RÉPONSE À M. ALAIN BERTRAND: Indignons-nous, mais avec discernement

En vérité, je reste généralement loin des dérivés de Zola. Cet habillage trahit souvent un manque de pertinence et de force des propos pour agripper autrement le lecteur. Dans votre cas, M. Alain Bertrand, votre texte a titillé ma curiosité ; j’ai vu, j’ai lu et, sans surprise, j’ai été déçu.
Certes, votre texte a le mérite de mettre en prose le sentiment d’une tranche de la population. Mais au royaume des aveugles, les borgnes sont, malheureusement, rois. Je vous reproche d’abord, M. Alain Bertrand, de vouloir faire accroire que l’Utopie de More est, au mieux, réalisable à Maurice et, au pire, règle ailleurs.
Je concède que notre société mauricienne, en son état actuel, présente beaucoup de manquements. Je concède aussi que la classe politique en est le principal responsable. Cependant, je ne vous rejoins pas sur vos exemples. Au début de votre texte, j’ai cru que vous alliez aborder de vrais enjeux.
Voyez-vous, M. Alain Bertrand, j’aime comparer un gouvernement à un chef de famille. C’est lui qui gère le budget familial, décide la liste des courses, répartit les responsabilités des autres membres de la famille et s’occupe du bien-être général de tout un chacun. Et, tous les cinq ans, il nous est possible de choisir ce chef de famille. La démocratie, un droit, mais surtout une responsabilité.
Vous auriez pu parler du compte bancaire familial, dans lequel un membre de la famille (le secteur privé) puise constamment pour s’occuper par égoïsme de sa chambre, à laquelle les autres membres de la famille n’ont pas accès. Vous auriez pu parler de celui chargé du jardin familial (les planteurs), qui ne respecte pas  le calendrier pour l’application des fertilisants/herbicides, provoquant une hausse dans le taux de cancer dans la famille.  Vous parlez certes du Peter Pan de la famille (l’opposition parlementaire) qui, outre le fait de refuser de vieillir, se croise les bras et se plaint à haute voix de la cuisine, sans dire comment faire mieux. Vous auriez pu parler de tant d’autres choses.
A la place, vous parlez de vitres cassées, de portes qui ne se ferment pas, de chiens qui aboient… Certes, ce sont des éléments qui contribuent au sentiment du manque de bien-être dans la maison. Mais, à mon humble avis, le père de famille a d’autres responsabilités – un frigo rempli, les factures d’électricité et d’eau etc. A la lecture de votre document, on a l’impression, M. Bertrand, que vous pensez que ces tâches là se font automatiquement. Ce n’est pas le cas.
Je vous reproche aussi, M. Bertrand, de confondre silence et passivité. Ce faisant, vous insultez notre intelligence. Nous sommes les membres de la famille qui travaillent, qui contribuent. Nous encaissons, oui. Mais nous observons. Nous ne disons rien. Mais nous retenons. Nous attendons, démocratiquement.
M. Bertrand, je vous invite humblement à faire preuve de plus de discernement et d’éviter toute tentative de corrompre l’esprit des autres membres de la famille. Nous sommes loin de l’Utopie à Maurice. Mais un « printemps mauricien » n’est pas ce dont a besoin le pays actuellement. Nous avons besoin d’une responsabilisation des membres de la famille. Je vous demanderai, M. Bertrand, de respecter notre intelligence, ne croyez pas que nous ne voyons pas ce que vous voyez. Là-dessus, je me permets de partager avec vous ce qu’un ami m’a dit récemment : la lumière éclaire, mais trop de lumière aveugle. 

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