DANS LE SILLAGE DE L’AFFAIRE KAPITI COAST : Le board des commissaires des courses berné comme des…enfants

Plus que jamais l’affaire Kapiti Coast est toujours d’actualité. Face à la décision des Commissaires de courses de seulement  noter les explications de l’entraîneur et du jockey, respectivement Vincent Allet et Darryl Holland et de ne prendre aucune sanction, la majorité des turfistes est d’opinion que les deux méritaient bel et bien d’être punis de façon exemplaire.  A Week-End, comme chez les turfistes encore aujourd’hui et une semaine après les événements, nous ne pouvons cacher notre stupéfaction et notre indignation devant cette décision du board.
Le film de la course de la 5e journée, dotée de  « The Lall Seesurrun Cup » est clair, limpide et transparent comme l’eau de roche. Le jockey Darryl Holland n’a jamais profité de sa première ligne. Bien au contraire, il a retenu Kapiti Coast en plusieurs occasions pour se trouver en dernière position et comme on le dit dans le jargon hippique «tué le cheval dans la main » à force de trop retenir sa monture.  Avec plus d’une quinzaine de longueurs de retard sur les meneurs, Kapiti Coast, super favori de cette épreuve, était déjà un cheval battu bien avant le dernier virage.
Pourquoi donc aucune sanction n’a été prise ni contre Vincent Allet ni contre Darryl Holland par les commissaires des courses ? Parce que les deux protagonistes de cette nouvelle triste et scandaleuse affaire au Champ de Mars sont venus affirmer que c’était la meilleure façon de monter Kapiti Coast. Un cheval qui, lors de la 2e journée, était effectivement monté en attentiste pour terminer ensuite à la vitesse du vent derrière Rum Tum Tugger. L’entraîneur Vincent Allet était venu ajouter lors de l’enquête ouverte sur cette course, que peu importe la ligne de Kapiti Coast, il doit être monté de cette façon, c’est-à-dire de l’arrière.
Samedi dernier qu’avons nous vu, comme les turfistes du reste, dans  «The Eugène Rousset Cup»? Dès l’ouverture des stalles, Darryl Holland a vigoureusement sollicité Kapiti Coast pour « put him in the race». Le Britannique s’est même permis le luxe de commencer son attaque au poteau des 1000m, progressant à vue d’oeil pour passer en deuxième position avant même l’amorce du dernier tournant.
Une fois le virage négocié, Darryl Holland demanda un autre effort à Kapiti Coast, qui laissa sur place ses adversaires pour aller gagner à la surprise générale, car sa cote était de 11/1 alors que dans la «Lall Seesurrun Cup», il était grand favori à 7/4.  Pour un coup c’est un coup et tout le Champ de Mars s’est mis à hurler de…colère. Dans l’instant qui a suivi cette victoire,  le mot scandale est lancé pour qualifier cette course et la tactique employée par le duo Allet-Holland, qui nous a rappelé dans la foulée celle employée par le  trio Paul-Bud et Fusto après Gemmazye Street, même si c’était le contraire qui avait eu lieu dans le sens où ce dernier avait été «run to the ground».
L’énigmatique « citation bit »
Comment expliquer cette performance améliorée de Kapiti Coast? L’entraîneur et le jockey disent que c’est l’état de la piste, qui était molle à 3.0 et l’apport d’un équipement qu’on appelle un  « citation bit », ont grandement été bénéfiques à Kapiti Coast. Les spécialistes hippiques vous diront que si ces élements peuvent avoir eu une incidence sur le résultat de la course, il n’en demeure pas moins que personne n’a pas été informé de  l’utilisation de ce mors sur le cheval qui a une forte tendance à tirer  dans les courses. Il y a bel et bien eu un changement de tactique dans le sens où on peut se demander si le jockey aurait sollicité sa monture au départ si le cheval n’avait pas été muni de ce mors. .
Pris entre deux feux, mais surtout pris dans son propre engrenage d’avoir été  incapable de prendre la décision de sanctionner le duo Allet-Holland après la course de Kapiti Coast lors de la  5e journée,  la bande à Stephane de Chalain a eu  du mal à se mettre d’accord lors des délibérations. Tant, dit-on, que l’enquête avait pris une tournure que sans doute le président de la chambre des Commissaires des Courses – dois-je rappeler à Stephane de Chalain qu’il est censé garantir la crédibilité des courses à Maurice – n’avait pas imaginé.
Fallait-il croire Vincent Allet et son jockey, Darryl Holland, qui a même mis en avant son casier vierge en 25 ans de carrière pour prouver sa bonne foi? Finalement, après de longues minutes de délibération, les Commissaires des Courses ont décidé de ne prendre aucune action. Un peu comme Ponce Pilate, ceux qui ont eu pour mission de traduire de la parole aux actes la politique de « zéro tolérance » du nouveau MTC ont replongé ce dernier dans ses travers de ces 8 dernières années et dont les dommages collatéraux se font encore sentir.
Les 4 affaires précédentes
Et oui, pourtant plusieurs raisons auraient pu motiver et justifier une décision contraire. Laissons de côté le fait que Vincent Allet est réputé et connu pour ses fréquents changements de tactique car dans le passé, nous avons eu droit aux (1) Blue Lord (où il avait fait tout un cinema pour jeter injustement le blâme sur l’excellent Karis Teetan), (2) Hot Rocket, qui deux semaines après sa victoire lors du week end international avait été retenu des l’ouverture des boîtes pour courir en dernière position, (3) Arabian Empire ou encore tout récemment (4) Master Mascus.
