Rapport Rotin Bazar : semaine cruciale et critique pour Me Devir Lanket

  • L’ex-Chief Clerk, Reaz Gulbul, donne des indications sur le réseau opéré par Me Raouf Gulbul, au sein de l’ADSU
  • Ce témoin confirme un des trois versements d’un montant de Rs 750 000 des proches de Veeren Peroumal pour inciter Parveeza Jeeva à ne pas impliquer le trafiquant de drogue
  • La convocation de ce Senior Member-at-the-Bar et ancien candidat battu du MSM au N° 3 pour interrogatoire Under Warning au Central CID au plus tôt vers la fin de ce mois
  • La posture de la commissaire de l’ICAC, Shakila Jhungeer, ex-Pupil de Me Raouf Gulbul, objet de commentaires dans les milieux du judiciaire

La succession, que ce soit au Central CID ou à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) de protagonistes à titre de témoins dans les étapes de l’opération Devir Lanket, fait que la semaine prochaine s’annonce des plus cruciale et critique pour Me Raouf Gulbul. Le Star Witness, Reaz Gulbul, ex-Chief Clerk des Gulbul Chambers, a de nouveau rendez-vous avec le Central CID aujourd’hui pour compléter ses dépositions contre son ancien patron. Mais déjà, les premières indications sont que les détails fournis sont considérés comme étant Damning en attendant de verser dans le dossier à charge la version des autres parties concernées par ces affaires. Ainsi, le conseil légal du Premier ministre, Pravind Jugnauth, devrait s’attendre à une convocation pour interrogatoire Under Warning aux Casernes centrales au plus tôt vers la fin de ce mois. Cet exercice pourrait s’avérer être à hauts risques pour le principal concerné compte tenu des allégations formulées à son encontre. En sus de la déposition de son ancien Chief Clerk, le candidat battu du MSM aux dernières élections générales du 10 décembre 2014 doit affronter l’épisode du Big Black Bag de Saint-Pierre, l’audition se déroulant en simultané, hier, de Mes Ashley Hurhangee et Samad Goolamally, au Central CID. Par ailleurs, la commissaire de l’ICAC, Shakila Jhungeer, se trouve encore dans la tourmente avec les appréhensions au sujet de ses connexions avec Raouf Gulbul exprimées par Reaz Gulbul lors de sa déposition à l’ICAC portant sur le volet de blanchiment de fonds.

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Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes dans le sillage de la déposition de Reaz Gulbul, les limiers du Central CID devront se pencher sur le réseau, dont aurait pu bénéficier Me Raouf Gulbul au sein de l’ADSU pour parvenir à inciter des témoins à modifier leurs aveux pour épargner de « gros trafiquants de drogue ». Dans ces cas, le nom de Veeren Peroumal remonte à la surface avec les dénonciations de Parveeza Jeeva, qui avait été appréhendée par l’ADSU lors d’une opération de Controlled Delivery. Ce témoin a fait état de trois versements de fonds émanant de Veeren Peroumal à l’étude de Me Gulbul pour amener cette suspecte à ne pas impliquer ce trafiquant de la drogue.

« À ma connaissance, la mère et la sœur de Veeren Peroumal sont venues à l’étude de Me Gulbul en trois occasions pour retenir les services d’un homme de loi pour assurer la défense de Parveeza Jeeva. À la troisième occasion, Me Raouf Gulbul n’était pas au bureau. La mère et la sœur de Veeren Peroumal m’avaient remis en personne une somme de Rs 750 000 pour mon patron », déclare Reaz Gulbul.

« Par la suite, Me Gulbul m’avait donné des instructions pour que je me rende au QG de l’ADSU en vue de rencontrer la dénommée Parveeza Jeeva. Je m’y suis rendu en vue de rencontrer un officier de l’ADSU, dont il m’avait donné le nom. À l’ADSU, j’ai rencontré ce membre de l’ADSU, qui m’a accompagné dans une salle au premier étage où se trouvait Parveeza Jeeva. Je lui ai fait comprendre que mo tonton inn avoy mwa pou dir ou pa trakase, li pou fer le neseser pou ou. Me na pa inkriminn Veeren dan sa zafer la drog-la ek pa donn okenn lanket », a déclaré en substance ce témoin au Central CID. Il a fait état d’autres détails de cette sinistre affaire de Devir Lanket, portée précédemment à l’attention de la commission d’enquête Lam Shang Leen.

Dans un autre volet, la Task Force au CCID a procédé à l’audition des avocats Ashley Hurhanghee et Samad Goolamally portant sur la campagne électorale de décembre 2014 où ils ont travaillé pour le candidat Lepep au N° 3 Raouf Gulbul. Pendant plus de deux heures, ils ont donné des détails sur l’entourage qui a œuvré pour faire élire l’ex-Chairman de la Gambling Regulatory Authority (GRA) lors du scrutin.

En tant que Campaign Manager de Raouf Gulbul lors du scrutin de décembre 2014, Samad Goolamally a confirmé s’être rendu à une réunion à St-Pierre le 24 novembre 2014 où le candidat battu avait prétendu qu’il devait rencontrer le maulana Haroon Assen. Selon lui, c’est Raouf Gulbul qui lui avait demandé de l’accompagner. Son confrère Ashley Hurhanghee, et son chauffeur Salim Mohamed étaient également présents. Il a répété les détails du déroulement de ce rendez-vous électoral particulier, notamment le Big Black Bag, supposément contenant des tracts pour les besoins de la campagne électorale. Mais le soupçon est que ce sac contenait des coupures bancaires en vue de financer la campagne électorale.

À la fin des auditions séparées, Me Hurhanghee a dit laisser à la police le soin de prendre les actions qui s’imposent. « La polis bizin fer so lanket. Nou atann nou gete, pa bizin tro prese », dit-il. De son côté,  l’avocat Samad Goolamally avance « mo rakont impe seki pase dan komisyon. Les Task Force fer zot travay ». Interrogé pour savoir s’il a confirmé tout ce qu’il avait raconté devant la commission Lam Shang Leen, il a déclaré: « Ena enn sel verite. » Les deux avocats devront faire le déplacement pour une autre séance au CCID, mais les enquêteurs ne leur ont pas encore confirmé la date.
Les autres protagonistes ayant participé à l’épisode de Saint-Pierre, Noor Hussenee, Athon Murday et Shabir Gungaparsad, devront également être entendus incessamment par les enquêteurs du Central CID.

En parallèle, la posture de Shakila Jhungeer, membre du board de l’ICAC et ancienne Pupil de Me Raouf Gulbul, est diversement commentée dans la sphère du judiciaire. Même si la principale concernée affirme faire prévaloir son professionnalisme dans la conjoncture, des membres en vue de la profession légale soutiennent qu’« au nom de la Good Governance et de la transparence la principale concernée aurait dû faire un Public Disclosure au préalable de ces connexions avec son ex-Master, Raouf Gulbul, bien avant que ces détails ne soient étalés dans la presse avec des risques à l’intégrité de cette High Profile Probe de l’ICAC ».

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