RELATIONS INDUSTRIELLES : Le Sofitel Imperial pointé du doigt

L’Hotel and Restaurant Employees Union (HREU) compte écrire à Sébastien Bazin, président du groupe Accor Hotels, pour dénoncer les relations industrielles au Sofitel Imperial. Selon les négociateurs, Jean-Yves Chavrimootoo et Ashok Subron, cela fait en effet un an que la direction de l’hôtel, situé à Flic-en-Flac, refuse de négocier les conditions des employés. L’affaire est actuellement devant la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM). En cas de « deadlock », le syndicat prévoit un vote pour la grève.
La HREU dénonce « une série d’actes illégaux », dont des intimidations pour quitter le syndicat. « Il y a également une série de tactiques pour ne pas négocier alors que les procédures de “collective bargaining” sont en cours », dénonce Jean-Yves Chavrimootoo. Ce dernier affirme également que le syndicat ne « cédera pas au chantage » et travaillera selon les conditions définies dans la loi. « Le patron refuse de négocier avec nous mais convoque les employés individuellement en leur proposant une augmentation, en échange de quoi ils doivent quitter le syndicat. C’est une atteinte aux droits constitutionnels. La Constitution garantit le droit de se syndiquer. »
Jean-Yves Chavrimootoo indique que le syndicat compte mener les négociations à la fois sur le salaire et les conditions de travail. « Il faut une “job description” afin que les responsabilités de l’employé soient définies et pour qu’il n’y ait pas d’abus non plus. De même, les personnes parties à la retraite doivent être remplacées. Dans un département où il y avait 18 personnes, ils sont une dizaine seulement à travailler actuellement. »
Un autre sujet de négociation concerne la manière de compenser les employés lorsqu’ils se blessent sur le site du travail. « Ce n’est pas normal que ce soit la Sécurité sociale qui débourse alors que le patron, lui, n’est pas obligé de payer. » Les conditions d’emploi pendant un cyclone seront aussi évoquées. « Quand il y a un “Warning” de classe 3, ceux déjà en service doivent rester sur place jusqu’à ce que l’alerte soit levée. Or, ils ne sont payés que pour huit heures seulement. Il y a une série de conditions à revoir dans le secteur de l’hôtellerie. »
Jean-Yves Chavrimootoo cite encore les écarts dans le salaire des travailleurs mauriciens et des expatriés. « Notre industrie du tourisme prospère grâce à la beauté de l’île et à la sueur des Mauriciens. Il n’est pas normal que tous les profits atterrissent dans la poche de quelqu’un à Paris. Il faut une redistribution de la richesse dans ce secteur. » Il ajoute que le syndicat écrira bientôt une lettre à Sébastien Bazin, président d’Accor Hotels, qui gère le Sofitel Imperial, pour le mettre au courant de la situation à l’hôtel.
Poursuivant sur ce sujet, Ashok Subron est d’avis qu’il faut revoir le modèle touristique « unfair » envers les employés mauriciens. Dénonçant la tactique et le « chantage » de l’employeur, il invite à respecter la loi du pays. « Certains cadres se targuent même de leurs relations avec le pouvoir. Est-ce pour cela qu’ils se croient permis de renier les droits que les lois du pays donnent aux travailleurs ? On cherche à faire signer des contrats de travail modifiés sans que le délégué syndical ne soit autorisé à le viser. » Le syndicat a même produit un enregistrement sonore pour soutenir ce point.
La HREU, qui a une dernière session de travail à la CCM, décidera de la marche à suivre par la suite. « S’il y a un “deadlock”, la CCM devra faire son rapport. Dans lequel cas nous irons de l’avant avec un “strike ballot”. Tout cela sera discuté à notre assemblée générale, prévue le 12 septembre. Nous voulons faire les choses dans les règles. Nous suivrons les procédures prévues par la loi. » Ashok Subron ajoute que cette situation à Sofitel Imperial est de plus en plus présente dans le secteur hôtelier à Maurice.

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