STATE HOUSE CONNECTION : La pression s’accentue sur Ameenah Gurib-Fakim

Les séquelles de la guerre d’e-mails entre « d’anciens camarades de l’Alliance Lepep » : d’un côté, une aile à l’hôtel du gouvernement, et de l’autre, l’ancien ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, pèsent lourd sur les épaules de la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim. Le dernier développement en date se résumera à une lettre officielle du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, et signée par des partis et parlementaires indépendants, siégeant dans les rangs de l’opposition, demandant à Ameenah Gurib-Fakim de « step down » de ses fonctions à la State House en raison de la controverse soulevée avec les procédures pour les Global Business Licences et l’Investment Banking Licence pour l’ASA Group d’Alvaro Sobrinho. Ce “move” politique, initié en ce début de semaine, devra être concrétisé d’ici la fin de la semaine. En parallèle, sur le plan politique, la guerre des tranchées à coups d’e-mails entre une aile au sein du gouvernement et l’ancien ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, se poursuit. Chaque camp se renvoie la responsabilité des contacts avec Alvaro Sobrinho et ses plus proches collaborateurs depuis mai 2015 (voir la séquence des principaux messages électroniques échangés plus loin).
Au sein de l’opposition parlementaire, une unanimité se dégage en vue d’obtenir la démission de la présidente de la République, étant donné les derniers détails, qui ont émergé quant à la présence d’Ameenah Gurib-Fakim au centre des procédures pour l’obtention des permis de la FSC en faveur d’Alvaro Sobrinho. Le leader du MMM, Paul Bérenger, est revenu samedi sur sa demande, adressée à la chef d’État, pour qu’elle se retire de la State House dans la conjoncture. D’ailleurs, le MMM, qui se réunit cet après-midi, se penchera de nouveau sur cette question cruciale.
De son côté, le leader de l’opposition et du PMSD, Xavier-Luc Duval, a pris la décision de remettre à la présidente de la République, à son retour d’une mission officielle à Harvard, aux États-Unis, une lettre lui demandant officiellement de « ‘step down’  dans l’intérêt du pays ». En 25 ans de République, ce sera l’une des premières fois, où le chef d’État est acculé à la démission dans de telles circonstances. Il y a eu certes le cas de l’ancien président Cassam Uteem, qui avait soumis sa démission pour avoir refusé de donner son Assent à la Prevention of Terrorism Act ou encore celle de sir Anerood Jugnauth pour se jeter dans l’arène politique plus récemment.
« Je compte adresser une lettre à la présidente de la République pour lui demander de ‘step down’ dans l’intérêt de Maurice. Une telle situation ne peut durer sans nuire à la réputation du pays sur le plan international. Je demanderai au leader du MMM de souscrire à cette démarche de l’opposition en apposant sa signature au bas de la lettre. Le leader du Mouvement patriotique, Alan Ganoo, sera aussi appelé à soutenir cette demande de même que les députés siégeant en indépendant dans les rangs de l’opposition. Cette démarche devrait se concrétiser d’ici la fin de la semaine », a confirmé ce matin le leader de l’opposition au Mauricien au téléphone.
« La présidente de la République n’est pas guilty of anything. Mais, il y a la réputation de Maurice à garantir sur le plan international. En plus, avec de telles fonctions, elle est la garante de la Constitution », poursuit Xavier-Luc Duval. Cette initiative politique venant de l’opposition mettra dans l’embarras non seulement Ameenah Gurib-Fakim mais également le gouvernement, notamment des Senior Ministers of Government, qui n’ont pas hésité à apporter leur soutien à la présidente. Officiellement, l’entourage d’Ameenah Gurib-Fakim affiche qu’il n’est nullement question pour elle de soumettre sa démission sur cette affaire.
Si en public, le gouvernement donne l’impression de faire cause commune et bloc pour contrer la campagne contre la présidente de la République, en privé, la donne semble être plus nuancée. Certains des membres du gouvernement n’hésitent pas à confier en privé que « s’il y a un problème avec les procédures pour les permis, ceux qui sont responsables doivent assumer ». Mais, une question persiste, celle de savoir « s’ils sauront en dire autant en public ».
Toutefois, la guerre des messages électroniques déclenchée vendredi a apporté une nouvelle tournure à l’Alvaro Sobrinho Saga. Le décryptage de la teneur de cette série d’e-mails entre le 5 mai 2015 et le 27 août 2015, dont celui de 20 heures de la présidente de la République, remerciant Akilesh Deerpalsingh, vice-président de la Financial Services Commission « for having facilitated this process (procédures pour les permis en faveur d’Alvaro Sobrinho) ; Kind regards to the Minister », donne lieu à une confrontation directe entre le Premier ministre et le leader du MSM, Pravind Jugnauth, et l’ex-ministre Bhadain.
Tenant compte que la première correspondance du 5 mai adressée au Permanent Secretary, Ministry of Technology and Communication, et portant sur « our project linking banking with investment in innovation technology », Roshi Bhadain maintient qu’il ne peut être l’interlocuteur ministériel de Mauricio Fernandes, Chief Executive Officer du Planet Earth Institute.  « Minister-la pa mwa sa. Pravind Jugnauth sa », martèle Roshi Bhadain, de Londres.
À l’hôtel du gouvernement, la riposte se fait sous la forme d’un autre e-mail du 10 août 2015, soit quatre jours après la présentation par Alvaro Sobrinho du 6 août 2015 au ministère des Services financiers sur le projet d’ASA Group. Ce message est adressé par le même Mauricio Fernandes à P. K, Kuriachen, Acting Chief Executive Officer de la Financial Services Commission où il est dit : « I am writing to thank you for your support last week, when we met at the invitation of the Honourale Minister. »
 « Sa minister-la ki senn-la. Fode aveg pou trouve ki pa Roshi Bhadain », avance-t-on dans les rangs du gouvernement. Avec la déposition sous forme de Precautionary Measure à la police par Akilesh Deepalsingh, au sujet des fuites d’e-mails, ce dossier pourrait donner lieu à une enquête du Central CID à la demande d’un des Senior Ministers cités…

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