SECOUSSES AU SEIN DU GOUVERNEMENT : Une situation sans précédent qui génère un sentiment de dégoût dans la population, selon le MP

« La crise qui secoue le gouvernement est du jamais vu dans les annales mauriciennes. Si bien qu’aujourd’hui, face à cette situation sans précédent, c’est un sentiment de dégoût et de frustration généralisé qui prédomine dans la population », estime Alan Ganoo. Lors d’une conférence de presse hier matin, le leader du Mouvement Patriotique (MP) est revenu sur les événements de la semaine écoulée, en faisant ressortir qu’en outre, l’affidavit juré par l’ex-ministre des Finances contribue à détériorer la situation sur la scène politique, tout en jetant le discrédit sur l’ICAC, mais aussi sur le gouvernement et sa volonté de lutter contre la fraude et la corruption.
Les démêlés avec la police et la justice durant la semaine écoulée de trois membres du gouvernement sont sans précédent et très choquant, dit d’emblée Alan Ganoo. Si l’ex-ministre de l’Environnement Raj Dayal et le PPS Thierry Henri ont dû déposer une caution pour retrouver la liberté, il est clair que dans le cas de l’ex-ministre des Finances — alors que l’ICAC a demandé à ce qu’il soit arrêté, et que le commissaire de police y a pour l’instant objecté — ce n’est que partie remise, dit-il. Et ce qui corse davantage la situation, selon le leader du MP, c’est l’affidavit juré par le ministre des Affaires étrangères. « Ce qui est encore plus grave, c’est qu’il y a eu tentative de la part de Vishnu Lutchmeenaraidoo d’entraîner le Premier ministre dans le ‘tug of war’ qui l’oppose au ministre de la Bonne gouvernance. Une situation malsaine qui a poussé le bureau du Premier ministre à démentir les allégations », relève le leader du MP estimant que toutes les histoires entendues cette semaine démontrent qu’il y a un manque de cohésion qui caractérise le gouvernement. « Il y a une division entre deux clans au sein du gouvernement qui est en train d’engendrer une instabilité chronique et qui empêche les développements de se concrétiser dans le pays », dit-il. Selon lui, les propos jurés par Vishnu Lutchmeenaraidoo dans son affidavit, mais démentis par le Premier ministre, font du ministre des Affaires étrangères, un suspect potentiel dans le cadre de « swearing false affidavit ».
Décortiquant cet affidavit, Alan Ganoo soutient que les allégations de Vishnu Lutmeenaraidoo viennent discréditer une instance qui tombe sous la tutelle du ministre de la Bonne gouvernance, et démontrent qu’un ministre du gouvernement vient lui-même discréditer l’ICAC dans la lutte contre la fraude et la corruption, et donc parallèlement jette le discrédit sur le PM et son gouvernement. « Aujourd’hui, la population se rend compte que jamais, dans le passé, le fonctionnement d’un gouvernement n’a été aussi secoué par des contradictions », dit-il, estimant qu’il y a tellement de secousses que l’image de ce gouvernement est irrémédiablement ternie. « Est-ce le résultat clair d’un manque de leadership au sein du gouvernement ? Ou plutôt est-ce un excès de confiance du Premier ministre face à ses ministres et ses députés? », se demande le leader du MP estimant que le temps joue contre le gouvernement. « Pour renverser la vapeur, le Premier ministre doit prendre des décisions au plus vite, faute de quoi le gouvernement est voué à sa perte », dit Alan Ganoo. Dans la foulée, le MP demande que le gouvernement vienne au plus vite avec le Declaration of Assets Bill. Une loi qu’il souhaite « claire et bien ficelée et non une loi cosmétique ».
1er-Mai : « Enn mari zafer »
Dans un autre volet de sa conférence de presse, le leader du MP a abordé sa frustration face aux réponses parlementaires fournies par le Premier ministre sur les déplacements à l’étranger de la Speaker et du ministre Gungah par rapport à l’affaire Betamax. Il est d’avis que le gouvernement a joué une mauvaise carte en refusant de fournir les détails et que cela porte un coup dur au gouvernement dans sa volonté de présenter ce dernier comme transparent. Pour Alan Ganoo, en vue de « clear the air », la speaker dispose de la possibilité de faire un Announcement lors de la prochaine session parlementaire.
Concernant le financement des partis politiques, le MP est d’avis que le rapport du comité Duval représente un pas dans la bonne direction. Cependant, ce rapport n’est pas complet, dit Alan Ganoo, car il est nécessaire de « ‘take on hold’ les propositions des autres partis à partir de ce premier ‘draft’ du gouvernement ». Il annonce qu’au niveau de son parti, un comité a déjà été mis en place et dans une semaine, le parti va présenter un Position Paper.
Interrogé par la presse, le leader du MP n’a pas souhaité dévoiler quelle sera l’action entreprise pour le 1er-Mai. Il promet toutefois « enn mari zafer ». « Nous allons célébrer dignement cette fête et si nous réussissons dans ce que nous projetons de faire, ce sera une première à Maurice », dit-il. Concernant la journée de réflexion qu’entreprendra le MMM, Alan Ganoo ne cache pas son étonnement. « C’est drôle que quinze mois après la défaite de 2014, le MMM soit encore en train de réfléchir et de tirer des leçons du passé », dit-il. Il ajoute qu’« avant, les mauves auraient facilement attiré quelque 8000-9000 personnes à Edward VII. Mais nous avons constaté qu’ils n’avaient réuni que quelque 200 personnes à Flacq ». Assurant que le MP n’est pas là pour juger, Alan Ganoo fait cependant un constat des faits qui, dit-il, « démontrent que le MMM peinera à retrouver sa force d’antan. »

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