RENCONTRE : Azim Moollan et ses bouillonnements créateurs

Venu du cinéma expérimental et du documentaire à Londres, en Afrique du Sud, de la publicité aussi, Azim Moolan, réalisateur et chef opérateur, a réalisé un métrage « Rod zegwi dan pikan », produit par Porteurs d’Images et Katsu, en 2015, (Zébu d’Or, aux Rencontres du Film Court, à Madagascar, avril 2016). Un film qui explore la part sombre, tourmentée d’une jeune femme et ouvre une voie inédite dans le jeune cinéma mauricien.
C’est une méditation sur la mémoire, un poème mis en images pour « capturer le feeling quand on commence à perdre les choses… », dit Azim Moollan. Depuis, on a vu éclore un style, une singularité, une trajectoire. « Rod zegwi dan pikan » est invité dans de nombreux festivals et suscite de multiples programmations. Azim travaille actuellement sur son deuxième court, étoffe son concept visuel, s’éloignant du social pour aller vers l’expérimentation  narrative. Ce créateur d’art aux multiples facettes (puisqu’il n’aime pas les étiquettes, les formes de catégorisation) continue à donner libre cours à ses bouillonnements créateurs.
Le travail d’Azim Moollan s’étend sur de nombreux territoires : concept visuel, travail sur la lumière, installations, écriture. Son exigence artistique le mène à pousser chacun de ces domaines à leurs limites et se montre constamment inventif, intuitif. En conversation à l’IFM, Azim nous dit au sujet de la profession de cinéaste qu’il est difficile de faire du cinéma à Maurice en raison des contraintes matérielles et de l’absence d’un marché pour cela. Le réalisateur de « Rod zegwi dan pikan » parle plutôt de professionnalisation de l’industrie du cinéma à Maurice, de délimitation de chaque profession. ÃŽle Courts, dit-il, a été un des facteurs dans la démocratisation du cinéma, le partage des films à l’étranger. Il faut commencer à travailler sur la scène expérimentale, vivre. Toute expérience est synonyme de transfert de connaissances. « Je ne me mets pas de barrières… », dit-il.
Azim Moollan aime inventer des formes et des formats comme le jeu sur les souvenirs, l’altération de photographies dans son premier court. Il n’y a évidemment pas de parcours typique pour Azim qui a étudié à la New York Film Academy pour un « Cinematography Diploma ». Quand on lui demande si faire un film c’est d’abord un désir, un pari, il répond que c’est plus qu’un désir, c’est un besoin, une nécessité intérieure, une forme de catharsis, un « outlet créatif ». C’est aussi une expérience collective. Ça implique l’improvisation, l’intuition, l’expérimentation. Il faut procéder avec beaucoup de flexibilité, déclare notre interlocuteur, ignorer le « end result ». Il ne faut être « élastique, toucher à beaucoup de choses dans notre vécu » et non s’ancrer dans une chose précise. Le côté très organisé dans la préparation d’un film, ce rapport de conformité entre l’objet préparé et l’objet réalisé semble le déplaire. Il ne faut pas savoir le résultat final.

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