SOUVERAINETÉ TERRITORIALE : SAJ maintient la ligne dure sur l’ultimatum Chagos

À cinq jours de l’expiration du délai au sujet de l’ultimatum lancé à la Grande-Bretagne au sujet d’une date précise pour le contrôle effectif de la souveraineté de Maurice sur les Chagos, le ton est monté d’un cran. Le Premier ministre, sir Anerood, Jugnauth, qui a reçu jeudi deux émissaires du Département d’État US et du Foreign and Commonwealth Office de Londres, a maintenu la ligne dure sur la question. Il est allé plus loin en rappelant à Patrick F. Kennedy, Under Secretary for Management au Département d’État US et Neil Wigan, Africa Director au Foreign and Commonwealth Office, que les menaces proférées par les États-Unis et la Grande-Bretagne par rapport à l’éventualité d’une Advisory Opinion de la Cour Internationale de Justice sont « totalement inacceptables et constituent une infraction flagrante de leurs obligations en Droit international ». Dans le même souffle, il a soumis une demande de rencontres avec le Premier ministre britannique et le président des États-Unis pour discuter de la question du retour de l’archipel des Chagos sous le contrôle de Maurice.
Ces deux émissaires britannique et américain ont fait le déplacement à Maurice à la demande de leurs pays respectifs en vue de tâter le pouls des autorités mauriciennes sur les Chagos avec l’échéance de fin juin et le renouvellement du bail de la base militaire et nucléaire de Diego Garcia à la fin de cette année. L’attitude exprimée par le chef du gouvernement en est une de non-compromis dans la conjoncture. Un communiqué émis hier après-midi par le Prime Minister’s Office souligne que « the Rt Hon Prime Minister reiterated his request for the return of the Chagos Archipelago by the UK to the effective control of Mauritius by a precise date to be agreed upon. The UK has been asked to give a reply to that request by the end of June 2016 ».
Dans cette même perspective, le Premier ministre a fait ressortir qu’avec la fin de la Guerre Froide et le démantèlement de l’Union soviétique, la thèse de la défense des intérêts de l’Ouest, évoquée par feue Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, ne tient plus la route. « The Rt Hon Prime Minister pointed out that the Soviet Union no longer exists and that the Cold War is over. He highlighted that the UK and the US did not refer anymore to the defence of the West, but were using the term “defence purposes” to argue that the military base in Diego Garcia is important for the fight against terrorism and piracy. The criteria for determining whether the Chagos Archipelago is still required for defence purposes therefore kept changing », ajoute encore le communiqué du Prime Minister’s Office.
Sir Anerood a réitéré le fait que Maurice n’a aucune objection quant à la présence militaire américaine à Diego Garcia. « Mauritius would have no objection to the Diego Garcia military base being maintained for defence purposes in the context of an agreement providing for the return of the Chagos Archipelago to the effective control of Mauritius by an agreed date », a-t-il poursuivi. La position mauricienne se définit comme suit : « Once an agreement is reached on a precise date for the return of the Chagos Archipelago to the effective control of Mauritius and upon the signature of that agreement, Mauritius was even prepared to grant under that agreement a long-term lease to the US in respect of Diego Garcia, subject to the payment of a rent. In that lease, if the US so decides, a clause may be inserted to the effect that it will be renewable on its expiry. »
Une autre condition de Maurice dans le nouveau Chagos Deal post 2016 est que le contrôle sur les autres îles de l’archipel devra être exercé par Maurice et que des ressortissants mauriciens d’origine chagossienne et également les Mauriciens en général devront être en mesure de retourner sur ces îles. « Le retour des Chagos sous le contrôle effectif de Maurice à une date agréée devra compléter le processus de décolonisation de Maurice avec une Win-Win Situation pour Maurice, la Grande-Bretagne et les États-Unis », a déclaré le Premier ministre.
D’autre part, sir Anerood a objecté formellement à la prise de position de Londres et de Washington à l’effet que le recours de Maurice à la Cour internationale de Justice pourrait nuire de manière irrémédiable aux relations bilatérales. Il a fait comprendre que cette intention déclarée de Maurice de saisir cette instance internationale en vue d’une Advisory Opinion ne doit pas être interprétée comme « an unfriendly act since Mauritius is fighting for a legitimate cause ». Pour cause, il a rappelé que dans le passé, la Grande-Bretagne s’est appuyée sur l’Advisory Function de la Cour internationale de Justice.
D’autre art, le Premier ministre n’a pas manqué de servir un rappel à l’ordre aux envoyés anglo-américains au sujet de leurs déclarations quant aux répercussions sur le plan bilatéral. « The Rt Hon Prime Minister made it clear to M. Kennedy and M. Wigan that Mauritius considered the threat from the US and the UK that the request for an Advisory Opinion from the ICJ would cause lasting damage to the bilateral relations of Mauritius with both the US and the UK to be hostile and totally unacceptable and in breach of their obligations under international law », soutient le communiqué officiel du gouvernement.
L’Under Secretary for Management au Département d’État US et l’Africa Director au Foreign and Commonwealth Office ont pris l’engagement de transmettre les points de vue de Maurice à leurs gouvernements respectifs, même si dans l’immédiat, les discussions réclamées avec le Premier ministre britannique et le président des États-Unis semblent être compromises. Avec le vote en faveur du Brexit du jeudi 23 juin, David Cameron a annoncé sa démission en tant que Premier ministre et Barack Obama est sur la voie de sortie vu l’échéance des prochaines élections présidentielles aux États-Unis au début de novembre prochain.

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