SOMMET DU COMMONWEALTH : SAJ met l’accent sur le double défi de Paris

Le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, a lancé, vendredi,  un vibrant appel de la tribune du sommet du Commonwealth à La Valette, Malte pour que le sommet du changement climatique de Paris, COP 21, ne se transforme pas en un dialogue de sourds. Il a saisi cette occasion pour mettre l’accent sur le double défi de Paris dans la conjoncture, soit se présenter comme le symbole de la lutte contre le terrorisme et de la lutte commune pour sauver la planète Terre. En marge des délibérations du sommet, il a également eu une séance de travail avec son homologue de Malte, Joseph Muscat, où il a été question de coopération dans le domaine portuaire, en l’occurrence le potentiel de Maurice en Dry Docking, l’Ocean Economy et les services financiers. A ce dernier chapitre, le scandale de GlobalCapital plc de Dawood Rawat était à l’agenda avec sir Anerood faisant état des risques que constitue cette entité faisant partie de l’empire écroulé de BAI à Maurice. Avec le Retreat des chefs de gouvernement de ce week-end, il est prévu que le Premier ministre tentera de soulever le dossier de la souveraineté de Maurice sur les Chagos avec son homologue britannique, David Cameron, si l’occasion se présente.
Sir Anerood n’est pas allé de main morte au sujet de  l’enjeu du changement climatique. D’entrée de jeu, il a fait comprendre à ses pairs du Commonwealth que « it is high time for us to go beyond words ». A la veille du sommet de Paris, COP21, il a mis en garde contre tout dialogue de sourds qui pourrait se dérouler dans la capitale française en ce début de semaine. « Whilst it is no doubt important for each country to put across its perspectives and concerns, let us caution against engaging in a dialogue of the deaf,” s’est-il appesanti.
Le Premier ministre a poursuivi en faisant comprendre qu’il y a des risques que la récente vague d’attentats terroristes, notamment ceux du vendredi 13 à Paris, pourrait reléguer au second plan la préoccupation majeure du changement climatique. « What happened in Paris on 13 November, the terror attack that has triggered the forging of a new global solidarity to combat the deadly threat of terrorism, should compel us to realise that Climate Change is no less deadly”, dit-il avec force même si la menace de rechauffement global paraît moins immédiate.
Sir Anerood a situé l’importance du sommet de Paris à deux niveaux, d’abord transmettre le message que le monde ne cédera pas aux terroristes. « We will all gather in Paris next week not only because COP 21 so demands but even more importantly, as part of global solidarity that refuses to be cowed down by terrorism. We must therefore see Paris emerge as the symbol of the global fight against terrorism and the symbol of our common battle to save the planet,” a-t-il dit.
Toujours au chapitre du plan d’action, le Premier ministre a énuméré sept obligations cruciales, soit
— un accord universel qui soit juridiquement contraignant
—des réductions significatives et concrètes des émissions de gaz à effet de serre sur la base de « common but differentiated responsibilities »
—une limitation de la hausse de température inférieure à 1,5° C au-dessous des « pre-industrial levels »
— l’élaboration de stratégies de Low Emission Development
—des modalités bien définies pour la mise à exécution des Nationally Appropriate Mitigation Actions (NAMA)
— un mécanisme séparé et distinct sur le plan international sur les pertes et dégâts avec des « climate impacts exceeding the limits of adaptation » et
— le développement  des capacités pour aborder des risques découlant des changements climatiques.
Toutefois, sir Anerood a fait état de l’importance des ressources financières et de l’encadrement technologique pour entreprendre des mesures d’adaptation et d’atténuation.  « It is unacceptable that only 15 per cent of earmarked funding for climate change is presently directed towards adaptation measures. You will agree with me that funding should be in equal proportion for both sets of measures”, soutient-il. Il a confirmé son engagement personnel pour faire avancer le projet de Climate Finance Skills Hub en vue de faciliter l’accès aux finances en faveur des Petits Etats Insulaires en Développement (PEIDS) et les pays moins développés. Ce hub opère à partir de Maurice.
Le temps presse
Le Premier ministre a indiqué que le temps presse et est à l’action car « we do not have room for complacency. It is our responsibility, as world leaders, to commit ourselves to taking Climate Action to ensure the survival of humanity.  If we do not act now, there will be no one left to observe a minute of silence in the memory of our planet.” Auparavant, il a relevé le paradoxe des Etats faisant partie des Small Island Developing States, comme Maurice, qui contribuent le moins au rechauffement de la planète « yet they are the first adversely affected by sea level rise and other effects of climate change ».
Lors de la Retreat des chefs de gouvernement du Commonwealth, ce week-end, sir Anerood tentera de mobiliser des Etats-membres en faveur de Maurice sur le plan de la revendication de la souveraineté sur l’archipel des Chagos à l’approche de l’échéance de 2016 pour le renouvellement du bail des Américains pour l’opération de la base militaire et nucléaire de Diego-Garcia. Dans l’entourage de la délégation mauricienne à Malte, l’on fait comprendre que l’intention du chef du gouvernement est d’aborder la question des Chagos avec le Premier ministre britannique, David Cameron, durant ce week-end.
D’autre part, lors d’un tête-à-tête avec le Premier ministre de Malte, sir Anerood a évoqué des sujets d’intérêt commun, comme la coopération dans le domaine portuaire avec les facilités de Dry Docking et de chantier naval, de l’Etat Océan et une plus étroite coopération entre la Financial Services Commission et la Malta Financial Services Authority. La partie maltaise a exprimé le souhait de voir la signature du Double Taxation Avoidance Treaty intervenir dans les meilleurs délais.
De son côté, Maurice a évoqué le cas de GlobalCapital plc, cette entité avec une participation majoritaire de Dawood Rawat. Les deux chefs de gouvernement ont procédé à des échanges d’informations sur ce scandale, qui présente des risques pour Malte. Dans la journée d’aujourd’hui, le Premier ministre aura des discussions avec ses homologues de St Kitts et Nevis et du Mozambique, entre autres.

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