Sir Partha Dasgupta : « La biosphère est en danger »

« La biosphère est en danger. L’économie mondiale a enregistré au cours des 50 à 60 dernières années un développement accéléré marqué par un rehaussement du niveau de vie. Mais cette progression a été réalisée aux dépens de la biosphère », a déclaré sir Partha Dasgupta, Professeur émérite en économie de l’Université de Cambridge et Honorary Fellow de la London School of Economics, interrogé par Le Mauricien à l’issue d’un déjeuner de travail organisé, hier, à l’hôtel Le Labourdonnais par la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI).

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Ayant pour principaux centres d’intérêt l’économie environnementale, l’économie du savoir et l’économie de la pauvreté et de la nutrition, le Professeur Partha Dasgupta a partagé avec les invités de la MCCI sa vision du développement durable et ses préoccupations face aux dangers qui guettent l’environnement. Il s’est attardé sur la définition du Produit Intérieur Brut et l’importance accordée à cet indicateur après la Seconde guerre mondiale en tant que mesure de l’activité économique.

Le PIB représentait l’équivalent de la valeur du marché de la production finale des biens et services. La préparation des National Accounts, souligne le Professeur Dasgupta, était considérée comme une urgence car il était impérieux alors de brosser un tableau de l’évolution de l’activité économique. Lorsque les économistes se sont mis, à partir des années 50, à considérer le développement à long terme dans leurs délibérations, les données ont changé. « GDP was used as a marker. It was a bit unfortunate », dira le Professeur émérite qui regrette qu’on ait fait abstraction de la dépréciation des ressources. Le Professeur Dasgupta considère qu’il faut préparer d’autres modèles où les préoccupations environnementales, l’impact du changement climatique, la protection des écosystèmes seraient tenus en compte.

À une question de savoir s’il est confiant que les êtres humains seront en mesure de rectifier le tir et de mettre en frein aux dégâts causés à la biosphère, le Professeur Dasgupta a été catégorique : « Je ne le suis pas parce que nous n’avons même pas commencé. La biosphère ne peut accepter qu’on continue à l’affliger de cette façon. » À une autre question portant sur les enjeux démographiques, le Professeur Dasgupta a souligné que « c’est un problème sérieux surtout pour le continent africain ». Selon les prévisions de l’Organisation des Nations unies, a-t-il rappelé, l’Afrique, qui compte actuellement environ un milliard d’habitants, verra sa population atteindre les 4 milliards d’ici la fin de ce siècle. « Peut-on imaginer 4 milliards de personnes vivant dans ce fragile african landscape ?

Les répercussions au plan social seront énormes », a-t-il déclaré. Le professeur Dasgupta est également d’opinion que le monde occidental devra obligatoirement réduire son train de vie, le niveau de sa consommation. « Avec le niveau élevé de consommation attendu du côté de la Chine et de l’Inde, j’estime que nous avons devant nous une combinaison mortelle », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, en réponse à une question concernant le rôle que Maurice peut jouer pour éveiller les responsabilités des nations dans la protection de la biosphère, le Professeur Dasgupta a déclaré : « Certes, vous êtes un petit pays mais vous pouvez, à l’instar de la Norvège, agir comme porte-parole pour faire entendre les préoccupations d’autres pays. »
L’économiste ne s’est pas hasardé à évoquer la performance économique de Maurice et les menaces auxquelles le pays aura à faire face. Il a simplement fait état du succès économique de Maurice.

La biosphère est l’ensemble des organismes vivants et leurs milieux de vie, donc la totalité des écosystèmes présents que ce soit dans la lithosphère (couche la plus superficielle de l’écorce terrestre), l’hydrosphère (les océans, le milieu aquatique) et l’atmosphère (bulle de gaz entourant la terre).

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