SAMU : Quotidien difficile des urgentistes

Urgences vitales, accidents de la route, chute de hauteur, tentatives de suicide… Les situations auxquelles font face les médecins urgentistes sont nombreuses, et ils sont toujours prêts à sauver des vies. Ceux du Service d’aide médicale urgente ont un quotidien difficile, avec des missions périlleuses à accomplir. Toutefois, ils ne baissent jamais les bras. Rencontre avec des professionnels de ce métier.

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Le Dr Vidyavratt Ancharaz, “Senior Emergency Physician” et le Dr Inayat Hussein Kurreemun, médecin urgentiste, nous reçoivent à l’unité du Service d’aide médicale urgente (Samu) de l’hôpital SSRN à Pamplemousses. C’est une petite salle, dotée de tous les équipements nécessaires dans une unité des soins intensifs. Ils expliquent que le Samu est aussi crucial qu’une unité des soins intensifs (ICU). Au bout de la salle se trouve le bureau des médecins, où ils feront le récit de leur quotidien.

Pour la petite histoire, le Samu a été introduit à Maurice en 1997. Ce service, basé sur un système français, a pour objectif de sauver des vies en offrant des soins médicaux urgents aux malades ou victimes d’un drame, avant même qu’ils n’arrivent à l’hôpital. « Nous sommes appelés à encadrer les patients sur le site, leur offrir les soins nécessaires et stabiliser leur état de santé en attendant qu’ils soient conduits à l’hôpital pour recevoir les soins appropriés. Le Samu est réservé pour une urgence vitale, contrairement à une ambulance normale », explique le Dr Vidyavratt Ancharaz.

L’ambulance du Samu est très différente d’une ambulance normale. Si une ambulance normale n’est équipée que d’une civière, celle du Samu contient tous les équipements nécessaires pour offrir des premiers soins en route. « Une ambulance normale se résume à un moyen de transport avec une civière et de l’oxygène. Deux membres du personnel de l’hôpital, dont un chauffeur et un aide chauffeur, travaillent dans une ambulance normale. Or, l’ambulance du Samu peut se résumer à une unité de soins intensifs mobile. Le véhicule comprend des équipements pour le relevage, la réanimation, l’appareil de respiration artificielle, le moniteur cardiaque, l’aspirateur, l’appareil d’électrocardiographie, des matelas compresseurs, le collier cervical, des médicaments, entre autres. Par ailleurs, l’équipe qui travaille dans une ambulance du Samu comprend un médecin urgentiste, deux infirmiers spéciaux et un ambulancier », fait-il ressortir.

Selon le Dr Ancharaz, tous les personnels exerçant pour le compte du Samu doivent avoir suivi une formation en médecine d’urgence pour pourvoir exercer dans ce département. « Autrefois, le médecin urgentiste était un médecin généraliste avec un minimum de trois ans d’expérience et qui a suivi une formation d’un an en médecine d’urgence. Mais depuis 2016, une nouvelle loi a été établie. Les médecins généralistes sont appelés à compléter une spécialisation en médecine d’urgence sur une période de trois ans afin de faire partie du Samu. Idem pour les infirmiers. S’agissant de l’ambulancier, c’est un chauffeur ayant suivi une formation spécialisée en service urgent », dit-il.

Comment fonctionne le Samu ?

Tout commence dans la salle de contrôle, basée à l’hôpital Victoria, à Candos. Des permanenciers reçoivent des appels sur la hotline 114. Selon nos renseignements, ils peuvent recevoir jusqu’à 800 appels par jour. Ils ont été formés pour recueillir des informations primordiales, comme le nom du patient, le sexe, l’âge, l’adresse ainsi que le nom de la personne qui appelle, un numéro de contact, et le motif de l’appel. Ensuite, l’appel est transféré à un médecin urgentiste. A noter qu’un médecin urgentiste est disponible 24 heures sur 24 à l’hôpital.

À son tour, le médecin récupère plus d’informations afin d’analyser la situation. Par la suite, une décision est prise. Si ce n’est pas un cas grave, le médecin demandera à la personne d’emmener le malade à l’hôpital. Pour les malades qui n’ont pas de moyen de transport pour se rendre à l’hôpital, une ambulance est envoyée à leur domicile. Mais si le médecin estime que c’est un cas urgent, le Samu de l’hôpital le plus proche est dépêché sur les lieux. Au cas où l’ambulance du Samu ne serait pas disponible à ce moment précis, le médecin urgentiste sollicite l’aide de la police pour transporter d’urgence le malade à l’hôpital.

