PUBLICATION : Lancement de la biographie de Raouf Bundhun en français

C’est en présence du président de la République p.i., Paramasivum Pillay Vyapoory, de deux anciens présidents de la République, Cassam Uteem et Karl Offmann, ainsi que de Jean-Claude de l’Estrac qu’a eu lieu le lancement de Taqdir – A. Raouf Bundhun – une vie, un destin. Sous la signature de Breejan Burrun, cette version française du livre On the wings of destiny, de Bhishmadev Seebaluck, reprend largement l’oeuvre originale parue en 2010 aux Éditions de l’océan Indien.
Le lancement de la version française (sortie des presses de Caractère Ltée et disponible en librairie à Rs 350 l’exemplaire) a eu lieu le mardi 22 août, coïncidant avec la date à laquelle sir Seewoosagur Ramgoolam présentait en 1967 la motion réclamant l’accession de Maurice à l’indépendance. La motion est d’ailleurs reproduite intégralement en annexe du livre.
La présidence de l’événement a été assurée par Dr Zibya Issack qui a aidé à la relecture et à la correction du manuscrit. Outre Asmah Bundhun et autres nombreux invités de marque au Subramania Bharati Hall du MGI, l’événement a aussi été marqué par la présence de Mamade et Bibi Mittoo, de BM Publications (support et soutien logistique à la publication de l’ouvrage), de Naguib Lallmahomed (conception et éditorial), de Devina Ragavoodoo-Burrun (saisie sur ordinateur de la version française), de Nitin Joyram (mise en pages et illustrations/couverture) ainsi que du traducteur et son épouse.
Jean-Claude de l’Estrac a salué la fluidité du texte qui se lit « d’un trait, en deux heures ». Le “keynote address”, prononcé par le préfacier du livre, Cassam Uteem, s’est révélé un audit détaillé du parcours de Raouf Bundhun qui a épousé les contours de l’évolution sociale, politique et économique du pays, avec des hauts et des bas, « mais […] le pays a su en triompher », selon Jean-Claude de l’Estrac, grâce à sa seule « ressource humaine ».
Témoignage oculaire
Le biographe Bhismadev Seebaluck ainsi que le personnage qui fait l’objet de la biographie, Raouf Bundhun, ont tous deux été acteurs dans les événements qui ont jalonné la période précédant l’indépendance du pays. Le premier nommé a milité dans les coulisses en écrivant des articles pro-indépendance dans le Mauritius Times de B. Ramlallah et s’est engagé activement dans les préparatifs au Champ-de-Mars pour la cérémonie du drapeau du 12 mars 1968. Pour sa part, Raouf Bundhun militait activement et publiquement en faveur de l’indépendance sous la bannière du Parti de l’Indépendance. De ce fait, leur expérience de la lutte indépendantiste relève du témoignage oculaire. Le récit qu’ils font de cette période de notre histoire a la valeur de “source material” qui nous obligera à revenir sur certaines idées reçues, comme « Maurice a obtenu l’indépendance sur un plateau ».
Pour valoriser le témoignage oculaire, l’équipe technique de BM Publications a jugé utile de le rendre plus accessible aux lecteurs en donnant un nouvel emballage à la version traduite. En effet, dans l’ouvrage traduit, le récit est arrangé sous plusieurs rubriques, ce qui facilite la lecture. De plus, chacune des sections est introduite par une belle citation et illustrée de photos appropriées. Il y a aussi un album photo qui occupe une quinzaine de pages.
Années fondatrices
Sous la première rubrique « Sortir de la pauvreté », quatre chapitres évoquent l’enfance et l’adolescence de Raouf Bundhun vécues entre Amaury, Rivière-du-Rempart, Port-Louis et Rose-Hill. Ce sont les années de sa scolarité primaire et secondaire. Sa carrière professionnelle commence dans l’enseignement au collège St Andrew’s et se poursuivra dans la fonction publique au Bureau de l’Assistance publique. Le quatrième chapitre de cette partie révèle combien il se passionne pour les activités de la jeunesse au sein des clubs et des fédérations.
