Ramgoolam s’insurge contre les Rs 15 millions à Raj Dayal

Le leader du Ptr, Navin Ramgoolam, s’est insurgé hier contre le paiement d’une compensation de Rs 15 millions à l’ancien ministre Raj Dayal. Il estime que cette affaire a été portée devant le Mediation Tribunal contre l’avis du Sollicitor General par le ministre de Justice, Maneesh Gobin. Il a attribué cette démarche, qui a débouché sur le paiement de la compensation des fonds publics, à la crainte gouvernementale quant à une éventuelle démission du député Raj Dayal, et l’organisation d’une élection partielle dans la circonscription n° 9.

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Le leader du Parti travailliste a longuement élaboré sur les circonstances dans lesquelles il avait institué une commission d’enquête contre Raj Dayal malgré le fait qu’il avait à affronter une élection partielle dans la circonscription n° 9. Il dit se souvenir de l’insistance avec laquelle Raj Dayal voulait envoyer deux cadres de la police en formation en Grande Bretagne parce qu’ils étaient spécialistes des “rockets” et entre autres « extravagances », dont la publication d’un livre sur la loi qui aurait été vendu au marché central par des éléments de la SMF, ainsi que la brutalité des riots.

Navin Ramgoolam a expliqué avoir à l’époque maintenu sa décision d’instituer une commission d’enquête malgré toutes les protestations. « J’avais affirmé qu’en tant que Premier ministre mon devoir était de considérer les intérêts du pays et non pas les intérêts politiques », a-t-il dit. La Commission d’enquête avait été nommée par Cassam Uteem, alors président de la République, et était présidée par Bernard Sik Yuen, alors Senior Puisne Judge. Raj Dayal avait été suspendu en novembre 1997 et le rapport du juge Sik Yuen avait été « damning » à son encontre. Après la publication du rapport, un tribunal a été institué sous la présidence du juge Rajsoomer Lallah et sa conclusion a été tout aussi « damning ».

« C’était la première fois qu’un commissaire de police avait été destitué », a indiqué Navin Ramgoolam. Par la suite, Raj Dayal a logé trois plaintes contre le gouvernement. Navin Ramgoolam soutient que Raj Dayal avait essayé de négocier à l’époque. Le Commissaire de police était contre et par la suite Navin Ramgoolam a perdu les élections générales en 2000.

« Malgré le fait que c’est la première fois à travers la Constitution de Maurice qu’une personne a été trouvée coupable par une Commission d’enquête présidée par un ancien juge et par un tribunal présidé par un ancien chef juge, Jugnauth n’a pas hésité à le présenter comme candidat. Apre papa piti koz moralite », a estimé Navin Ramgoolam. Et d’ajouter que « non seulement il (Raj Dayal) a été destitué aux termes de la Constitution, mais il est impliqué dans un autre cas allégué de corruption ».

Le leader du Ptr met en exergue par ailleurs : « L’avis du Parquet avait-il été sollicité avant d’aller devant le Mediation Tribunal de la Cour suprême? » a-t-il demandé. Et de répondre par la négative, précisant que le Parquet avait estimé que cette démarche est « frivolous » et « time barred ». Il s’interroge dans ce contexte : « Pourquoi l’État par le biais de l’Attorney General a accepté de prendre l’argent des contribuables pour payer Rs 15 millions à Dayal malgré l’opposition du Parquet? Il rappelle que pour une médiation, il faut que les deux parties soient d’accord. Or le Parquet n’a pas donné son accord ».
Poursuivant son questionnement, Navin Ramgoolam s’est demandé comment le gouvernement a-t-il pu accepter de payer une compensation à un membre du MSM. Pour lui, si le gouvernement a permis que cette affaire soit portée devant le Mediation Tribunal c’est parce qu’il avait peur que Dayal soumette sa démission en tant que député. Ce qui aurait nécessité une élection partielle, dit-il, ajoutant dans la foulée: « Si zot for ki fer pa donn eleksion parsiel? »

Ce montant doit avoir été approuvé par le Cabinet, laisse entendre Navin Ramgoolam. « Le Premier ministre doit expliquer ce qui s’est passé », estime le leader du Ptr, qui a lancé une mise en garde à Pravind Jugnauth « qu’il poursuit l’Etat pour Rs 100 M ». « J’espère que la même chose qui s’est produite pour Sun Trust lorsque le MSM avait obtenu un dédommagement de Rs 44 M ne se produise à nouveau », a-t-il affirmé.

Qui plus est, Navin Ramgoolam a lui aussi condamné la hausse des prix du carburant en rappelant qu’alors qu’en mars 2013 le baril était vendu à 112 dollars le baril le prix de l’essence était de Rs 62,28. Et maintenant que le prix du baril est de 72 dollars le baril, le litre de l’essence est de Rs 52. Il a déploré que le carburant a été doublement taxé, tout en accusant la Banque de Maurice de laisser la roupie se déprécier par rapport au dollar.
Navin Ramgoolam s’est longuement appesanti sur les concessions fiscales accordées au grand capital. Selon lui, ces concessions ont atteint un montant de Rs 10 milliards. Il accuse les gros planteurs de l’industrie sucrière ayant plus de 30 arpents de terre d’avoir réclamé une baisse des impôts de 15% à 3% alors que la classe moyenne doit continuer à payer sa taxe à un taux de 15%. Selon lui, ces gros planteurs, sachant que le changement arrive, bloquent des terrains dans des « special purpose vehicles ». Le leader rouge a ainsi accusé le gouvernement de défendre un petit groupe de personnes au lieu de défendre les intérêts de la majorité. Il a renouvelé sa volonté de pratiquer une politique de rupture s’il devait retourner au pouvoir.

Le leader du Parti travailliste a finalement condamné avec force les attaques israéliennes contre les Palestiniens, qui protestaient contre l’ouverture de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, qui ont fait plusieurs dizaines de victimes et plus de 2300 blessés.

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