Rodrigues : L’OPR donne le ton

En effet, le Writ of Election fixant les dates pour le Nomination Day et pour le Polling Day des élections dans les six régions de Rodrigues attend toujours d’être publié. Dans l’éventualité du déroulement du scrutin dans l’île le dernier dimanche de janvier, soit le 29, il faudra s’attendre à voir des développements intervenir dans les jours à venir avec l’approche des festivités de fin d’année. Mais sur le terrain, les états-majors des trois principales formations politiques en lice pour les 12 sièges à pourvoir au suffrage direct, et les six de la Party List sont déjà mobilisés. Avec l’annonce officielle de la date du dépôt de candidatures et de celle du scrutin, il faudra voir la tension politique monter d’un cran.
L’Organisation du Peuple Rodriguais (OPR) de Serge Clair, qui se positionne en challenger à la majorité sortante du Mouvement Rodriguais (MR) pour un comeback à la tête de Rodrigues autonome, donne déjà le ton. C’était lors du rassemblement de lancement à Malabar, hier après-midi. Ce meeting électoral a été avancé de 24 heures, pour ne pas gêner les célébrations marquant le 40e anniversaire du Rodrigues Council of Social Services (RCSS) prévu pour aujourd’hui.
L’OPR, qui réclame des élections régionales anticipées depuis le 14 mars dernier, a réuni une foule de partisans enthousiastes et requinqués par la dissolution de l’Assemblée Régionale de mercredi. Face à la foule réceptive à ses propos, avec certains d’entre eux arborant des t-shirts avec le slogan « OPR, Nu pu revini ! », le leader historique du parti, Serge Clair, a répété le mot d’ordre de la campagne : « Voter l’OPR pour réussir l’autonomie. »
Serge Clair n’est pas passé par quatre chemins pour situer l’enjeu de la prochaine joute électorale, après une traversée du désert depuis juillet 2006. « Nous savons pertinemment bien que des politiciens à Maurice n’aiment pas Serge Clair. Nous savons aussi que pour les élections régionales de 2006, des politiciens de Maurice avait financé la campagne de nos adversaires politiques en vue de nous éliminer du pouvoir régional. Cette fois-ci, nous sommes prêts pour partir à la reconquête du pouvoir. Nous faisons un appel au Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour qu’il n’y ait aucune ingérence ministérielle durant la campagne électorale pour les régionales », a-t-il fait ressortir à Malabar, hier après-midi.
Le leader de l’OPR a pris l’engagement qu’une fois au pouvoir après les élections, son équipe redonnera ses lettres de noblesse à l’autonomie de Rodrigues. « Minis pou bizin lev paké, allé 100 kilomet à ler depi l’Administration. Li pe viole lotonomi Rodrigues. Ar nous, pa pou gagn letemps kontinyé fer saki zotte pe fer aster là », a-t-il poursuivi. Il a esquissé les grandes lignes du programme électoral, avec l’accent sur la relance de la production agricole et l’épanouissement de l’esprit d’entreprise, et a exhorté les jeunes à ne plus se contenter du confort d’un emploi à col blanc.
À ce stade de la campagne, très peu d’indications sont disponibles quant aux candidats, qui seront alignés dans les six régions par l’OPR. « Les candidats potentiels sont déjà sur le terrain depuis plusieurs mois déjà. Les différents comités de région fonctionnent à plein régime. La liste sera rendue officielle au moment opportun », a ajouté Serge Clair à Week-End dans la matinée d’hier.
Le comité central de l’OPR, qui se réunira ce matin à Mont-Lubin, sera appelé à entériner des décisions stratégiques quant au déroulement de la campagne. Des changements pourraient intervenir quant à la tête de série menant les candidats de l’OPR dans la bataille pour le suffrage universel, et également pour la Reserved List en vue de compléter la proportionnelle. Mais aucune des sources approchées n’a voulu être précise à ce sujet.
Les membres du comité central de l’OPR devront également décider si le traditionnel pique-nique en début d’année, fixé au 8 janvier prochain, sera confirmé ou non, en raison de la conjoncture électorale. Le calendrier de meetings de l’OPR devra être confirmé avec la publication par la Commission électorale des deux principales échéances, alors que la mobilisation au niveau des régions ira s’accentuant.
Du côté du Mouvement Rodriguais, la stratégie pour une réédition des résultats du scrutin régional du 10 décembre 2006 est actuellement peaufinée par les dirigeants, qui préfèrent adopter un profil bas jusqu’au coup d’envoi officiel. L’objectif du parti de Nicolas Von Mally est de maintenir ses bases dans les régions de La-Ferme (N° 1) et de Maréchal (N° 2) pour partir à la conquête de Baie-aux-Huîtres (N° 4) et de Port-Mathurin (N° 5).
« Nous nous préparons à revenir au pouvoir à la tête de l’Assemblée Régionale après les prochaines élections. Nous croyons en la démocratie et, au cours de ces cinq dernières années, nous nous étions attelés à mettre en chantier le programme sur la base duquel nous avons été élus. Nous sommes prêts à affronter l’électorat de Rodrigues », a déclaré en substance, mercredi après-midi, le chef-commissaire sortant lors de l’ultime séance de l’Assemblée Régionale.
Mais avec la dernière configuration de l’Assemblée Régionale de Rodrigues dans le sillage des dernières élections partielles, où le Front Patriotique Rodriguais (FPR) de Johnson Roussety avait damé le pion aux candidats du MR, la partie ne s’annoncera nullement de tout repos pour les Ti-Bato. Surtout, il faudra tenir compte du fait que l’OPR, dont les fiefs sont représentés par les régions de Petit-Gabriel (N° 3) et de Grande-Montagne (N° 6), ne compte nullement jouer le rôle de figurant dans le chef-lieu de Port-Mathurin et sa base historique de Baie-aux-Huîtres, où ses candidats avaient été élus en décembre 2006.
L’intérêt de la joute électorale devra également être rehaussé avec la candidature annoncée du Minority Leader et ancien chef-commissaire, Johnson Roussety, à Port-Mathurin (N° 5) pour les prochaines régionales. « Je me prépare à être candidat à ma propre succession dans la principale région de l’île, où j’avais été élu chef-commissaire en décembre 2006. Au risque de me répéter, il faudra compter avec le FPR pour former le prochain gouvernement régional. Nous détenons une carte non-négligeable et nous allons la jouer », a confié le leader du FPR au lendemain de la dissolution.
Le FPR prévoit une première mobilisation de ses troupes à Baie-aux-Huîtres aujourd’hui, avec une animation culturelle et des messages des dirigeants du parti. « Nous mettons la dernière main au manifeste électoral du parti aussi bien qu’à la liste de candidats », a confié à Week-End Johnson Roussety.
 

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