Redessiner le tracé du Metro Express autour de la Promenade Roland Armand

NALINI BURN

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Le texte d’Umar Timol, intitulé « L’agonie de la promenade Roland Armand » m’a bouleversé. Ce papier publié récemment dans ces colonnes décrit avec des touches si délicates, empreintes de poésie et d’amour, cet espace public, ouvert, accueillant où s’épanouissent les arbres. Et où l’on déploie, à tout âge, en symbiose avec la nature, en toute quiétude et sécurité, notre mixité, notre savoir-être, notre vivre ensemble au rythme de la journée et des saisons. J’ai trouvé ce message insupportable. Car il pleure sa destruction inéluctable, par les concepteurs et ingénieurs sommés d’agir avec ‘célérité et efficacité’. J’avais commenté qu’il faut militer pour sauvegarder la Promenade et le Jardin Bijoux.

Je trouve insupportables ce saccage de multiples valeurs, cet appauvrissement insensé, blessant, qui est une insulte à notre intelligence collective. Ce gros chantier d’équipement plutôt que de développement nous enfonce davantage dans une dynamique anti-durable. Depuis cette déforestation effrénée des siècles précédents, qui a appauvri notre biodiversité au profit d’une monoculture du sucre, nous voici maintenant en train de détruire cet espace public multifonctionnel. Ce corridor urbain piétonnier jalonné de magnifiques arbres sera arraché pour céder la place à une voie, dédiée uniquement au métro, à côté d’une route asphaltée sans trottoir, qu’il est censé concurrencer. Qui ne sera accessible que dans la mesure qu’on devient client.

Ce saccage dépasse le périmètre de notre espace de vie quotidienne. Le ‘plus gros chantier depuis notre indépendance’ bulldoze également nos institutions. Il fonce dans l’opacité totale. Il s’élimine l’obligation de réaliser une Environmental Impact Assessment (EIA), d’après les dispositions de l’Environmental Protection Act de 2002. Un Special Purpose Vehicle, Metro Express Limited, est créé pour se dérober de la veille parlementaire, de l’examen des deniers publics.

Les conditions contractuelles ne sont pas rendues publiques sous prétexte de secret commercial. Un chantier rapide qui ne part d’aucune vision de développement, ni d’une politique publique cohérente clairement énoncée. On sait que ce tracé éliminant ces parcs urbains enfreint les Sustainable Development Goals ; qu’un EIA, au vu des impacts négatifs sur l’environnement, les populations et la société, aurait imposé de trouver des alternatives qui soient moins destructrices.

Aussi devant ce paysage institutionnel désolant, face à l’arbitraire, voilà que des voix s’élèvent contre ce chantier tel que dessiné, pour réclamer une EIA. Une campagne citoyenne a germé au fil des échanges, des rencontres sous les arbres nourriciers. 270 Lavwa ! Une campagne qui puise ses énergies des arbres qui l’inspirent, qui refuse cette régression, cette destruction irréfléchie, et qui réclame de redessiner le tracé du métro afin qu’elle longe la Promenade Roland Armand et le Jardin Bijoux; pour que ce métro ajoute à la valeur plurielle au lieu de détruire.

Et que le devenir de nos villes s’imprime d’une culture de la complexité inspirée des écosystèmes et non pas par des réflexes sectoriels en silos. Je modifie le slogan enroulé autour un de ces arbres : « We want to develop together with the environment, not against it. »

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