Le Dr Inayat Hussein Kurreemun, médecin urgentiste, explique que le Samu est dépêché sur les lieux en cas d’accident de la route ou de travail, de chute de hauteur, de crise cardiaque ou d’asthme, d’inconscience, d’une contraction avancée où l’accouchement est imminent, d’hypoglycémie, d’attaque, de noyade, de tentative de suicide, de crise d’épilepsie, entre autres.

Une fois arrivée sur les lieux, l’équipe médicale du Samu ne tarde pas à offrir les premiers soins aux patients ou victimes. Dès que son état de santé se stabilise, le malade est placé dans l’ambulance, qui se dirige d’urgence à l’hôpital le plus proche. « Nous devons rester auprès du malade tant que son état de santé ne se stabilise complètement. A l’hôpital, le malade est, dans un premier temps, pris en charge par le personnel de l’unité du Samu. Ensuite, il est envoyé aux soins intensifs ou en salle, dépendant de la gravité de la situation. Cependant, il nous arrive aussi de devoir conduire le malade à un hôpital plus éloigné, en raison de manque de lits à l’unité des soins intensifs à l’hôpital le plus proche. D’autre part, dès que le malade quitte l’ambulance, nous avons une équipe qui s’occupe du nettoyage du véhicule et du réapprovisionnement des équipements médicaux », fait part le Dr Ancharaz.

Deux équipes du Samu dans chaque hôpital

Chaque hôpital régional à Maurice comprend deux équipes d’urgentistes, c’est-à-dire dix équipes au total. Selon le Dr Ancharaz, cinq équipes sont appelées à travailler 24 heures sur 24 alors que les autres cinq sont “on duty” de 9 heures à 16 heures les jours de semaine et de 9 heures à midi les samedis. Elles sont en congé les dimanches et les jours fériés. Et d’expliquer qu’il y a un manque d’urgentistes à Maurice afin de répondre aux exigences du public. « Nous allons bientôt combler ce manque car 18 médecins urgentistes ont déjà été formés alors que 25 nouveaux autres suivent actuellement leur formation en médecine d’urgence », dit-il.

Gérer l’incompréhension du public

Un des plus grands défis auxquels fait face une équipe d’urgentistes est l’incompréhension du public. « Souvent nous recevons des appels et nous réalisons que le cas n’est pas urgent et que le malade peut être emmené à l’hôpital pour recevoir des soins. Mais la personne au bout du fil exige qu’on envoie une ambulance du Samu. Par ailleurs, si une équipe d’urgentistes assiste déjà un patient et que parallèlement elle reçoit un appel d’urgence, nous risquons d’arriver sur les lieux un peu tard. Et là, le public s’en prend à nous. Souvent, nous sommes forcés de laisser un malade aux mains des collègues à l’hôpital afin de pouvoir ressortir immédiatement », souligne le Dr Kurreemun.

Par ailleurs, apprend-on, si un patient ou une victime rend l’âme avant l’arrivée du Samu, l’équipe d’urgentistes ne l’assiste pas, ni n’émet d’acte de décès. C’est la police qui s’occupe du cas. Toutefois, si un patient ou une victime rend l’âme alors que l’équipe du Samu l’a pris en charge, le médecin urgentiste a le pouvoir d’émettre son acte de décès, à condition que la cause de décès soit naturelle.

En ce qui concerne le patient, il doit être accompagné d’un adulte s’il est mineur. Sinon, seul le patient est permis dans une ambulance du Samu.

“Resuscitation team” pour assurer la relève

Souvent, le Samu reçoit des appels d’aide urgents alors que son équipe assiste déjà un patient ou une victime en dehors de l’hôpital. Et leur responsabilité ne se limite pas à récupérer un malade et le déposer à l’hôpital. Donc, que font-ils en cas d’un autre appel urgent ?
Selon le Dr Ancharaz, le Samu doit faire à de telles situations assez souvent. Afin de faciliter les choses, une “resuscitation team” a été mise sur pied au service des urgences afin que les personnels du Samu puissent quitter un patient à leur charge pour la suite des traitements,avant de se ruer vers un autre malade. « Les personnels de cette équipe ont les mêmes fonctions que celles du Samu, sauf qu’ils sont basés au service des urgences. Je dois dire que la mise sur pied de cette équipe nous est d’une grande aide. Pour le moment, la “resuscitation team” n’exerce que pendant les jours de semaine de 9 heures à 16 heures et le samedi de 9 heures à midi. Très bientôt, leurs horaires changeront et ils seront disponibles 24 heures sur 24 », affirme Dr Ancharaz.

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