ST-GÉRAN : La contreverse

Encore un projet hôtelier et touristique qui suscite de grosses interrogations quant à son impact sur l’environnement et l’éco-système marin. Celui de One and Only le St-Géran de l’Investment Corporation of Dubai qui a démarré les travaux de construction de 60 villas grand luxe sur son parcours de golf. Au programme,  installation de récifs artificiels, passage comblé pour accéder à l’îlot Banane et, sur les reproductions des dessins du projet réalisé, l’impression très nette que la carte côtière va changer.
C’est le 22 décembre 2015 que l’Investment Corporation of Dubai dont le président est  le Sheik Mohammed bin Rasid Al Maktoum, actionnaire du Groupe Kerzner, propriétaire du St-Géran One and Only, fait une demande formelle auprès des autorités mauriciennes pour un projet de création de nouvelles villas sur son terrain de golf couplé à une rénovation de l’établissement existant.
Tout a l’air correct jusque là. Jusqu’à ce que l’Environnement entre en jeu pour le volet le plus crucial du dossier, les conditions de l’Environment Impact Assessment, les travaux impliquant de profondes modifications de toute cette partie de la région côtière de Belle Mare.
Au départ, les conditions posées par l’Environnement sont classiques et strictes. Et en sus, elles sont catégoriques sur deux points extrêmement sensibles dans la correspondance du 6 décembre 2016 autorisant le projet. Il est expressément écrit sous la plume de la directrice de l’Environnement  Mme D. S. Lan Ng Yun Win, que “the removal of the three existing break waters and the construction of two offshore artificial reefs on either side of Ilot Banane have not been recommended.”
Sinon, il y a d’autres conditions d’usage comme la nécessité d’un relevé topographique venant d’un Sworn Land Surveyor pour bien définir “the old and the new High Water Mark along the hotel’s sea frontage and that of îlot Banane”,  du respect du Removal of Sand’s Act, de la demande d’un Interference permit auprès du ministère de l’Économie océanique “since the site for sand excavation and beach reprofiling falls within the Post Lafayette Fishing Reserve…”
Le revirement de février 2017
Ce qui taraude le plus dans ce dossier, ce sont les assouplissements successifs consentis au promoteur sans que les garanties de la préservation de l’environnement ne soient manifestement assurées. Il y a ainsi un revirement de situation inexplicable comme en témoigne la nouvelle correspondance de Mme Lan Ng Yun Wing en date du 3 février 2017.
Elle est une réponse à une lettre du représentant du promoteur demandant que certaines conditions soient revues dont celles extrêmement sensibles des breakwaters et des artificial reefs. L’Environnement écrit, cette fois, que “due consideration has been given to the request and this is to inform you that the proposed removal of the three existing breakwaters and construction of artificial reefs on either side of îlot Banane can be undertaken.”
Les conditions supplémentaires à cette inexplicable capitulation administrative portent sur un “beach profile survey in front of Saint-Géran and adjacent beaches including those of îlot Banane and an ecological survey in the lagoon to be used as baseline.” Quelques autres exigences sont également adjointes dont un suivi de la part du ministère de l’Économie océanique.
Juste avant que les travaux ne démarrent au début de septembre, le promoteur aurait obtenu de nouveaux assouplissements de ses conditions EIA, ce qui a le don d’alimenter les inquiétudes des pêcheurs à qui une compensation de Rs 20000 a été offerte… alors que le projet est d’un montant  de Rs 7,3 milliards combinés sur les deux volets, les nouvelles villas et la rénovation du St-Géran.

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