-t-il fait ressortir, un fort pourcentage de la dette est constitué d’emprunts contractés sur le marché local. « Nous avons réduit les dettes à court terme tout en prolongeant la maturité des dettes à long terme », a-t-il annoncé, en rappelant que les autorités veilleront à ce que la dette ne devienne pas un problème à l’avenir.
Commentant ensuite les données sur les échanges commerciaux, il a indiqué que la valeur des exportations a, au cours du premier semestre 2011, crû plus vite (+12,5 %) que celle des importations (+10,7 %), et que malgré le lourd déficit des comptes courants, il n’y a pas de raison de croire que la balance des paiements du pays « pe al ver enn crash ». Le pays est en mesure de financer tout déficit grâce à un bon niveau des réserves. Manou Bheenick a signalé que d’autres indicateurs dont ceux concernant les arrivées touristiques et les crédits au secteur privé sont positifs.
« Notre souci majeur demeure l’inflation », a-t-il souligné. « Les pressions inflationnistes sont toujours présentes. C’est pour cette raison que le comité de politique monétaire ne peut se permettre de baisser les bras. Il est impératif de maîtriser l’inflation », a rappelé le gouverneur. Selon ce dernier, le taux d’inflation pour 2011 comme mesuré par le Bureau central des statistiques (BCS) (moyenne du CPI pour cette année comparée à celle de 2010) s’élèverait à 6,6 % alors que le taux calculé par la BoM (taux à décembre 2011 comparé à celui de décembre 2010), se chiffrerait à 5,1 %. Ces taux sont estimés « on a no-policy-change basis ». Avec un taux d’inflation de 6,6 %, le taux d’intérêt réel est en territoire négatif. Ce qui est décrié par les autorités bancaires. « Les épargnants sont en train de subventionner les emprunteurs. Cette situation décourage l’épargne. On doit parvenir à un taux d’intérêt réel positif et c’est pour cette raison qu’on ne peut avoir une détente monétaire », a soutenu Manou Bheenick.
Par ailleurs, le gouverneur a mis l’accent sur les efforts à faire en vue d’améliorer la productivité et la compétitivité. Et à ceux qui souhaitaient une baisse du taux directeur, il a fait savoir que « la politique monétaire est un instrument qui ne peut être utilisé pour servir les intérêts d’un secteur particulier de l’économie ».

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