PUBLICATION: Sylvestre Lebon, un parcours subjectif

Premier roman du poète mauricien Sylvestre Lebon, auteur de deux recueils de poèmes et d’un ouvrage sur l’oeuvre de Jean-Marie Le Clézio, Une destinée bohémienne (L’Harmattan, 2011) a été publiée en partie dans l’Atelier d’écriture n° 8 sous le titre L’Absence des noms. Sylvestre Lebon ne crée pas un style étonnant et a recours à de constantes répétitions et autre structures labyrinthiques pour créer une sorte de caisse de résonance dramatique. Son héros, Ernest, accomplit un retour au pays natal après quelques années d’études en Afrique du Sud. Il gravit très vite les échelons dans une société d’informatique, se met à la recherche d’une raison de vivre auprès d’Hélène, et finit par connaître un grand désordre psychologique. Lebon parsème les réflexions narcissiques et désespérées de son personnage de moments de rêve et de ferments de révolte : « Comme un automate ce matin-là, j’ai repris le volume de Rimbaud qu’elle m’avait offert. Je l’imaginais loin… Elle se la coulait douce peut-être avec son godelureau. Son meilleur plan à elle, c’est de ne pas avoir de but précis. Étais-je sa première ou sa dernière victime ? Même si cela paraît de la folie, j’ai concocté une stratégie pour la retrouver… » Ce livre met en avant la subjectivité d’un parcours et joue sans cesse sur le thème de l’errance qui vient combattre les angoisses existentielles. Ce récit romancé transcrit et actualise à la fois des mythes et des événements réels. On trouve beaucoup de références à certains événements historiques, aux moeurs locales, aux préjugés de race et de couleur. Dégagé des contraintes historiques et géographiques, le récit prend des allures de voyage d’initiation dans d’impossibles périples au coeur de la forêt de Chamarel, où des puissances quasi magiques permettent de surmonter les épreuves. Le livre, écrit dans un langage poétique, ne donne pas une image très forte du pays comme dans les innombrables sociaux. Il s’agit plutôt d’un roman de la désespérance, de la désillusion sur fond de société traditionnelle, et d’une vie urbaine qui ne mène pas au bonheur. C’est un récit qui concerne un jeune rebelle assoiffé de liberté, de vie de bohème, surtout après sa rencontre avec Antoine, personnage hors du commun habitant Beau-Bassin. L’auteur décrit (avec finesse et analyse) mais ne remet pas vraiment en cause les divers aspects de la société mauricienne qui conduisent à un univers de frustration. Le livre s’achève sur une note optimiste mais le lecteur ne se retrouve pas dans ce jeu de signes et de références rebattues. 
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Lancement
L’écrivain et journaliste Jean-Luc Coatalem lancera son dernier ouvrage Le Gouverneur d’Antipodia le jeudi 9 février à 18 h 00 à l’Institut français de Maurice (IFM). Il animera aussi des rencontres dans des établissements scolaires durant son séjour et s’entretiendra avec l’écrivain mauricien Carl de Souza au cours d’un Happy Hour le samedi 11 février à 18 h 00 à l’IFM.
Résumé du livre
Écrivain-journaliste, Jean-Luc Coatalem cherche dans les terres lointaines le sens de l’existence. Dans son dernier roman, Le Gouverneur d’Antipodia, il entraîne ses personnages dans une île déserte de l’océan Antarctique.
Une île australe, perdue. Aux antipodes de tout. Antipodia. Battue par les vents. Loin des zones de pêche. Dessus, entre deux coups de chien, un chef de poste qui se fait donner du ‘gouverneur ‘, un mécano qui cache son jeu, quelques chèvres. Si le premier tourne en rond, remâchant sa disgrâce sur le petit périmètre de l’île, le second cavale comme un lièvre, heureux, ravi. Son secret ? Une plante mystérieuse : le reva-reva. Celui qui l’absorbe fait entrer aussitôt ses rêves dans la réalité. Mais l’hiver et la glace arrivent. Un naufragé aussi, sur un bout de bois, poussé par des vagues. Lui, un Mauricien, s’appelle Moïse. Il se croit sauvé des eaux froides. Il pose son pied nu sur la grève désolée. C’est alors que tout commence. Que tout éclate. Et qu’Antipodia résonne tout entière. Coatalem signe son plus beau roman dans le récit tendu d’une étonnante robinsonnade de notre époque, à mi-chemin entre Jules Verne et Stephen King.
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Poésie
Pour commorer l’abolition de l’esclavage Mike Alan Andee, médecin et anthropologue, nous envoie de Nice le poème suivant.
Rêve et réalité
Amère Amérique d’épaisses et blanches brumes venant des mers
Déferlent sur ton corps vierge, Monde nouveau, Enfer pour rouge et noir
Des croix immondes brulent dans les ténèbres au dessus des Klan protestants
Des corps lynchés noirs et rouges en grappes suspendues à un ciel sans brume
 