A chaque fois, Vincent Allet n’a jamais été inquiété par les commissaires sous l’ère Ian Paterson. Est-ce que ce serait la même chose sous Stephane de Chalain? Nous ne le pensons pas mais  les mauvaises langues parlent toujours de la proximité de l’entraîneur avec l’ancien président Gilbert Merven, son parrain et que les liens tissés peuvent aller au-delà de ce qu’on peut penser. N’a-t-il pas été du reste son «campaign manager» lors des dernières élections du MTC. L’entraîneur s’était même transformé en «proxy collector» pour que Gilbert Merven ait un contrôle total sur le board des Administrateurs.
D’autres parlent de ses bonnes relations avec l’ancien Chief Stipe, Ian Paterson ou encore avec le Commissaire des Courses, Jacques de Comarmond, qui, ne l’oublions pas, passait le plus clair de son temps à l’écurie Vincent Allet avant d’être nommé à ce poste par Gilbert Merven sur les conseils de…Vincent Allet. Comme ces politiciens ‘carapates’ qui changent de chien après chaque élection, Vincent Allet a montré au grand jour qu’il sait s’adapter en toute circonstance, qu’importe qui est au pouvoir.
Quelles sont donc ces raisons, qui auraient pu changer la donne cette fois?
a) C’est connu qu’en début de saison, les Commissaires des Courses avaient fortement demandé aux jockeys de mettre leurs chevaux dans la course dans les premiers 100/150 mètres. Pas question de les retenir, il fallait impérativement leur donner la chance d’avoir la meilleure position possible. Pourquoi donc lors de la 5e journée, Darryl Holland ne l’a pas fait?
b) L’entraineur Vincent Allet a dit que peu importe sa ligne, Kapiti Coast doit être monté complètement de l’arrière? Pourquoi a-t-il opté pour un changement, et qui plus est pourquoi n’a-t-il pas informé les Commissaires des Courses?
3: Pourquoi n’avoir pas pris les mêmes précautions avec Kapiti Coast en le munissant d’un ‘citation bit’ alors qu’il était le grand favori lors de la 5e journée? Pourquoi avoir attendu qu’il soit à 11/1 pour le faire?
5: Lors de son interrogatoire, Vincent Allet a dit qu’il ne se fie pas à Turf Magazine et Racetime et qu’il n’attache pas d’importance aux «sectional times». Quelques minutes plus tard, il a trouvé moyen dans une réponse préparée à l’avance,de déclarer que Kapiti Coast a terminé la course en 15  secondes. Which is which? Quand est-ce que Vincent Allet prend-il en considération les temps fractionnés et quand il les ignore?
Une sanction s’imposait plus que jamais
Il n’y a pas une once de doute possible que Vincent Allet a berné les Commissaires des Courses, comme un enfant dans la cour de récré. On n’ira pas jusqu’à dire que tout le monde au sein de ce panel, mais certains,  ont trouvé moyen de faire machine arrière pour des raisons que nous ignorons. Sans oublier que «ceki ena dans la manche» fait des grands effets sur certains dans la chambre des commissaires et c’est sans doute là que le jeu devient dangereux et que nous sommes loin d’avoir pu «tame» la mafia des courses et qui du coup est plus fort que jamais. Car la question qui n’a pas été posée jusqu’ici: qui a profité financièrement de cette victoire de Kapiti Coast?
Encore une fois, il n’y a pas une once de doute possible, Vincent Allet et son jockey Darryl Holland méritaient d’être sanctionnés pour n’avoir pas donné toutes les chances à Kapiti Coast lors de la 5e journée. Quant à Darryl Holland, ce n’est pas parce qu’il a monté partout dans le monde et que son casier est vierge qu’il peut nous faire avaler toutes les couleuvres qu’il veut! Les Henri Samani, Philippe Bruneau, Christian Hanotel et autres Gaëtan Faucon ont tous tenu le même genre de langage, mais cela ne les a pas empêché de faire ce qu’ils ont fait.
Holland: « I always follow the instructions…»
Mais il y a une chose que nous avons retenu particulièrement lors cette enquête. En pas moins de cinq occasions, Darryl Holland a dit et a répété: «Sir, I always follow the instructions given to me by my trainer.» Voulait-il faire passer un message aux Commissaires des Courses que ces derniers n’ont pas compris?
Nous laisserons le soin à nos lecteurs de tirer leur propre conclusion et comme il se passe toujours quelque chose au Champ de Mars, avant même que cette affaire n’est oubliée, une autre a vu le jour avec la double positivité de deux récents vainqueurs, savoir Ek Tha Tiger (Boutanive) et Mount Hillaby (Brown) qui appartiennent curieusement à Paul Foo Kune et qui sont entraînés par Shailesh Ramdin, qui est à son 7e cas de dopage si les statiques ne font pas défaut.
Avec Lucky Valentine, qui attend le résultat de la contre-expertise, ça fait trois. Un hat trick, et dire que nous ne sommes qu’à la 8e journée. Nous le disons à nouveau, le Mauritius Turf Club fait l’effort nécessaire dans l’exercice des contrôles des chevaux et  joue pour l’heure la carte de la transparence. Car il fut un temps où tout aurait été normal dans le meilleur des mondes. Maintenant, il s’agit de trouver les coupables, qui ne seront pas faciles à débusquer car à ce jour, nous ne connaissons pas un seul cas qui a été élucidé. Certes, des palefreniers ont été sanctionnés, mais les vrais coupables ont toujours eu cette chance de traverser à travers les mailles du filet, à l’image même de l’entraîneur Vincent Allet, qui n’a jamais été inquiété pour ses nombreux changements de tactique.
Ah…la belle affaire.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -