Sûreté aéroportuaire : SSR International Airport—So far so good

Les balles retrouvées sur un Sud-Africain à bord du vol MK441d’Air Mauritius en provenance de Perth dimanche dernier nous ont rappelés au bon souvenir de la sécurité et de la sûreté aériennes. Rappel surtout que le risque zéro n’existe pas et qu’une vigilance de tous les instants est absolument nécessaire pour que les passagers qui effectuent un voyage à bord d’un avion le fassent dans les meilleures conditions.

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En termes de transport aérien, il faut distinguer la sécurité, qui correspond aux actions comme la maintenance des avions, la formation des pilotes et le contrôle aérien, et la sûreté, qui est l’ensemble des procédures permettant d’éviter les risques d’attentat ou d’agression à bord d’un avion. Chaque passager peut représenter un danger potentiel pendant un vol. C’est la raison pour laquelle est effectué un contrôle de sûreté strict avant les embarquements.

Week-End a voulu en savoir plus sur le processus de sûreté en vigueur à l’aéroport SSR à travers un reportage et un constat de visu des procédures en place actuellement. Si dans un premier temps Airport of Mauritius (AML), responsable des services de sûreté aéroportuaire à Maurice, avait positivement répondu à notre requête à travers le Prime Minister’s Office, avec évidemment quelques réserves à observer s’agissant d’informations confidentielles et sensibles, le jour du rendez-vous, les responsables d’AML ont fait volte-face, évoquant les maîtres mots de confidentialité et de sécurité. Il échut donc au chargé de communication le soin de nous expliquer et raconter les procédures en cours à l’aéroport de Maurice, cela agrémenté d’anecdotes fort intéressantes. Qu’à cela ne tienne, le plus important était de pouvoir informer nos lecteurs qu’AML ne lésine pas sur les moyens et la vigilance en termes de sûreté. Malheureusement, Week-End n’a pu éventuellement le constater de visu.

Tout voyageur connaît le rituel. Pour accéder à l’espace d’embarquement, il faut traverser la “zone de détection et filtrage”. Les passagers franchissent un portique détecteur de métaux, tandis que les bagages à main, les fioles de liquide et de gel ou les ordinateurs sont convoyés par tapis roulant vers l’enceinte à rayons X. C’est là que la sûreté des vols se joue : armes, explosifs et substances chimiques interdites doivent être interceptés afin d’éviter qu’un terroriste, un déséquilibré voire un simple oubli ne mettent en danger le vol.

Or, l’incident de dimanche dernier survenu à Perth, un aéroport sous haute surveillance, et détecté accidentellement pendant le vol, a jeté un sérieux doute sur la question. Peut-on être sûr de l’efficacité absolue de ce filtrage ? Pour l’heure, il n’y a pas d’information publique d’une quelconque prise à défaut des systèmes de sûreté à l’aéroport de Maurice. « Nous avons un des systèmes les plus performants et l’aéroport de Maurice est reconnu dans le monde pour être sûr », avance un cadre du SSR International Airport, qui dit « sympathiser avec nos confrères de Perth pour ce malheureux incident de dimanche dernier », admettant du bout des lèvres que le risque zéro n’existe pas.

Les balles retrouvées dans le bagage à main d’un Sud-Africain.

Un chargeur de pistolet et 10 balles

L’efficacité d’un service de sûreté se mesure avant l’embarquement et l’opération de filtrage des objets dangereux et interdits ou de fouille de personnes est le moment clé de cette opération. Et ce n’est pas peu fier que le représentant d’AML nous conte la belle prise du 12 mars 2018, jour même où le pays célébrait en grande pompe son 50e anniversaire de l’accession à l’indépendance. Une histoire qui a des ressemblances frappantes avec l’incident de Perth. En ce 12 mars 2018, alors que la routine de la vérification des bagages à main et des fouilles individuelles se poursuivent pour un vol en direction de Johannesburg, le système de détection de l’aéroport découvre un chargeur de pistolet avec onze cartouches de 10mm dans le sac à main d’une Sud-Africaine en transit à Maurice (voir hors texte).

Coup de chance ou efficacité du système de contrôle à l’aéroport ? Toujours est-il qu’une prise d’une telle envergure ne peut que rassurer les passagers qui utilisent l’aéroport SSR. Et plus encore, renforcer sa crédibilité vis-à-vis de la Commission européenne de l’aviation civile et l’agence de Sécurité aérienne des États-Unis (FAA), deux organismes qui veillent à la qualité de sûreté et de sécurité des aéroports et des compagnies aériennes à travers le monde.

