STÉPHANE SERVANT : Qui maîtrise la langue, maîtrise le monde

Auteur, Stéphane Servant se consacre à la littérature jeunesse. Il pose un regard sur la réalité par le biais de la fiction. Son souci principal c’est d’écrire d’abord une histoire. Ensuite, tout lui est permis pourvu qu’il ne perde pas le lecteur. On trouve chez cet auteur une variété de thèmes, un regard vif sur le monde, la finesse de la plaisanterie, la non-convenance du style, une écriture faite de contrastes pour mieux brouiller les pistes et surprendre son lecteur. Rencontre avec un auteur qui vient brouiller le jeu d`un code stylistique bien défini.
Il est entré en littérature par la lecture de contes traditionnels comme ceux de Grimm et a été fasciné par le pouvoir d’évasion et le pouvoir des mots dans ces textes. C’est un enchanteur capable de noyer le poisson, brouiller tous nos repères. Il ne pense pas au public ! La conclusion dans ses livres lui appartient. Stéphane Servant se consacre à plein temps à l’écriture d’albums jeunesse et de romans pour grands ados.
Il a été intervenant en milieu scolaire, illustrateur de presse et a pratiqué les arts du cirque. Lorsqu’on l’interroge sur cette variété de domaines auxquels il a touché, il nous dit que l’idée centrale c’est de s’adresser à l’enfance : « Interroger l’enfant sur le monde, le faire comprendre qui maîtrise la langue maîtrise le monde. »
Stéphane Servant a cherché, à travers le cirque et le conte, le moyen le plus direct pour s`exprimer. Notre auteur cherche à travers le parcours de personnages atypiques, complexes, les jeux spatio-temporels, le mouvement narratif, à peindre un univers singulier. Son récit fonctionne comme une sorte de mise en abyme d’un ailleurs, des lieux que l’auteur suggère fortement par des signes renvoyant au réel. Il investit l’histoire et lui apporte une sorte de « vérité », mais les jeux du merveilleux mettent en branle d’autres significations. Raison pour laquelle on trouve dans ses livres plusieurs écritures : les illustrations qui sont une écriture complémentaire, une écriture symbolique (…je cherche quelque chose de très symbolique, psychologique dans l’histoire…).
Ne serait-ce pas cette écriture même qui dérange parfois (Guadalquivir), brouille les pistes. Stéphane nous dit sans détour qu’il questionne le monde, traite de la marginalité, de la folie, entre autres thèmes. Pour ce qui est de la forme, l’album présente à ses yeux une économie de moyens alors le roman permet une écriture poétique, épuré. Il écrit d’abord une histoire, ensuite la propose à des éditeurs. S’ensuivent des discussions entre auteur-illustrateur-éditeur pour un projet commun. Stéphane nous dit que l’illustration permet d’avoir « un enrichissement par l’image, de démultiplier les pistes afin que tout le monde puisse trouver quelque chose… ». Il y a aussi la question du partage de la lecture : l’enfant qui ouvre l’adulte sur le monde. Stéphane se souvient de cette petite fille qui guidait son grand-père lors d’un salon du livre.

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