Son intérêt précoce pour la chose politique date de cette époque. Déjà, à l’âge de 11 ans, il suit l’actualité politique en écoutant les notables du village parler des élections générales de 1948. En 1953, lorsqu’ont lieu de nouvelles élections générales, Raouf Bundhun collectionne les brochures des différents partis politiques que son père apporte à la maison. C’est ainsi qu’il découvre que les trois candidats du Parti travailliste portent les numéros 1 (Aunauth Beejadhur), 5 (Seewoosagur Ramgoolam) et 8 (Harilal Vaghjee). Il dévore aussi les articles publiés dans le quotidien Advance, journal du Parti travailliste auquel son père est abonné. Plus tard, il militera au sein du Comité d’Action Musulman (CAM) de sir Abdool Razack Mohamed, puis du Parti travailliste dont les rênes sont tenus par Seewoosagur Ramgoolam depuis 1952 (à cette époque Raouf Bundhun, jeune adolescent, était au secondaire).
La deuxième partie « Premiers pas en politique » retrace son engagement personnel dans la politique active, son admiration pour le trio SSR, sir Abdool Razack Mohamed et Sookdeo Bissoondoyal, auquel il se joint pour réclamer l’indépendance du pays et sera candidat sous la bannière du Parti de l’Indépendance, regroupant le Parti travailliste, le Comité d’Action Musulman et l’Independent Forward Block. Mais cela ne se fait pas sans heurts et tensions communaux car le pays est profondément divisé entre indépendantistes (PTr, CAM et IFB) et associationnistes (le PMSD mené par Jules Koenig et Gaëtan Duval).
Indépendance politique et économique
La troisième rubrique « La voie vers l’indépendance » est en somme le dénouement de la lutte pour l’indépendance avec la victoire de l’alliance PTr/CAM/IFB (avec toutefois 44 % de l’électorat votant contre), suivie de la prestation de serment des élus, dont Raouf Bundhun qui, dans son “maiden speech” (reproduit intégralement en annexe dans le livre) suggère qu’on ramène le droit de vote à 18 ans. Mais cette victoire est gâchée par des conflits communaux, nécessitant l’intervention des soldats britanniques pour rétablir l’ordre. Toutefois, pro-et anti-indépendantistes se réconciliant au vivre ensemble, l’accession au statut de nation indépendante est inévitable le 12 mars 1968 lorsque le quadricolore mauricien remplace l’Union Jack au Champ-de-Mars.
Dans la quatrième partie « Repenser le développement économique », c’est l’économie qui prend le dessus sur la politique partisane. Adversaires d’hier se réconcilient à la faveur de la grande coalition de 1969, et, dans le nouveau gouvernement qui est constitué, Raouf Bundhun est nommé Secrétaire parlementaire au ministère de la Jeunesse et des Sports et, par la suite, ministre de l’Énergie jusqu’à sa défaite aux élections générales de 1976. Mais après une longue hibernation, il reviendra au-devant de la scène politique active en se joignant au MMM. Il raconte ce retour dans la cinquième partie « Un nouveau départ », où il est question de nouvelles fonctions auxquelles il accèdera – conseiller municipal et maire de Quatre-Bornes, et, sous un gouvernement MSM/MMM, ambassadeur à Paris et vice-président de la République, le sommet de sa carrière publique.
L’épilogue (les chapitres 19 et 20) révèle un octogénaire « still alive and kicking » avec des convictions fortes, qui se permet d’adresser un message à la jeunesse en ce 50e anniversaire de l’Indépendance et le 25e anniversaire de la République car la jeunesse « est porteuse d’espoir et on peut compter sur elle pour nous libérer des quatre “C” qui nous empoisonnent la vie : la caste, la couleur, le credo et la communauté. “Mett de koté kominoté !” était un vrai cri du coeur des patriotes d’hier. Il sera le cri de ralliement de nos citoyens de demain, et ce grâce aux jeunes ! »

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