RÉFLEXION : Au-delà des cris de putois…

Dans le contexte de la présentation du White Paper en vue d’une réforme électorale sur fond de polémique, et des derniers développements politiques du type “remake” / “un-make” et “make-up”, j’ai lu avec grand intérêt pas mal d’articles pertinents dans la page Forum du Mauricien, dont celui de Paula Lew-Fai (NdlR : publié le jeudi 17 avril) qui a majestueusement axé son argumentation sur la lutte contre la corruption de manière particulière et générale. Une thématique qu’on oublie hélas ! trop souvent tant cette chose – tentaculaire, insidieuse et perverse – nous échappe et nous revient tel un boomerang.
Ces contributions de lecteurs connus et anonymes constituent un terreau d’idées, de constats, d’analyses et de propositions, dont la portée ne doit certainement pas être sous-estimée, en particulier par les instances de décisions nationales et locales ainsi que les dirigeants politiques du pays. Je salue ces citoyens – lambda ou ceux qui sont des spécialistes – qui, à titre bénévole, font part de leurs points de vues à la presse écrite et parlée.
« Le débat d’opinion appartient à tout le monde, aux citoyens. Ce qui fait une certaine crise du journalisme est que pendant très longtemps, les journalistes avaient monopolisé un droit qui appartient aux citoyens. Ce sont eux qui faisaient les éditoriaux, qui disaient ce qu’il faut penser de ceci et de cela. Avec les réseaux sociaux, les blogs etc les citoyens ont pris d’assaut ce champ de l’opinion ; du coup les journalistes ont perdu ce magistère qu’ils avaient un peu indûment monopolisé. Tout le monde a des opinions. Notre métier est de trouver des informations, d’apporter des faits. Nous sommes remis à notre juste place », disait avec raison Edwy Plenel, président de Mediapart, dans une excellente interview accordée au Mauricien en mars dernier.
Cette analyse est essentielle, salutaire même, car les journalistes qui font preuve de rigueur dans le compte-rendu des faits permettent à la population de mieux comprendre les enjeux qui gravitent autour d’elle. Ainsi, le Mauricien sera davantage en mesure de prendre les décisions qui s’imposent au quotidien, voire d’accomplir ses multiples devoirs en citoyen averti et responsable.
Néanmoins, au-delà de l’élément purement informatif, notre bel espace démocratique compte en son sein certains éditorialistes aguerris qui fondent leurs papiers d’opinion sur des faits et des analyses argumentées. On n’est pas obligés de souscrire à leurs points de vues – objectifs ou subjectifs – mais à la lecture de certains textes on aura, à n’en point douter, bénéficié entre autres d’une lecture sociopolitique de qualité qui relève de plusieurs années d’observation critique. Bien entendu, tous les éditorialistes ne sont pas dotés des mêmes outils pour décoder un sujet d’actualité. Une fine connaissance de l’histoire des idées politiques pré- et post-indépendance, une culture générale qui tend sans cesse vers l’exhaustivité, une maîtrise de la langue, le bon sens ainsi que la « bonne foi » figurent parmi les qualités de ces éditorialistes de haute facture. Je dois avouer qu’après la messe chaque dimanche, j’accomplis mon devoir de citoyen-lecteur en savourant quelques desserts linguistiques et sémantiques spécialement concoctés pour de fins palais…
Cependant, il convient aussi de souligner que certains éditorialistes en devenir et autres faiseurs d’opinions en herbe, qui souhaitent se munir des compétences susmentionnées, doivent se départir d’un jugement arbitraire et empli de clichés… Il ne suffit pas de taper sur d’honnêtes gens de la société civile, de pousser des cris d’orfraie et de crier comme un putois pour créer l’illusion d’avoir réussi, avec félicitations, ses papiers d’opinion ; et encore moins de juxtaposer à la va-vite quelques idées futiles comme pour remplir son katora (bol) d’écriture quotidienne ou hebdomadaire.
Très souvent, l’entame d’une opinion de presse mal ficelée me procure l’envie immédiate de m’adonner à une bonne sieste…
En tant que simple lecteur, je mérite plus de considération de la part de certains « professionnels grassement payés ». Permettez-moi de revendiquer ce droit !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -