STEEVEN SHAW : Le passé en héritage

Il évolue dans plusieurs types d’arts. À 27 ans, Steeven Shaw a déjà acquis des connaissances en photographie, en informatique et en digital art. Mais s’il en est arrivé là ce n’est pas sans peine. Alors qu’il n’avait que 6 ans, le jeune Steeven perd son père dans un accident de moto. C’est là que tout bascule pour lui. “Grâce à l’aide et au soutien de mon parrain, Jody Barnes, que je suis parvenu à surmonter cette très rude épreuve. Il faut dire qu’il nous a beaucoup aidés, mon frère et moi, surtout financièrement”.Ce parrain lui a offert son premier ordinateur lorsqu’il avait 15 ans. Sa vie prend alors un nouveau tournant. Il s’intéresse à la création de sites web. “J’ai suivi des cours en électronique pendant quatre ans, mais ce n’était pas vraiment mon truc. J’ai fait énormément de lecture sur l’informatique et j’ai appris à créer des sites internets seul. Je me suis spécialisé dans la sécurité en informatique et j’ai maintenant des clients locaux et internationaux qui me demandent de créer des sites ou à sécuriser leurs sites.”Aujourd’hui, il est reconnaissant envers sa mère qui, dit-il, a toujours soutenu son frère et lui, dans toutes les épreuves.
Maurice en héritage
Steeven Shaw tient également un site internet où il y expose les photographies anciennes de Maurice. Mauritage.comnous transporte vers des paysages d’une île Maurice qui vit encore dans le souvenirs de nos aînés. En noir et blanc ou en couleur, les photos de ce site demeurent un trésor inestimable du patrimoine culturel mauricien. “L’idée est venue il y trois ans. Une année plus tôt, j’ai découvert chez mon oncle une caméra digitale. Mes toutes premières photos, qui étaient en noir et blanc, je les ai trouvées assez bien. Je me suis lancé dans l’achat de mon propre appareil, j’ai appris à le manier et j’ai pris ma fiancée comme modèle.” Outre sa passion pour la photo en noir et blanc, l’intérêt de Steeven Shaw pour connaître l’île Maurice d’antan avec sa culture et ses paysages n’a fait qu’accroître en écoutant les récits de jeunesse de ses grands-parents. Récits qui ont aiguisé la curiosité de Steeven qui s’est vite lancé à la découverte de cette époque révolue des trains et des “saret bef”. Pour lui, il ne faisait aucun doute qu’il en subsistait des traces, du moins photographiques. “Je voulais le découvrir de mes propres yeux, mais ce n’était pas facile de trouver les photos. J’ai alors découvert une page sur un réseau social qui partageait des photos anciennes et je leur ai proposé mon aide afin de créer un site pour leurs photos mais certains contributeurs ont refusé. Alors, j’ai décidé de créer mon propre projet et mon site. C’est ainsi que Mauritage est né.”
Christian Breville, Jean-Baptiste Urbini, ou encore des particuliers, sont des personnes que Steeven Shaw ne regrettera certainement pas d’avoir rencontrées. “Christian Breville, je l’ai rencontré au Musée de la Photographie ; il est d’ailleurs extrêmement sympa et il m’a beaucoup aidé. Jean-Baptiste Urbini, collectionneur et co-auteur du livre “200 ans de courses hippiques à Maurice”, m’aide beaucoup aussi. J’ai également découvert des sites qui vendaient des anciennes cartes postales, j’achète sur internet ou avec des collectionneurs. En ce moment, chez moi, j’ai des photos de tout ce qu’était Maurice auparavant.” Et les gens qui l’ont inspirés?“L’inspiration vient de mon père, j’avais besoin de trouver quelque chose pour m’exprimer. Ensuite, il y a Albert Einstein. C’était un homme extrêmement intelligent, même s’il n’a pas réussi dans ses études; c’est ce qui m’a impressionné chez lui.”
La photographie :une passion, un exutoire
Le noir et blanc? “Ce qui m’attire dans ce type de photo c’est que même si elle est en noir et blanc, elle comporte beaucoup de messages. C’est un jeu avec la lumière et le contraste. De plus, autrefois, la couleur n’existait pas mais les photos étaient toutefois magnifiques”. Son projet Mauritage, dit-il, “c’est aussi une façon de faire découvrir aux jeunes ce qu’était Maurice avant et d’ailleurs beaucoup de jeunes se sont intéressés à ce que je fais. Je m’intéresse beaucoup aux gens, à ce qu’ils faisaient avant, à la culture; j’ai découvert que notre île a de multiples cultures. Sur les photos où on voit les maisons en paille, on voit aussi des gens qui étaient heureux avec ce qu’ils avaient, les familles indiennes vivaient simplement… bref, on y découvre un monde à part. Maurice était magnifique en ces temps-là.”
La mort de son père a provoqué chez le jeune homme un besoin de s’exprimer, d’évacuer sa souffrance, de s’évader. Il le fait à travers ses photos et l’écriture. À l’âge de 21 ans, Steeven Shaw découvre photoshop. “Le décès de mon père m’a beaucoup affecté parce qu’on était très proche. J’avais besoin de m’exprimer. Je dessinais de temps à autre, mais photoshop est un moyen pour moi de m’exprimer. J’y apporte toutes mes émotions. J’écris aussi des pensées pour exprimer ma souffrance, car cela m’aide à m’évader et à oublier.” Mais son écriture est un moyen également de mettre sur papier son expérience personnelle et les choses qu’il observe autour de lui.
Le jeune homme est employé dans une compagnie qui fait des retouches photos. Il investit d’ailleurs seul dans l’achat des photos, des livres, et dans son site. Il aime la musique, apprécie la franchise des gens, et se dit toujours prêt à aider n’importe qui. “Aujourd’hui, je suis devenu quelqu’un de très solide et fort mentalement, car j’ai aussi perdu mon meilleur ami Nathanael. Et si j’ai un conseil à donner aux jeunes, c’est de ne jamais abandonner. Il y a toujours pire dans la vie, il ne faut pas se laisser aller et il faut trouver sa propre voie. J’espère seulement que les jeunes restent forts car il y trop de jeunes qui se laissent aller.”

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