SPORTS BILL 2013 : Les débats à l’Assemblée Nationale, La nouvelle loi adoptée avec 31 amendements

C’est dans la soirée de mardi à mercredi que le Sports Bill version Devanand Ritoo a été adopté par la majorité parlementaire après que des amendements ont été apportés à 31 sections du texte de loi. Une soirée pour le moins mouvementée  à l’heure des débats puisque le Speaker, comme son adjoint, ont souvent dû user de leur pouvoir pour calmer les esprits surchauffés. Mais aussi au coup de minuit lorsque l’Opposition décida de prendre la porte de sortie après l’intervention de Steven Obeegadoo. Mais les déceptions, il y en a eu beaucoup dans ce débat. S’il faut saluer l’intervention de qualité qu’a faite Lysie Ribot — dont le discours a été écouté comme un sermon dans une église — la seule femme députée de cette assemblée qui s’est intéressée à ce projet de loi contrairement au duo Nita Deerparlsing-Stéphanie Anquetil qui s’est comporté comme des gosses dans une cour de récré, lançant à tour de bras des invectives au lieu d’apporter une contribution constructive à ce projet de loi. Chacun sa route chacun son chemin…comme dit le chanteur français Tonton David.
Faut dire que la séance de mardi dernier, le banc du gouvernement n’a pas trouvé d’orateur assez solide, mais surtout qui dispose d’une maîtrise à toute épreuve du dossier sport pour défendre la loi qui était présentée. Mis à part l’intervention de Reza Issack, dont on a tout de suite senti que c’est plus le journaliste que le politicien qui parlait, qui a retenu l’attention, les autres intervenants dans le rang du gouvernement n’ont rien apporté pour contrecarrer les arguments choisis par l’Opposition pour contester ce projet de loi. Notamment sur la question du retour des clubs communaux.
L’intervention du ministre Mukeshwar Choonee a  plutôt fait rire la galerie qu’autre chose. Surtout à un moment, où il ne savait pas le poste qu’occupait le ministre Ritoo lorsque celui-ci était footballeur au sein des Cadets, alors que l’intervention de Chedumbrum Pillay (Technologie) n’a été rien d’autre qu’une litanie contre le député Veda Ballamody. Ce qui démontre dans une très large mesure le niveau ou les considérations de nos représentants sur le dossier sport…Passons
Sans doute, l’expérience d’une ex-sportive qui a beaucoup influé était le discours de Lysie Ribot qui a aussi mis en avant ses conditions de femme et n’a pas manqué de mettre en exergue toute l’incompétence qui caractérise la Commission Nationale du Sport Féminin. «La femme, débordée par ses occupations et sa famille, essaie de trouver tout juste un peu de temps pour pratiquer la marche, le yoga, le zumba qui sont des disciplines individuelles.  Combien de femmes pratiquent aujourd’hui un sport collectif tel que le volleyball, le basketball ou le handball ?  Elles vont le faire quand elles sont encore à l’école  mais une fois qu’elles quittent l’école, c’est fini. Nous avons une commission nationale de sport féminin composée d’une présidente et de dix autres membres, non seulement cette commission est une plateforme idéale pour récompenser et caser les agents politiques, jobs for the girls, mais si au moins les membres de cette commission étaient well-versed dans la chose sportive.  Loin de là ! J’aimerais que l’honorable ministre vienne nous dire quel a été l’apport de cette commission sur le plan national ces dernières années», s’interroge la députée qui se demande aussi si cette commission a déjà fait une étude afin de savoir ce qui intéresse le plus les femmes ou de savoir ce qui empêche plus de femmes à pratiquer un sport quelconque ou l’heure et le lieu qui leur sont les plus propices ? C’est toujours au nom de ces femmes qui ont péri dans l’incendie de l’Amicale qu’elle a demandé que le gouvernement ne vienne pas de nouveau avec le football communal.
Reza Issack a beaucoup étonné dans son intervention. Après une sortie en règle dans la presse sur la démarche pour un retour des équipes communales par le biais d’une ligue semi professionnelle, le député correctif de Rose-Hill a trouvé les mots pour soutenir ce projet. «Il ne faut pas faire l’amalgame.  C’est vrai qu’après, ou bien pendant le match de Zamalek et de Sunrise, il y a eu des problèmes, mais  pourquoi ces problèmes ont-ils eu lieu ?  C’est la question qu’il faut se poser. Imaginez une communauté ostracisée, une communauté marginalisée, finalement pas un seul ministre de cette communauté au sein du gouvernement !  Comment est-ce qu’on a pris cela ? Et finalement, la cocotte minute a éclaté dans le stade.  Donc, il faut comprendre cette réaction» a soutenu le député.