Que reste t-il de nos rêves, d’atroces réalités hantent encore nos nuits
Entre flèches et  balles,  chairs et chiens, des corps virginaux violés,
Sur une terre Conquise et volée au sud comme au nord l’indien
Refusa d’entendre dans un livre les paroles envolées d’un dieu aimant
 
Aucune colombe ne s’échappa de Colomb traversant les mers
Des corbeaux couleur de mort menés en bateau jusqu’au seuil de l’épouvante,
Des épouvantails anthropophages experts en métrage livrèrent au
Nouveau monde des corps machines qui sillonnèrent la terre des maîtres
 
De Luther placardant des affiches subversives sur les façades d’une église
En protestant, des  machines reprenant corps s’approprièrent du god-spel,
Lutter devint inéluctable pour survivre pour beaucoup pour Martin Luther,
King il fut sacré roi et porta avec envolée sa couronne jusqu’à Memphis
 
Oubliant Lafayette crut sans faille que la bible était le seul horizon,
Pour changer la réalité il rêva d’un monde nouveau où les fils
D’anciens esclaves et les fils d’anciens propriétaires d’esclaves
S’assiéraient un jour ensemble à la même table pour des agapes fraternelles
 
Reprenant Paine que les hommes naissent vivent et meurent égaux
En droit il se mit à rêver qu’un jour son pays se relèverait pour vivre ce credo,
Que ses  enfants vivraient un jour dans une nation où ils ne seraient pas jugés
Par la couleur de leurs peaux mais sur la valeur de leurs caractères
 
Au sein des gorges de la rivière Noire des veines se profilent s’écoulant vers la mer
Point de gorges enlacées dans ce lieu de révolte alambiquée où le ti-lambic coule à flot
Sur un sein loin des trois mamelles,  sur le morne Brabant face à la terre mère
Des noirs de jadis exécutent des seppukus au contact de la lame affûtée des flots
 
Des veines vidant leur contenu rouge noir dans un océan voguant d’une rive à l’autre
Pas de King ici mais un prince de la grande ile, Ratsitatane, dont le nom gronde
Brabant terre d’arbitre entre présent et passé, ou rêve et réalité s’entremêlent
Noire douleur noyée dans le rhum blanc,  pourrions-nous jamais la diluer
 
Las Casa et Camara se succèdent, les couleurs convergent vers une triade métisse
Asservissement et libération, deux théologies divergent pour un même dieu
Peaux rouges et noires d’un continent se mélangent sel et souffre
Fer et feu à celles noires mais rouges des flots des îles océaniques
 
Janus ton regard nous dirige vers les éthers et vers les abîmes
Vers l’abattement destructeur et vers l’espérance créatrice
Et si le rêve est le dédoublement du présent,  passé déjà d’une réalité à venir
Je rêve… mais la brume claire du matin me tire de mon rêve

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Rendez-vous du livre
Le jeudi 16 février à 18 h 00, à l’Audi Zentrum (Réduit), la première d’une rencontre trimestrielle, Lectures croisées , autour de trois ou quatre livres.
Le livre politique : Quels regards sur le théâtre de la politique et ses acteurs ?
Jean-Claude de L’Estrac : Passions politiques : Maurice 1968-1982.
Jayen Cuttaree : Behind the Purple Curtain : A Political Autobiography.
Lindsay Rivière (préfacier) : Guy Rozemont : Le défenseur des plus démunis.
Une seule condition : chaque auteur doit lire les livres des autres ! Des questions seront posées à chacun des auteurs. On leur adressera ensuite des questions « transversales » avant de les inviter à poser une ou deux questions aux deux autres.
Entrée gratuite, mais sur réservation selon le nombre de places disponibles. Tél : 727-0626.

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