Théâtrales 2018 | Francis Perrin monte et joue ici « Un vrai bonheur » !

Francis Perrin a su faire rire pendant toute sa carrière, avec cette fausse naïveté rehaussée par un regard pétillant de finesse. Il n’en tient pas moins ses promesses. Enthousiasmé par le sérieux des comédiens et comédiennes mauriciens avec lesquels il a tenu une master class en 2016, dans le cadre des 2e Théâtrales de l’île Maurice, il avait promis de revenir si on lui proposait de monter une pièce avec eux… Aidé par Philippe Houbert, qui connaît aussi bien Maurice que la France en matière de théâtre, il a bravé notre ciel ombrageux pour diriger des auditions des comédiens qui participeront à la pièce Un vrai bonheur, de Didier Caron. Le travail commence dès mardi soir autour de la table avec les comédiens retenus en vue des Théâtrales, qui se tiendront fin mai au MGI.

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À la tête de quatre théâtres, Pascal Legros est un des acteurs majeurs du théâtre privé en France

Francis Perrin prépare actuellement les auditions de 17 comédiens et comédiennes, qui auront lieu lundi et mardi, sachant que dix d’entre eux donneront ensuite chair, à partir de mardi soir, aux cinq couples qui font la désopilante substance de la pièce Un vrai bonheur. « Je tiens à dire que la qualité des comédiens mauriciens est très bonne », affirmait d’emblée Francis Perrin lors d’une conférence de presse qu’il a donnée hier aux côtés de l’équipe des Théâtrale et de l’unique sponsor, Beachcomber. « Je voulais proposer une pièce dans laquelle les différents rôles sont bien équilibrés, tous égaux. Ce texte de Didier Caron répond bien à cette exigence. C’est une comédie moderne, avec des trentenaires, dans laquelle on ne trouvera pas de rôles comme celui de la servante qui dit uniquement “Madame est servie”. Dans cette pièce, nous allons interpréter deux rôles avec mon épouse, Gersende. Aussi, je ne voulais pas non plus proposer le genre de spectacle où nous aurions occupé les rôles principaux en nous entourant de… personnages secondaires. “Un vrai bonheur” est idéale car c’est une pièce chorale dans laquelle tous les rôles sont formidables. »

Francis Perrin a créé cette pièce au Théâtre Fontaine, à Paris, en 2003, en tant que metteur en scène. Elle a d’ailleurs été nominée aux Molières, soit l’équivalent des Césars pour le théâtre en France, dans les catégories “Meilleur spectacle de création”, “Meilleur auteur”, “Meilleur metteur en scène”, “Meilleur décorateur” et “Meilleure lumière”.

Cette comédie partage les états d’âme de Mathilde, qui vient tout juste de dire « oui » à Christophe, mais qui s’émeut d’entendre les aveux passionnés, mais tardifs, de François, son témoin… Il n’est pas de mariage où, par un effet de miroir et d’émotions communicatives, les autres couples ne s’interrogent pas un peu dans leur for intérieur, sur leur propre expérience de cette union. Aussi, face aux interrogations de Mathilde sur l’ambivalence entre passion et amour paisible, voire même sur la possibilité d’aimer deux hommes à la fois, trois couples se demandent quel serait leur choix si c’était à refaire. Les aînés pèsent aussi leur poids dans ces réflexions et quiproquos, la mère de Mathilde notamment.

Les propos de Francis Perrin sur sa première expérience avec les comédiens mauriciens de 2016 tiennent en deux phrases : « Nous nous sommes merveilleusement entendus » et « Le spectacle que nous avions présenté en clôture a été un gros succès ». Aussi ajoute-t-il modestement « espérer leur avoir apporté quelque chose… ». Sandrine Raghoonauth, qui avait participé à cette expérience, ne sera pas de la partie cette fois car elle suit une formation théâtrale à Bordeaux. Pour cette « comédie avec des moments d’émotion très forts », les acteurs choisis au cours des journées de lundi et mardi vont ensuite travailler avec leur metteur en scène pendant deux ou trois jours autour de la table. Début mai, Francis Perrin revient au pays pour répéter pendant tout le mois jusqu’aux premières représentations, qui pourraient être données au Théâtre Serge Constantin.