En ne garantissant pas à leurs passagers des conditions optimales de sécurité, certaines compagnies aériennes sont interdites de vol en Europe. Régulièrement, la Commission européenne met à jour la liste des transporteurs qui font l’objet d’une telle interdiction ou pour lesquels des restrictions d’exploitation ont été décidées. Des débats s’articulent aussi sur la mise en place d’une liste noire des aéroports mondiaux basée sur des critères de sûreté aéroportuaire. Si un aéroport n’atteint pas les niveaux de sûreté requis et capables d’assurer une sécurité totale à ses passagers, il serait interdit de liaison depuis les aéroports européens.

SSR Airport 97e mondiale et 4e Africain

L’agence de sécurité aérienne américaine dispose aussi d’une liste d’aéroports jugés trop peu fiables pour desservir le sol américain. L’aéroport de Maurice ne figure pas sur cette liste et si cela peut faire plaisir à AML, il convient de souligner que le SSR International Airport figure parmi le Top 100 des aéroports (97e place contre 103e l’année dernière) de l’agence de notation Skytrax en étant le quatrième aéroport de la région Afrique derrière l’indétrônable trio sud-africain Cape Town, Durban et Johannesburg.

Le cas exceptionnel du chargeur à pistolet en termes de dangerosité ne saurait être l’arbre qui cache la forêt des interceptions quotidiennes et courantes d’objets interdits en vols comme les produits liquides, aérosols et gels destinés à l’usage en cabine, qui ne doivent pas dépasser les 100 ml chacun et 1000 ml pour tous les produits combinés qui doivent également être présentés séparément pour inspection. Cette mission d’inspection est assurée par plus de 200 officiers d’AML. Ils sont responsables de la protection aéroportuaire contre tout acte illicite menaçant l’aviation civile, du bon déroulement des opérations et de la mise en application et au respect des directives et règles de sûreté établies par l’autorité régulatrice, le département de l’aviation civile mauricienne.

En effet, si le contrôle primaire des points d’accès à l’aéroport est fait par la Police de l’aéroport, le contrôle secondaire dans la zone contrôlée dite “côté piste” est assuré par le département de sûreté d’AML. Le dispositif sécuritaire aéroportuaire dispose d’un réseau de plus d’une centaine de caméras de vidéo surveillance qui couvrent l’ensemble des opérations aéroportuaires et particulièrement les zones sensibles.

Si le nombre quotidien de passagers qui transitent à l’aéroport varie en fonction des mois, une moyenne de 5 000 passagers au départ passe à travers la sûreté aéroportuaire tous les jours. Selon les dispositions de réglementation locale, tous les bagages de soute ainsi que les bagages cabine sont sujets à un exercice rigoureux de contrôle et de filtrage qui vise à empêcher le transport d’objets ou de substances prohibés. Ce qui équivaut à une moyenne de 5 000 scans effectués quotidiennement pour détecter tout produit illicite en cabine. Selon les procédures établies, les bagages destinés à être transportés en cabine sont scannés au moment où le passager entre dans l’espace contrôlé, appelé la zone stérile et se trouvant avant la salle d’embarquement.

Parallèlement, les passagers sont soumis à la détection corporelle. L’aéroport SSR, comme tous les aéroports internationaux, possède différents portiques détecteurs de métaux – que ces métaux aient des propriétés magnétiques fortes (comme le fer) ou faibles (le titane, l’aluminium, etc.). Ainsi, les voyageurs doivent impérativement passer au travers des portiques de détection, la mesure étant de s’assurer qu’aucun passager ne porte sur lui un objet interdit en vol, ne serait-ce qu’une lime à ongles. Au préalable, les passagers doivent vider leurs poches, de même que retirer les ordinateurs portables et autres objets électroniques pour être scannés séparément, car cet exercice de détection vise principalement à détecter la présence d’objets métalliques.

À savoir que la liste des objets prohibés peut varier d’un pays à l’autre. Il est de ce fait important pour les passagers de consulter les informations appropriées avant leurs voyages afin d’éviter tout désagrément. À Maurice, c’est le département de l’aviation civile qui régit cette liste, précise AML, qui rappelle qu’elle comprend de nombreux objets du quotidien, mais dont l’utilisation peut malheureusement être détournée afin de nuire ou de causer des dommages à bord d’un avion. « D’où la raison de l’interdiction. Il faut aussi savoir que cette liste évolue de façon dynamique et s’adapte à l’évolution de la situation locale et internationale », explique la compagnie. En cas de signal positif du portique, les agents de sûreté procèdent à une palpation sur le passager et à l’utilisation d’un détecteur électronique à main afin d’identifier la source du problème. Les VIP sont sujets au même protocole de sûreté, affirme AML.

