SME Mauritius – Nouvelle démission : L’hémorragie se poursuit

Depuis son lancement en 2017, la compagnie privée du gouvernement, SME Mauritius, destinée aux petites et moyennes entreprises, ne cesse d’étonner. Après la démission du CEO, Raj Puddoo, en avril 2018, et de six autres employés par la suite, c’est au tour cette fois de Vijay Bundhun, directeur des ressources humaines, de claquer la porte, mais cette fois sur fond de polémique.

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Ce directeur qui a pris de l’emploi en 2018 se retire de cette instance avant la fin de son contrat en mars 2020. « Nous avons pris connaissance de la démission de Vijay Bundhun. Nous ne nous attendions pas. Il semble que l’entreprise deviendra de plus en plus pauvre en personnel », explique un employé, qui a souhaité garder l’anonymat. Selon les informations qui circulent au sein de SME Mauritius, cette démission fait suite à la polémique qui entoure le recrutement de chômeurs diplômés, suite à la mesure du budget 2018/2019. « Cela fait suite à une dénonciation à l’ICAC pour des cas de fraude et de favoritisme en ce qui concerne le SME Employment Scheme, une mesure budgétaire visant à placer 1 000 diplômés en entreprise et offrant une allocation mensuelle de Rs 14 000 sur deux ans. Décidément, on n’en finit pas avec les déboires de cette jeune institution », avance une des sources auprès de cette institution.

En effet, une lettre envoyée à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) par un groupe d’entrepreneurs fait état de fraudes et de mauvaises pratiques du SME Employment Scheme. Preuves à l’appui, ils citent différents cas où les règles n’auraient pas été respectées concernant ce plan qui a nécessité un financement de Rs 350 millions du gouvernement. Considérant la gravité de ce qui se passe à SME Mauritius, ces entrepreneurs demandent qu’une enquête soit effectuée au plus vite.

Selon les entrepreneurs, le SME Employment Scheme est un plan destiné aux chômeurs diplômés, leur permettant d’effectuer un stage dans une petite et moyenne entreprise d’au moins six mois en existence contre une allocation mensuelle de Rs 14 000 sur 24 mois. Après ces 24 mois, l’entreprise a le choix d’embaucher son stagiaire. Dans leur lettre, les entrepreneurs observent que ce plan n’est pas respecté dans la mesure où des diplômés qui travaillent déjà ou qui ont leur propre entreprise ont obtenu un stage dans une entreprise alors que cela ne doit pas être le cas. Pour eux, ces stagiaires « are thus fraudulently misappropriating the stipend ».

Dans leur document envoyé à l’ICAC, nous notons que ces stagiaires sont aussi envoyés pour leur formation dans des entreprises qui ne sont pas enregistrées au Registrar of Companies. Certaines de ces entreprises ne respectent pas les critères établis par ce plan qui stipule qu’une entreprise doit, au moins, avoir six mois d’opération pour pouvoir bénéficier d’un stagiaire. Selon ces entrepreneurs, un directeur de compagnie a pu obtenir cinq stagiaires sous le SME Employment Scheme alors que sa compagnie a été enregistrée le 17 janvier 2019 et a moins de six mois d’existence. Ayant cinq compagnies à son actif, ce directeur est dénoncé comme ayant une compagnie qui n’est pas enregistrée auprès du Registrar of Companies. « It can be deducted that companies which are not registered with the Registrar of Companies has been fraudulently used to expropriate funds », révèlent-ils.

Des cas de collusion sont aussi cités par ces entrepreneurs où des stagiaires ont des liens de parenté avec le propriétaire des entreprises. Dans leur lettre, ils citent le nom d’un entrepreneur et de son stagiaire qui habitent la même maison. Il existe même un cas où le fils d’un cadre de SME Mauritius a bénéficié d’un stage alors que ce dernier a la responsabilité d’assurer que ce plan est établi dans le cadre prescrit.

Il existe également des cas où l’allocation mensuelle versée au stagiaire est partagée entre des dirigeants d’entreprises et ses stagiaires. Dans l’un des documents envoyés à l’ICAC, on note que certains stagiaires ont eu leur allocation mensuelle entièrement alors qu’ils ont pris de l’emploi deux semaines avant la fin du mois. « There is no site visit carried out by SME Mauritius Ltd on the premises of the enterprises to verify the attendance of the trainees. Even in case of a surprise visit, it can be stated that the graduate was absent on that particular date, the more so that he is entitled to 10 days leave on full pay », écrivent-ils.

Si ce plan demande au minimum un diplôme de trois ans d’études, certains stagiaires n’ont même pas atteint ce niveau. « Non-degree holders, who have political support are also benefitting under thescheme. Verification of original certificates attesting the degree obtained by the applicants are not carried out by SME Mauritius Ltd », peut-on lire dans le document.

Les premiers stagiaires ont été placés dans les entreprises à partir du 17 septembre 2018. En février de cette année, ils étaient 178 stagiaires qui étaient inscrits sur la liste de SME Mauritius et qui percevaient une allocation mensuelle de Rs 14 000. Le nombre a baissé à 162 stagiaires au mois de mars. Le nombre de 500 stagiaires comme annoncé auparavant par SME Mauritius, selon les entrepreneurs, est faux. La somme totale payée aux stagiaires de Maurice et de Rodrigues s’élève à Rs 15, 2 millions.

Invité à commenter sa démission, Vijay Bundhun n’a pas souhaité répondre, mais a tout renvoyé à SME Mauritius. Il faut noter qu’après le refus de la majorité des anciens employés de la SMEDA de se joindre à SME Mauritius après que l’entité précédente a été démantelée, ils sont déjà sept personnes qui ont quitté la compagnie.

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