Simé La Limière

Les Jeux des îles 2019 resteront un moment inoubliable pour notre cher pays, Maurice, pour deux raisons majeures. D’abord sur le plan sportif, Maurice a remporté ces Jeux d’amitié entre les peuples des îles de l’océan indien haut la main, démontrant la capacité de notre jeunesse et de nos athlètes de se sublimer pour faire briller les couleurs nationales. Bravo pour eux et tous ceux qui les ont encadrés. Ensuite, parce que ces Jeux ont démontré que les Mauriciens dans leur diversité et leurs différences étaient capables de s’élever au-dessus de la mêlée avec force, conviction et spontanéité pour exprimer aux yeux du monde une unité nationale et une ferveur patriotique inégalées qui font honneur à notre quadricolore. Après plus de 50 ans de vivre ensemble parfois chaotique et difficile, on peut désormais se réjouir que notre pays est sur la voie royale de se hisser à la dimension de nation, puisque nous partageons de plus en plus un système de valeurs et un contrat social qui nous unissent dans une même appartenance nationale. Le fait que la communion finale entre Mauriciens pour ces Jeux des IIes ait eu lieu au Champ de Mars est plus qu’un symbole, c’est un signe fort du destin puisque c’est en ce lieu historique que chaque semaine se réunissent les amoureux des courses hippiques qui forment déjà un melting pot représentatif de notre pays.

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À la veille d’élections nationales, qui sont les garants et garde-fous de notre démocratie, les politiques se doivent de décoder avec justesse le message que la population leur a adressé à cette occasion. L’unité dans la diversité fait la force. À ceux qui l’auront compris, le peuple « malbar, sinois, afrikain, blanc » chanté par Kaya dans Ki to ete s’inspirera de son autre œuvre majeure, Simé la limière, pour faire leur choix des prochains dirigeants du pays : Dire moi ki sana ki pé envie faire l’unité
Montré moi ki sana ki pé faire la vérité
Simé la limière sa li pou l’éternité….

En tout cas, s’il y en a un qui a bien besoin de lumière, c’est bien la Gambling Regulatory Authority (GRA). Pas plus tard que ce matin, la GRA a refusé au Mauritius Turf Club, soutenu par l’association des entraîneurs, sa demande d’organiser deux courses supplémentaires à l’occasion de la présente journée. Ce refus intervient alors qu’en deux occasions la GRA avait fait preuve de compréhension et accepté les demandes en ce sens. Il nous revient que la GRA exigerait maintenant que les demandes du MTC soient soutenues par au préalable d’une programmation adéquate et que les épreuves au programme soient plus étoffées dans l’ensemble.

Cette nouvelle volte-face intervient à un moment où le Mauritius Turf Club connaît une baisse continue de ses revenus consécutifs aux malheurs des off course bookmakers qui n’ont pas travaillé pendant plusieurs semaines et qui ont sans aucun doute entraîné une remontée des paris clandestins dans ces régions. Certains évoquent aussi l’impact des paris organisés à travers un site de paris internet sur lequel les autorités locales font jusqu’ici la sourde oreille.

Les difficultés financières du MTC sont telles que se déroulera cette semaine une assemblée extraordinaire de ses membres pour se prononcer sur la vente de ses actions dans le laboratoire QuantiLAB. Par ailleurs, le MTC a, par le biais d’un communiqué émis sur son site, amorcé une opération de baisse des stakes money sur une base proportionnelle qui touchera dans un premier temps les épreuves où le nombre de partants sera limité. Au cas où la tendance de régression des revenus persisterait, d’autres ponctions sur les stakes money ne sont pas à écarter jusqu’à la fin de la saison.

Nonobstant cela, il se trouve encore des propriétaires courageux et ayant foi dans l’avenir de l’hippisme mauricien puisque ceux-là ont déjà plus de cinquante nouveaux chevaux en attente en Afrique du Sud, dont huit pour la seule écurie Gujadhur. Il faut saluer leur contribution positive à l’avenir des courses.

Si le club a pu sauver le Maiden grâce à Courts Mammouth et la journée internationale suite aux engagements fermes du groupe des hôtels Attitude, par contre, les dirigeants du MTC sont très inquiets pour le déroulement de la prochaine saison. À cet effet, une rencontre a récemment eu lieu avec la GRA pour une demande formelle de 40 journées à neuf courses pour la saison 2020. Le bras gouvernemental responsable des courses hippiques ne s’est pas formellement prononcé à cet effet, mais l’un des mentors de la GRA a clairement fait comprendre qu’il est fort peu probable que la GRA accède à cette demande tant que les dirigeants actuels seront à la tête du club, ce qui constitue évidemment une tentative d’ingérence majeure et inacceptable dans les affaires d’un club privé. Même l’éventuel retrait du procès intenté par le MTC contre la GRA concernant les directives ne changera pas la donne.

Cette attitude de la GRA est contraire à sa mission première qui est celle de réguler la pratique hippique, mais aussi de contribuer à son développement dans un environnement sain, sans bien sûr s’immiscer dans la gestion interne de l’organisateur des courses. Le déroulé des événements et des décisions de la GRA a non seulement été contraire à ces principes de base, mais la GRA s’est transformée au fil de ces dernières années à être un rotin bazar partial du MTC et certains autres acteurs des courses qui ne leur sont pas sympathiques, comme des propriétaires, officiels et jockeys indésirables.  En revanche, la GRA s’est souvent montrée très avenante pour certains autres acteurs hippiques.

Pire, depuis quelques années, la GRA est devenue un véritable tremplin pour le développement tous azimuts des compagnies affiliées à la galaxie de Michel Lee Shim, personnage controversé, pour sa proximité avec le pouvoir actuel qui ne lui refuse presque rien. Étrangement, l’évolution récente de la législation se trouve être favorable à ses activités dans le monde des paris, alors que la concurrence subit des refus et d’autres brimades qui ont pourtant pour la plupart reçu un désaveu cinglant des cours de justice.

Certes, le plan de l’installation tous azimuts des machines à sous dans les facility centers et points de paris du groupe à travers l’île a été gelé dans le cadre des élections à venir vu l’impact négatif que cela suscite sur certaines populations locales. Mais en cas de succès des actuels locataires aux futures législatives, il prévoit de reprendre de plus belle cette expansion.

Au-delà du personnage abject — entouré de ses répugnants sbires qui ne nous ferons pas bouger d’un iota notre vision impartiale des choses — qui pilote ces projets de paris et jeux tous azimuts, il est un fait que ces machines à sous à paiement limité ont montré ailleurs dans le monde leur impact négatif sur la jeunesse, au point où certains pays les ont carrément bannis. Les jeunes Mauriciens méritent mieux que cela et ils viennent de le démontrer à travers ces Jeux des îles réussis. Ce qu’il leur faut ce sont des terrains de sport, des espaces d’échanges culturels, la formation de clubs, mais surtout pas ces machines à sous sataniques à tous les coins de rue qui en feront des délinquants.

Que les prochains dirigeants pensent fortement à cette donne et plus que jamais que rejaillissent sur eux ce simé la limière qui permettra à notre pays d’éviter les erreurs commises par d’autres dans le domaine hippique et le monde des paris. Espérons aussi  dans ce même état d’esprit que les recommandations de la consultante de la GRA Chistina Thakor-Rankin de la compagnie 1710 Gaming qui nous revient cette semaine, vilipendé par les chantres du money laundering, saura faire entendre raison aux décideurs sur la nécessité du cashless betting.

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