Admonitions du CIO
Toutefois, l’intervention de Steven Obeegadoo n’a pas manqué d’attrait dans ce qui se résumait à un match politique autour d’un projet de loi sur le sport. « L’on s’attendait, suite aux admonitions du Comité Olympique International, que ce projet de loi soit aussi l’occasion de redéfinir l’équilibre entre l’exercice régalien de l’État et l’autonomie à être accordée au monde du sport à Maurice. Donc, l’on s’attendait à ce que ce projet de loi ramène une certaine sérénité dans ses relations entre État et la société civile eu égard au sport.
D’autre part, il y a une autre dimension encore plus importante à ce projet de loi.  C’est l’intention avouée de redonner vie aux clubs dits traditionnels dont mention avait été faite dans les consultations que menait le ministère auprès de certains au sein de la communauté sportive à Maurice, et puis, bien évidemment au cours du discours du budget. Et des lors, lorsqu’on parle de retour aux clubs traditionnels, l’on parle de retour aux clubs qui ont toujours été sujets à une identification communale. Ce projet de loi soulève toute la problématique du communalisme et le communalisme associé», dira le député de Curepipe. Il dévait ajouter que ce projet de loi touche à ce qu’il y a de plus fondamental pour la nation Mauricienne, son existence même, son unité. Ce projet de loi ranime toute notre mémoire historique des incidents du passé.
Pour diverses raisons qu’il a évoquées, des raisons historiques comme actuelles, pour rejeter ce texte de loi et son projet de football communal. Le député a aussi trouvé intriguant que les clubs de football  existants ne sont pas pris on « board » dans ce projet de ligue semi professionnelle et y voir dans ce texte un projet d’identification communale et «pé gratte lédos malheur». Lorsqu’il a terminé son interveniton et pour diverses raisons qu’il a évoquées notamment sur la volonté du ministre  pour contrôler les clubs et les fédérations, les députés MMM et MSM ont effectué un walk-out.
Attendre que Maurice soit suspendue
C’est donc face aux bancs vides de l’opposition que Devanand Ritoo a fait son summing-up. Le ministre a insisté que son projet de loi est soutenu par le CIO. «Je suis écoeuré de voir que certains tentent d’utiliser toutes sortes de subterfuges afin de retarder l’adoption de cette nouvelle loi et qui se frottent déjà les mains en attendant que Maurice soit suspendue par le Comité International Olympique.  Voilà des pyromanes qui sont à l’oeuvre dans l’ombre afin de jeter le blâme sur le ministère pour ensuite se déguiser en pompier.   En ce qui concerne notre part de responsabilité,  nous avons travaillé de concert avec le CIO et le Sports Bill présenté devant l’Assemblée nationale est le résultat d’une consultation continue», dira encore le ministre qui a ajouté sa rencontre, au lendemain de la présentation de la loi, avec les fédérations.
Pour justifier les tours de vis qui ont été mis dans la loi, le ministre devait parler de ses expériences avec certains dirigeants sportifs. Dans la foulée, le président du Comité Olympique Mauricien, Philippe Hao Thyn Voon, devait en prendre pour son  grade, tout comme l’ex-présidente de la Fédération mauricienne de Natation, Doreen Tiborcz et son homologue de l’haltérophilie, Nundkishor Fakun. Mais reste que l’intervention de ce petit détour est plus hors contexte dans la mesure où tirer à boulets rouges sur ces dirigents sportifs n’apportent rien de constructif dans ce débat, surtout que ces derniers ne seront pas en mesure de se défendre.
«Certains journaux ont titré le Sports Bill comme antidémocratique. Est-ce que donner plus d’autonomie aux fédérations est antidémocratique? Est-ce que donner plus d’autonomie au comité olympique mauricien est antidémocratique? Est-ce qu’empêcher la prolifération des fédérations et des clubs fictifs  est antidémocratique? Pour ma part je vois rien d’antidémocratique dans la nouvelle loi», dira-t-il encore.
Il devait conclure qu’il existe une très large concencus autour de son texte de loi. «Les choses ont changé, il est temps d’aller de l’avant. Le nouveau Sports Act est une loi historique qui entrera dans les annales du sport mauricien, n’en déplaise à certains», a-t-il conclu avant de présenter les 32 amendements et la loi fut adoptée peu avant 1h20 du matin.

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