TEXTILE EN DIFFICULTÉS — Groupe Thierry Lagesse : 1 300 travailleurs jetés sur le pavé

  • Incertitudes sur les salaires de février et mars et inquiétudes des licenciés sur leurs 25 années au service du groupe Thierry Lagesse
  • Une employée blessée par une voiture tentant de se frayer un passage lors d’un “sit-in” à Rivière-du-Rempart ce matin

Le couperet est tombé hier soir. Trois semaines après sa mise sous “receivership”, les trois usines de Palmar Ltd de Thierry Lagesse ont fermé leurs portes hier avec le licenciement de 1 300 employés, dont 900 Mauriciens et 400 travailleurs du Bangladesh et de Madagascar. La nouvelle a été annoncée aux employés par les Receiver Managers, Yacoob Ramtoola et Afsar Ebrahim. Toutefois, à ce matin, les travailleurs concernés n’étaient pas encore en présence de leurs lettres de licenciement leur permettant d’engager des procédures sous le Workfare Programme, et aucune indication quant au paiement des salaires de février et de mars. Ils sont également inquiets qu’avec ce développement, leur temps de service, dont certains avec 25 ans, se volatiliserait sans aucune compensation.

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De ce fait, la colère était visible sur leurs visages devant les grilles cadenassées des unités du groupe Lagesse à Mon Loisir, Rivière-du-Rempart, et à Flacq. Dans un premier temps, ils ont manifesté leur colère dans les rues à Rivière-du-Rempart et à Flacq. À Rivière-du-Rempart, où un “sit-in” avait été organisé, une voiture, en tentant de frayer un passage, est passée sur les pieds d’une des employées limogées. Cette dernière a déposé plainte à la police de la localité avant d’être conduite à l’hôpital. Sur place, la police a relevé la plaque d’immatriculation de la voiture.

À ce moment précis, les licenciés ont indiqué qu’ils ne comptaient pas arrêter leur “sit-in” tant qu’un ministre ou un député de la circonscription ne vient pas sur place pour trouver une solution. La police leur a alors fait savoir qu’ils organisaient une manifestation illégale et a fait appelé du renfort.

Après ce premier mouvement de protestation ce matin, les employés du défunt groupe Palmar se donnent rendez-vous à l’initiative du syndicaliste, Faizal Ally Beegun, lundi matin devant le siège du ministère du Travail et des Relations industrielles en vue de décider de la marche à suivre. Les indications, disponibles à ce matin sont que le ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, tente actuellement une opération en vue de « recaser » un maximum d’employés dans d’autres unités textiles. La question de Palmar Ltd et la situation au niveau du secteur du textile avec d’autres unités à ‘l’Intensive Care Unit’ (ICU) pourraient être évoquées lors des délibérations du conseil des ministres du jour.

Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès des sources autorisées indiquent que les Receiver Managers n’avaient d’autre choix que de fermer les usines dans la conjoncture. « Au terme des dispositions de la loi, les Receiver Managers disposent d’un délai de 14 jours pour décider de l’avenir des usines. Passé ce délai, ils devront prendre à leurs charges toutes les dépenses encourues. Or cette option n’était pas envisagée en l’absence de tout repreneur potentiel même si les usines ont des commandes non-sécurisées par des lettres de crédit de Rs 90 millions. Les frais pourraient se révéler énormes après ces 14 jours et cela sans aucune responsabilité de la banque », fait-on comprendre pour justifier la décision de fermeture.

De leur côté, les 1 300 employés de Palmar Ltd sont désespérés depuis qu’ils ont appris hier que leur usine allait fermer ses portes. La nouvelle leur a été annoncée officiellement par les Receiver Managers, Yacoob Ramtoola et Afsar Ebrahim. « On nous a dit qu’il n’y a pas eu de repreneur. Les banques n’ont pas voulu prêter de l’argent non plus. Nous ne savons que faire devant une telle situation », disent ces employés, qui étaient dans la rue à Mon Loisir, Rivière-du-Rempart, ce matin.

Ces derniers affirment également que malgré l’annonce de fermeture, aucune lettre officielle ne leur a été adressée concernant le licenciement. « On nous a dit simplement que nous devions nous enregistrer pour le Workfare Programme. Mais que va-t-il advenir de nos temps de service ? » Certains de ces employés comptent en effet jusqu’à 25 à 30 ans de service.

À la fin de la matinée, Yacoob Ramtoolah, dont la présence était annoncée à Mon Loisir, ne devait pas s’y rendre. Cinq représentants des licenciés de Palmar ont été véhiculés jusqu’au siège du ministère du Travail. Ils prévoyaient par la suite d’aller, eux-mêmes, à la rencontre du Receiver Manager.

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