Télécommunication : Double revers à la Telecom Tower

Le partenaire stratégique du GM, France Telecom, conteste la décision de ne pas procéder à la distribution de dividendes aux actionnaires pour la 2e année consécutive

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Le président Museveni oppose son veto à la reprise d’Uganda Telecom Ltd par Mauritius Telecom, avec une offre de USD 45 M, soit la « lowest bid », pour des avoirs évalués à USD 84 M

La Mauritius Telecom, société d’État en partenariat avec France-Telecom à travers le Special Investment Vehicle de Rimcom, brassant un chiffre d’affaires annuel de plus de Rs 10 milliards, est dans la tourmente. Au plan local, les Français de Rimcom, contestent la décision de MT de ne pas déclarer et procéder à la distribution de dividendes à la fin de l’exercice financier pour la deuxième année consécutive. La question a été au centre de controverses lors de l’assemblée générale des actionnaires d’hier, les représentants de France-Telecom accusant la partie mauricienne de vouloir commettre des infractions au Shareholders’ Agreement. Sur le front étranger, MT, qui lorgnait de renforcer ses assises en Afrique avec une reprise du contrôle d’Uganda Telecom Ltd (UTL), a essuyé un sérieux revers avec le président de l’Ouganda, Yoweri Museveni, opposant son veto au Move pour allouer les avoirs d’UTL Ltd, évalués à 84 millions de dollars, à MT avec la “lowest bid” de 45 millions de dollars américains, soit presque la moitié du montant escompté par Kampala.

Par ailleurs, les premières informations disponibles indiquent que l’assemblée générale des actionnaires de Mauritius Telecom, comprenant des représentants du gouvernement, de la SBM Holdings Ltd, de la State Insurance Company (SICOM), du National Pensions Fund et de France-Telecom, à travers la filiale Rimcom, s’est déroulée hier dans une atmosphère des plus hostiles. Le principal grief demeure la décision de Mauritius Telecom de ne pas déclarer de dividendes pour la deuxième année consécutive. En moyenne, ces dernières années, MT avait généré des profits nets de plus de Rs 1 milliard annuellement.

Cette décision de MT est contestée par le partenaire stratégique de France-Telcom, avec 40% des actions. Lors des délibérations de l’assemblée générale des actionnaires, les Français auraient accusé le gouvernement de vouloir enfreindre les dispositions du Shareholders’ Agreement, signé lors de l’entrée de France-Telecom dans le capital de MT avec la privatisation. Ainsi, à ce matin, les deux camps à couteaux tirés sur la question des dividendes revendiquaient leurs intérêts et envisageaient de consolider leurs positions respectives avec les appuis légaux en vue contrer les initiatives envisagées en perspective.
Le partenaire français de Mauritius Telecom n’approuverait plus les décisions financières prises par la compagnie de télécommunication nationale. Des informations recueillies de sources concordantes à l’issue de cette réunion des actionnaires, la subsidiaire d’Orange aurait fait prévaloir son désaccord à la décision de MT de ne pas payer de dividendes pour la deuxième année consécutive. Il nous revient que les contestataires français auraient mis en avant que cette démarche mauricienne serait en violation du Shareholders’ Agreement convenu entre les partis. Rimcom aurait signifié son intention de recourir à une action légale pour défendre ses 40% d’actions. Les Français avancent que la compagnie aurait accumulé des profits d’ordre de Rs 1, 045 milliard en 2016 et Rs 1, 2 milliard en 2017 et ne peut donc pas évoluer dans une situation financière de manière unilatérale.

Mais du côté de MT, on répond que l’État mauricien est actionnaire et peut dicter l’avenir de la compagnie. Quoiqu’on avance que le contrat entre les partenaires mauriciens et français est en béton, on laissait entendre ce matin du côté de la rue Edith Cavell à Port-Louis que les décisions prises seraient en ligne avec les dispositions légales de la partie mauricienne.  Mais les intérêts français auraient une tout autre lecture de cette situation et ne comptaient pas rester les bras croisés. À un moment, il était question que le litige pourrait être porté devant la Cour Commerciale pour être tranché sans écarter la possibilité qu’un arbitrage à l’amiable soit institué compte tenu de l’importance du secteur des télécommunications dans le schéma directeur économique du pays pour les prochaines années.

À ce stade, ces mêmes sources concordantes avancent qu’il serait prématuré de s’aventurer à faire des spéculations quant à une éventuelle rupture de contrat entre les deux principaux actionnaires de MT. « Nous ne sommes pas encore là », faisait-on comprendre ce matin à la Telecom Tower.

Toutefois, en cette fin de semaine, la Telecom Tower a vu ses plans sur le plan régional être sérieusement remis en question. Jusqu’ici, la MT était confiante de pouvoir prendre le contrôle d’Uganda Telecom Ltd, société qui traverse une passe difficile. MT pouvait compter sur l’appui d’un rapport officiel des autorités de Kampala, dont les conclusions étaient nettement favorables à Maurice. Ensuite, Maurice pouvait compter sur le soutien de la ministre des Investissements d’Ouganda, lors du processus de Decision-Making pour l’adjudication des avoirs d’Uganda Telecom Ltd de l’ordre de 84 millions de dollars américains.

À la réunion du conseil des ministres de cette semaine, le président Museveni a renversé la vapeur en faisant ressortir qu’avec une offre de 45 millions de dollars, soit la Lowest Bid des six soumissionnaires encore en lice, MT ne peut prétendre prendre le contrôle du secteur des télécommunications en Ouganda. De ce fait, l’Investment Minister, Evelyne Anite, a été destituée de ce dossier, qui a été confié à l’Attorney General de l’Ouganda, William Byaruhanga, avec pour assesseurs les ministres des Finances et des TICs, Matia Kasaka et Frank Tumwebaze. Un comité a été mis sur pied pour poursuivre les négociations.

La presse ougandaise, qui accuse la ministre Anite de parti pris en faveur de Mauritius Telecom, note que « Ms Anite, in her submission on matter, requested Cabinet to disregard recommendations of the official receiver and Uganda Registration Services Bureau head Mr Bemanya Twebaze and negotiate with any of the three top bidders – Hamilton Telecom Limited ($ 70 million), Afrinet Kenya Limited($67 million), and Teleology Holding Limited ($60 millions). Ms Anite wanted the government to compel the administrator, Mr Bemanya Twebaze to handover UTL to Mauritius Telecom, arguing that it was the only credible company cleared by the Financial Intelligence Authority (FIA). »

Rapportant ce développement, la presse ougandaise rapporte les propos du président Museveni à l’effet que « we want to know how much the investor can give in relation to UTL assets… The Cabinet sub-committee will have the final say on the matter, thereby cutting off Ms Anite’s involvement ».

Affaire à suivre…

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