Thé – Des champs à la tasse

Pour de très nombreux Mauriciens, le thé est un breuvage incontournable. Consommée chaude, avec un soupçon de lait et même glacée, cette boisson est délicieuse et réconfortante. À l’approche de la Journée internationale du thé, qui sera célébrée le 15 décembre, Scope s’est rendu à l’usine de Bois Chéri du groupe St-Aubin pour découvrir le processus de fabrication du thé, en compagnie du guide Azad Rojah.

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  1. Sitôt récoltées, les feuilles arrivent à l’usine. Elles sont placées dans un bac à l’étage, incluant une poussée d’air chaude. Un pourcentage de 25 à 30% d’humidité est enlevé
  2. Un convoyeur achemine les feuilles déshydratées vers les broyeurs au rez-de-chaussée

3 – Passées par deux broyeurs, les feuilles sont transformées en paille

4 – Cette paille, toujours de couleur verte, passe sur un rouleau pendant une heure et trente minutes. Elle est fermentée et oxydée et devient marron

5 – La prochaine étape est le passage au four pendant dix minutes pour enlever le reste de l’humidité

6 – On obtient alors du thé brut contenant des fibres, qui sont en fait les tiges et les veines qui accompagnaient les feuilles

7 – Pour être débarrassée de ces fibres, la mixture passe par un rouleau en laine qui produit de l’électricité statique. La poudre de thé, plus lourde, continue son chemin; les fibres, légères, sont attirées par le rouleau.

8 – Vient le grading. Des tamis séparent le thé le plus fin du reste

9 – Le produit est alors conservé pendant trois mois dans des silos hermétiques afin qu’il produise son arôme

10 – Le thé qui sera consommé nature sera emballé. Celui destiné aux ajouts d’arômes, vanille ou coco, sera stocké dans un mélangeur

11 – Le thé fin remplira les dosettes à l’aide d’une machine…

12 – … alors que le reste ira en vrac directement dans des emballages

13 – Quarante tonnes de feuilles récoltées produiront dix tonnes de thé

CUEILLEUSE DE THÉ

INROWTY GOPEESING : “J’ai passé ma vie dans les champs de thé”

La cueillette du thé est tout un art. Exécutée à main nue pendant des décennies, elle se fait désormais principalement à l’aide d’outils. Nous sommes allés à Bois Chéri à la rencontre d’Inrowty Gopeesing, 71 ans, cueilleuse de thé depuis plus de cinquante ans.

T.R.

Debout au beau milieu des champs de thé, Inrowty Gopeesing, cueilleuse de thé, semble apprécier sa besogne. Ses bottes sont cachées sous l’épaisse végétation. Elle est couverte de la tête au pied pour se protéger du soleil. Un chemisier aux manches longues et une longue jupe ternis par la terre lui servent de vêtements principaux. Un bout de chiffon lui couvre la nuque et un sac en raphia plié en forme de visière lui protège le visage. Le soleil de plomb n’a pas l’air de l’affecter. Le grand panier, rempli de feuilles de thé calé sur son dos et suspendu à sa tête à l’aide d’une corde, ne semble pas la gêner. “Je me suis réveillée à 3h30 et je suis dans les champs depuis 5h30, comme chaque jour de travail. J’aime ce métier, j’aime sentir ce bon parfum que dégagent les feuilles”, dit-elle en souriant.

Dans ses mains, un drôle d’outil. Une paire de cisailles sur laquelle est vissé un galon découpé, dans lequel les feuilles coupées viennent se loger. “Avant, on cueillait à la main uniquement. Désormais, à l’aide de cet outil, on peut travailler plus vite et cueillir plus de feuilles.” Ses yeux se baladent sur la canopée : c’est là où se trouvent les précieux sésames. Le territoire d’Inrowty est délimité par des tiges en bambous piquées autour d’elle. “Regardez ces belles feuilles tendres avec leur couleur vert pâle, c’est celles-là qu’on doit récolter. Quand la feuille devient vert foncée, elle n’est plus adaptée pour la production de thé. Nous les utilisons comme infusion. C’est bon contre le diabète ou le cholestérol.”

Les feuilles se renouvellent, sans nécessiter beaucoup d’entretien ni de replantation. Les cueilleurs entretiennent les champs eux-mêmes, en enlevant toute liane qu’ils trouvent lorsqu’ils procèdent à la cueillette. “C’est un poison pour les plants de thé. Elles les maintiennent vers le bas en les entourant.” Alors qu’elle en enlève quelques-unes, Inrowty Gopeesing nous confie que l’été est la saison où elle travaille le plus. “Je cueille entre 30 et 40 kilos chaque jour.” L’hiver, la récolte est moindre : entre 10 à 15 kilos uniquement. “Je dois faire provision pour l’hiver, mettre quelques sous de côté pour la période creuse.”

À 71 ans, Inrowty Gopeesing est une des plus anciennes cueilleuses de thé de l’usine. Elle a appris les ficelles du métier à 17 ans. Elle a passé sa vie à cueillir ses fameuses feuilles de thé, qu’elle connaît sur le bout des doigts. Le poids de l’âge n’est pas un argument pour prendre sa retraite. C’est dans les champs qu’elle se sent à l’aise. “J’ai eu six enfants, dont deux sont décédés. À mon âge, j’aurais pu prendre ma retraite, mais je ne veux pas rester inactive. J’ai passé ma vie à être en mouvement dans les champs de thé. Cette activité me garde en bonne santé.”

Aussitôt son panier suffisamment rempli, Inrowty entame un parcours à pied vers un hangar situé à quelque deux cents mètres. Le poids du panier fait plier son corps, mais elle tient bon. Elle marche à petits pas vers le hangar où sa précieuse cargaison sera pesée. Comme elle, d’autres cueilleurs y font le va-et-vient. Les feuilles sont déposées par terre, celles qui ne sont pas prises sont enlevées du tas et le reste va sur la balance. Pour chaque kilo récolté, les cueilleurs récolteront Rs 10.

Vers 12h30, les plantations seront désertes. Les feuilles de thé sont acheminées en camion à l’usine où elles seront transformées en lapay dite.


Dégustation de thé

La Kuanfu Ripe Black Tea Factory propose la dégustation de son thé noir à travers une cérémonie du thé traditionnelle à Port-Louis. Le service se fait à l’aide d’une théière, de récipients pour l’eau chaude et de petites tasses traditionnelles. Le rite est plaisant à l’œil, les mouvements étant exécutés avec finesse et minutie. Chaque récipient est scrupuleusement ébouillanté avant toute infusion.

Avant que le thé ne soit infusé, le public est invité à humer le thé “afin qu’il s’imprègne de l’arôme avant de le déguster”, confie Mitisha Erriah. Elle souligne que l’on peut savoir qu’un thé est bon “s’il n’est pas âcre et amer en bouche. La couleur doit être claire et attirante.” Elle affirme que ce thé, qui est fabriqué pendant toute une année avec ses différentes étapes, a des vertus non négligeables pour la santé. “Il n’y a presque pas de théine, ce qui améliore le sommeil. Ce thé est riche en antioxydants, ce qui est bon pour la digestion et la réduction du cholestérol.”

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