Pièces à succès cherchent sponsors

Le producteur des Théâtrales de l’Île Maurice, Pascal Legros, formule le souhait que les comédiens mauriciens s’approprient ensuite complètement cette pièce pour continuer de la faire vivre dans le pays et ailleurs. Il convient qu’elle pourrait être présentée à La Réunion en 2019 dans le cadre des Théâtrales de l’île sœur, qui ont lieu juste avant l’édition mauricienne. À la question de savoir s’il pourrait les programmer dans un des quatre théâtres parisiens qu’il gère, il explique qu’il faudrait alors trouver des financements pour, par exemple, insérer ces représentations dans une semaine mauricienne, comme il en avait déjà organisées avec Miselaine Duval. Cette dernière a eu tellement de succès, notamment auprès de la communauté mauricienne de France, qu’ils ont dû refuser des spectateurs. En d’autres termes, le succès est garanti, mais les indispensables mécènes et sponsors sont d’une frilosité assez inexplicable, en regard des sommes qu’ils peuvent consacrer par ailleurs à d’autres types d’événements culturels.

Quant à la comédie Un vrai bonheur, il est bon de savoir qu’elle a tellement bien marché au théâtre Fontaine qu’elle a, en 2005, été adaptée pour le cinéma, toujours par Didier Caron, avant de connaître une suite quelques années plus tard… Depuis 2008, l’auteur, qui est également comédien, notamment dans le rôle de Robert Bineau, dans la sitcom Blague à part, dirige le théâtre Michel dans la capitale française. Elle constitue à elle seule un argument de poids, tout comme d’ailleurs la fréquentation des éditions précédentes du festival mauricien, à l’instar de la dernière, qui avait déplacé plus de 3 000 spectateurs avec seulement trois titres à l’affiche.

Pascal Legros estime avoir investi l’équivalent de Rs 4 millions sur les deux précédents festivals à Maurice. Les deux postes les plus importants sont les billets des comédiens en déplacement (une quarantaine de personnes) et la location des salles de spectacle, pour lesquels les producteurs n’ont pour l’heure réussi a obtenir aucune facilité. Pour l’heure, la programmation de cette troisième édition n’est pas bouclée car le producteur cherche de nouveaux sponsors qui accepteraient de s’associer à ce projet.

Outre Un vrai bonheur, le festival amènera sous le ciel mauricien La raison d’Aymé, une pièce écrite et interprétée par Isabelle Mergault, mise en scène et jouée par Gérard Jugnot. Se joignent à la troupe Anne-Sophie Germanaz et Philippe Beglia. Aymé est un riche industriel naïf en amour, qui ne voit pas la veulerie de sa femme, laquelle ne s’intéresse qu’à son argent et cherche même à le tuer. Isabelle Mergault, qui lui donne la réplique, incarne sa conscience, voire même sa raison, celle qui va peut-être peu à peu le dessiller… « Si nous trouvons des aides au financement, nous pourrions par exemple faire venir une troisième pièce et un seul-en-scène », suggère Pascal Legros. À bon entendeur !

Chat et souris

Philippe Houbert va en quelque sorte ouvrir cette mini-saison théâtrale mauricienne en remontant sur les planches pour présenter la suite de Stationnement alterné, à savoir Chat et souris, de Jean-Luc Moreau. Le comédien mauricien est heureux d’avoir bénéficié des conseils de Francis Perrin pour cette pièce, que ce dernier a lui-même jouée 550 fois ! « Mais Francis n’est pas du tout venu en vedette. Il donne des conseils judicieux par petites touches. Je crois que je peux dire que nous nous vouons une admiration mutuelle. » Chat et souris raconte l’histoire de deux adolescents qui font connaissance sur des forums de discussions et décident de se rencontrer chez les parents de l’un d’eux. Or, ils ne savent pas qu’ils ont le même père, un chauffeur de taxi, qui jusqu’ici avait tranquillement mené sa double vie, mentant allègrement et avec le plus grand naturel du monde à ses deux épouses. Cette fois, la tension monte car il faut à tout prix éviter que les jeunes tourtereaux ne passent du virtuel au concret…

Francis Perrin

Francis Perrin a su faire rire pendant toute sa carrière, avec cette fausse naïveté rehaussée par un regard pétillant de finesse. Il n’en tient pas moins ses promesses.

Quand il ne travaille pas à Maurice, Francis Perrin tourne les nouveaux épisodes de la série Mongeville, qui en est à son 18e épisode

Enthousiasmé par le sérieux des comédiens et comédiennes mauriciens avec lesquels il a tenu une master class en 2016, dans le cadre des 2e Théâtrales de l’île Maurice, il avait promis de revenir si on lui proposait de monter une pièce avec eux… Aidé par Philippe Houbert, qui connaît aussi bien Maurice que la France en matière de théâtre, il a bravé notre ciel ombrageux pour diriger des auditions des comédiens qui participeront à la pièce Un vrai bonheur, de Didier Caron. Le travail commence dès mardi soir autour de la table avec les comédiens retenus en vue des Théâtrales, qui se tiendront fin mai au MGI.

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