RODRIGUESIOPHISIS SPINIFERA: Une sauterelle apparue sous le signe de Vénus

La sauterelle Rodriguesiophisis spinifera que Sylvain Hugel a redécouverte à Rodrigues en 2008, 130 ans après son unique collecte et description par Arthur Gardiner Butler dans le sillage du transit de Vénus de 1874, a plus d’un tour dans son sac… Semblant renaître tel le phoenix, grâce à la restauration de la forêt endémique, cet insecte est endémique de Rodrigues, représentant un genre et une espèce à lui seul. Avec ses pattes avant ravisseuses, il peut capturer de grandes proies, à la manière des mantes. Aussi, à la saison des amours, comme beaucoup de sauterelles, criquets et grillons, le mâle appelle-t-il sa dame la nuit en produisant des stridulations puissantes, mais inaudibles pour les humains !
La sauterelle Rodriguesiophisis spinifera n’était connue que du spécimen de référence, collecté lors d’une expédition scientifique occasionnée pour l’observation du transit de Vénus de 1874. Lors des transits qui ont précédé ceux que nous venons de connaître (en 1874 et 1882), Rodrigues était une destination de choix en raison de sa position géographique et de son climat très ensoleillé qui permettaient de bonnes conditions d’observation.
En 1876, Arthur Gardiner Butler a donc fait mention de l’existence d’une sauterelle spécifique à l’écosystème rodriguais, qu’il a nommée Phisis spinifera et qui faisait partie des Phisidini. Ce naturaliste était l’auteur principal de l’inventaire géologique, botanique et zoologique qui a été réalisé durant l’expédition Challenger de 1874/1875 organisée aux Kerguelen et à Rodrigues sur ordre de la royauté britannique. Il avait aussi recensé un certain nombre d’arachnides et de crustacés rodriguais.
Une planche extraite des annales du Museum d’histoire naturelle de Londres montre cette sauterelle dessinée de profil aux côtés de plusieurs autres orthoptères, et d’hymenoptères. Cette sauterelle toute verte n’a pas été signalée dans la nature par les scientifiques depuis lors, et on n’en connaissait que les spécimens femelles, les seuls à avoir été collectés, décrits et dessinés. Plus de cent trente ans plus tard, en 2008, Sylvain Hugel en a retrouvés de bien vivants et le fait qu’il ait aussi pu observer des mâles, pour la première fois, et même détecter leur chant, a permis de compléter les connaissances, d’affiner la classification et même de modifier la dénomination de l’espèce.

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