RECONNAISSANCE PROFESSIONNELLE : Ahmad D. Atchia fait membre de la faculté de la Royal Pharmaceutical Society

Ahmad Dawjee Atchia, petit fils de Goolam Mohamed Dawjee Atchia, premier maire musulman de la cité de Port-Louis en 1938 et arrière-petit-fils de Major Atchia, qui est à l’origine de l’introduction de la première centrale hydroélectrique à Maurice, en 1900, vient d’être fait membre (Advanced stage 1) de la Faculty of Royal Pharmaceutical Society de la Grande Bretagne. Une distinction qui reconnaît l’ensemble de son travail en tant que pharmacien par ses pairs et par les autorités en la matière. Rencontre.
Né à la rue l’Église à Port-Louis, Ahmad D. Atchia est le cadet d’une fratrie de deux garçons et trois filles. Enfant, il était très curieux. Un jour, raconte-t-il, alors qu’il avait huit ans, en fouinant dans le grenier de son grand-père GMD Atchia, qui habitait rue Mgr Gonin, il tomba sur une boîte dans laquelle il découvrit des éprouvettes et quelques substances chimiques, « notamment de l’acide et de l’alcaline ». « Je pense que c’était à un de mes oncles. Les substances étaient bien préservées. Je voulais comprendre ce que c’était et comment ça marchait. C’était ma première expérience avec la chimie », soutient notre interlocuteur, qui fréquentait à cette époque l’école primaire De la Salle, et qui jusqu’ici avait gardé secret cette anecdote.
Après sa sixième, le jeune Ahmad entre au collège Islamic à Port-Louis. Entre-temps, sa curiosité et son intérêt pour la chimie grandissent. « Pour nous rendre au collège, avec un copain, nous empruntions quotidiennement la rue Desforges. On passait devant la pharmacie Nazroo et de temps à autre, je m’y arrêtais pour acheter des médicaments pour mon grand-père et plus je découvrais cet univers, plus il me fascinait ». C’est donc tout naturellement qu’il s’oriente vers les matières scientifiques. « Et le hasard a voulu que je sois dans le premier groupe d’étudiants du collège Islamic à être soumis aux examens de sciences – mathématiques, chimie, physique comme matières principales et le français subsidiaire – en HSC. C’était en 1966 », se souvient-il. Après son examen de HSC, le jeune Ahmad, attiré par la profession de pharmacien, se joint à l’équipe de la rue Desforges pour faire ses premières armes dans le secteur en attendant de faire des études universitaires. Son rêve : étudier en Angleterre. Cependant, très vite, il s’évanouirait. « Mes parents avaient vu une annonce pour une bourse en électronique à Karachi, Pakistan, et ils m’ont obligé à envoyer ma candidature ». La demande de bourse est retenue et Ahmad Atchia met le cap pour la capitale pakistanaise. Il y restera neuf mois seulement. « Après neuf mois, je n’en pouvais plus. Des amis que j’avais rencontrés dans l’avion dont Mamade (ndlr : Mamade Kadreebux, le globe-trotter et photographe qui vit aux États-Unis) m’ont encouragé à partir. Il était le premier à le faire. J’étais assez timide, je n’osais pas trop ». Néanmoins, il n’a pas attendu plus longtemps avant de prendre la route : en auto-stop et en train jusqu’à Lausanne en Suisse, en passant par l’Iran (Téhéran), la Turquie, la Bulgarie et des pays de l’Est. Il se payait de quoi manger avec l’argent qu’il avait économisé en travaillant comme plongeur dans un restaurant. Il dormait sur la route ou dans les gares en attendant de poursuivre le chemin. Après Lausanne, il continue avec un autre ami mauricien, en auto-stop jusqu’à Munich avant de rejoindre Bruxelles. « Là, nous avons rencontré un ingénieur que nous connaissions au Pakistan pour avoir travaillé comme traducteur à ses côtés lors de ses visites à une usine de savon ». Suivant ses conseils, il se rend en France chez un oncle chirurgien qui habite Reims. Il relance les démarches d’admission dans une université anglaise. « Mon oncle m’avait conseillé de tenter ma chance en France également ». Comme la renégociation d’une place à l’université de Sunderland s’est avérée positive, il commence ses cours en pharmacie en 1971. Après avoir décroché sa licence, il prend de l’emploi chez Boots. Il gravit les échelons jusqu’à devenir manager d’une branche. À la naissance de son fils unique, il change de lieu de résidence et rejoint une autre pharmacie. Après dix ans dans la profession, il fait l’acquisition d’une première pharmacie, puis d’une deuxième. Pendant 25 ans, il travaillera à son propre compte. Entre-temps, il poursuit sa formation professionnelle. En 2000, il vend sa première pharmacie. La vente de la deuxième interviendra en 2006. Depuis, le pharmacien travaille sous contrat et vient plus souvent à Maurice. En juin 2013, il devient une des directeurs de la Bramer Bank. Depuis 2014, il met gratuitement ses compétences à la disposition de l’hôpital Apollo Bramwell de Réduit. « En tant que consultant en pharmacie, je fais des observations, je conseille les pharmaciens sur les risques, je les accompagne par rapport à la gestion du risque, je fais des présentations », affirme-t-il en soulignant que l’hôpital de Réduit emploie une dizaine de pharmaciens. Ahmad Atchia gère son emploi du temps entre ses activités à Maurice et en Angleterre. « J’organise mes voyages à Maurice en fonction des réunions du conseil d’administration de la banque. Sinon, les réunions se font à distance, par téléconférences et on communique par email ». Notre interlocuteur vient à Maurice en moyenne quatre fois par an pour des périodes variant d’une semaine à deux mois en fonction des activités qui l’attendent.
C’est en février dernier, en visite à Maurice, que le pharmacien reçoit un email de la société l’informant que sa demande faite en novembre 2014, pour ce statut honorifique, a été acceptée. « It is the top recognition for a pharmacist », fait ressortir notre interlocuteur, qui a aujourd’hui 65 ans et qui ne cache pas sa joie. À la réception de ce mail, il demande à ses proches en Angleterre de lui envoyer le certificat de reconnaissance de la société par mail. Dessus on peut lire : « This is to certify that M. Ahmad D. Atchia MFRPSI MR PharmS is a faculty member (Advanced stage I) of the faculty of the Royal Pharmaceutical society and is awarded the post-nomimals MFRPSI ». « Ce statut est l’équivalent du FRCP (Fellow of the Royal College of Physicians) de médecine ». Il explique que la démarche pour être accepté comme membre consiste à soumettre l’ensemble du travail qu’il a effectué pendant ses 40 ans de carrière. « There is the peer review and the whole work is certified by a panel of the faculty ». Ahmad Atchia quitte le pays pour l’Angleterre début avril.

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