Les saisies sont quotidiennes, nous dit-on, avec principalement des objets de la catégorie (LAG) — liquides, aérosols et gels — de plus de 100ml dans les bagages cabine qui sont confisqués. Il est aussi courant que des canifs, couteaux suisses et autres petits objets tranchants soient interceptés sur les passagers ou dans les bagages destinés en cabine, indique AML, sans toutefois révéler le nombre de saisies par jour. En accord avec la réglementation locale, les objets confisqués sont détruits. Cependant, lorsqu’il s’agit de cas suspecté de contrebande, les autorités compétentes, en l’occurrence la police et le service douanier, prennent le relais après l’exercice de détection, fait ressortir AML. Il existe ainsi une coopération et des échanges entre les départements de l’aviation civile des différents pays. Dans tous les cas de saisies dangereuses, les communications se font interagences.

250 serins jaunes

«S’agissant des bagages en soute, tous, à 100%, passent à travers un système moderne et élaboré de détection», souligne AML. Ainsi, une fois enregistrés, les bagages de soute sont placés sur des convoyeurs qui les transportent à travers un mécanisme de filtrage, comprenant pas moins de cinq niveaux de contrôle. Ce système combine des équipements de détection automatisés ainsi qu’une supervision humaine par des agents de sûreté. «Il est possible de visualiser le contenu des bagages grâce aux rayons X, qui génèrent une imagerie haute définition et en couleur », explique-t-on. Afin de distinguer, en trois dimensions qui plus est, les différentes formes et les matières, ainsi que la présence de substances, tels les liquides et gels, au dernier niveau de filtrage, les bagages passent au travers d’un CT scan. Le dernier cas de détection illicite — cette fois lors des inspections des bagages en soute — le 10 juin 2018, a permis de d’intercepter  250 serins jaunes dans le sac de voyage d’un passager mauricien en partance pour La Réunion.

L’année dernière, en avril 2017, 350 serins avaient été découverts dans des valises de deux passagers réunionnais en partance pour leur île.

Un passager a été intercepté avec 250 oiseaux dans ses bagages à l’aéroport de Plaisance.

« Depuis la mise en opération du nouveau terminal en 2013, le département de sûreté d’AML dispose également du système EDS (Explosive Detection System), dont le but est de détecter des substances explosives dans les bagages. Tous les bagages de soute sont contrôlés afin d’augmenter le niveau de sûreté et de prévenir toute tentative d’introduction de substances dangereuses dans la zone contrôlée et à bord des avions », explique AML. L’aéroport dispose également d’une équipe cynotechnique, avec des chiens renifleurs spécialisés dans la détection de substances explosives.

«Dans le cas où l’ouverture d’un bagage est requise pour s’assurer du contenu en procédant à une fouille manuelle, cet exercice se fait uniquement en présence du propriétaire du bagage et d’un représentant de la compagnie aérienne concernée», affirme-t-on.

Fier de son système de sûreté, AML fait ressortir que le mécanisme est sujet à de multiples exercices d’audit interne et d’agences externes durant l’année. « En plus des inspections indépendantes conduites par le département de l’aviation civile mauricienne qui délivre le permis d’opérateur aéroportuaire, la plupart des compagnies aériennes desservant Maurice procèdent elles aussi à des contrôles annuels afin de s’assurer que le niveau des services de sûreté est aux normes internationales », dit-elle.

Outre les équipements modernes, l’aéroport s’appuie sur la compétence et la vigilance de son personnel spécialement formé pour la sûreté aéroportuaire. Les opérateurs aussi bien que les superviseurs de scanners d’AML sont des agents certifiés par l’instance régulatrice de l’aviation civile, indique la compagnie, qui précise qu’après une formation poussée, ces agents sont soumis à une évaluation visant à démontrer qu’ils ont les aptitudes nécessaires à opérer un scanner et qu’ils sont capables de détecter des objets prohibés durant le visionnage des images de l’appareil. « Ils sont plus de 200 officiers d’AML à détenir cette certification qui doit être renouvelée tous les deux ans », fait-on ressortir. Un système de contrôle de qualité et de vérification a également été développé en interne dans la compagnie pour s’assurer que les normes sont respectées.

AML compte aussi parmi ses employés une équipe d’une quinzaine de formateurs accrédités par l’Organisation de l’aviation civile internationale qui dispense des formations spécialisées en matière de sûreté aéroportuaire aux autres employés d’AML, mais fait également un travail de sensibilisation régulier auprès du personnel des autres sociétés et prestataires qui opèrent à l’aéroport. « Pour AML, un système de sûreté efficace dépend d’une prise de conscience et de la coopération active de tous les intervenants », précise l’entreprise.

Mais pour être au plus proche du risque Zéro, AML fait un appel à la coopération du public voyageur pour respecter les normes et exigences de sûreté et d’alerter les autorités au moindre colis ou comportement suspects. Il y  va de la sécurité de chacun et la réputation de notre aéroport…

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