Proches et artistes ont rendu un dernier hommage à Fanfan

Le ségatier et conteur laisse un riche héritage à la culture mauricienne Louis Gabriel Joseph, dit Fanfan, est décédé samedi à l’âge de 88 ans. Le ségatier, réputé pour être un fin ravanier et conteur, aux histoires inédites puisées de son imagination, a eu droit à des hommages au son de la ravane. Une passion qu’il a su transmettre à ses enfants et petits-enfants. Ses funérailles ont eu lieu hier à l’église Notre Dame des Anges, à Mahébourg.

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Fanfan, connu pour ses titres 400 canons, Lil Moris ki zoli zoli, Ma bole ma et Bellina, entre autres, a tiré sa révérence samedi dernier. Il était l’un des derniers défenseurs du séga typique authentique de sa génération. Il avait côtoyé d’autres grands de son époque, tels que Ti Frer, Michel Legris ou encore Serge Lebrasse. Il avait aussi connu la génération des chanteurs engagés au sein du Grup Kiltirel Morisien aux côtés notamment de Siven Chinien, Odile Chevreau et Rama Poonoosamy.

Dimanche, le son de la ravane l’a accompagné de sa résidence, Cité Beau-Vallon, Mahébourg, à l’église Notre-Dame des Anges. Ses amis proches – Sarojinee Seevassen, Rama et Gina Poonoosamy et Gaëtan Abel notamment – étaient tous là. Mais aussi des artistes comme Menwar et Percy Yip Tong, venus avec leurs ravanes.

Rama Poonoosamy, qui a rendu hommage au disparu, n’a pas manqué de souligner ses qualités. « C’était un homme honnête et intègre, qui avait un franc-parler. Mais il voulait toujours le bien pour les autres, même si lui-même a rencontré beaucoup de difficultés dans sa vie. Donnons à Fanfan l’hommage qu’il mérite, par nos actions, dans la permanence. » Ce dernier a également rappelé la lutte de Fanfan en faveur des travailleurs, que ce soit dans le combat pour l’indépendance ou dans la mouvance progressiste, avec la création du MMM. « Fanfan était un militant culturel. Il a écrit de belles chansons patriotiques, dont une belle fusion, intitulée Kawal Kreol, qui vient des entrailles de l’île Maurice. »

Le père Georges Piat n’a pas manqué lui aussi de souligner que Fanfan « avait le souci du bien pour les autres », tout en rappelant qu’il a dû surmonter beaucoup d’épreuves dans sa vie. « C’est le signe de la persévérance. C’est ce qui manque aujourd’hui, où on a tendance à abandonner facilement. »

Fanfan laisse derrière lui deux filles, Magdala et Annabella, qui ont hérité de son talent pour la ravane. Un héritage qu’il a aussi transmis à beaucoup d’amis, particulièrement de la période militante. Rama Poonoosamy le qualifie de « meilleur ravanier des années 70’. » Fanfan c’est aussi le griot aux mille histoires qu’il inventait, sans oublier d’y ajouter une touche de moralité. 

Tout ceci était conservé dans sa mémoire. Comme pour ses chansons. Car Fanfan a quitté l’école très tôt. Il a perdu sa mère alors qu’il n’avait que 15 mois. Son père décède alors qu’il n’a que sept ans. Il est recueilli par sa grand-mère. Quand celle-ci meurt, deux ans plus tard, il se retrouve à la rue car, racontait-il, personne dans la famille ne voulait le recueillir.

C’est à la force des événements qu’il forge sa personnalité, caractérisé par un franc-parler. Il apprend à jouer de la ravane avec les aînés du village et anime des soirées de séga, tout en gagnant sa vie comme pêcheur. Plus tard, il décroche un emploi dans un établissement sucrier mais est renvoyé après avoir chanté à un meeting en faveur de l’indépendance. Sur l’intervention de sir Harold Walter, il sera par la suite recruté dans les administrations régionales.

Fanfan a chanté dans les grands événements nationaux. Il a représenté Maurice à l’étranger. Ses histoires ont été compilées dans un livre réalisé par Marcel Poinen et Sarojinee Seeneevassen, en 2003. Fanfan a également été décoré par la République pour sa contribution au domaine culturel.

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