THÉÂTRE: Bal enchanté pour une reine

Le spectacle pour enfants Le bal des abeilles a inauguré le volet théâtral du festival Passe-Portes mercredi en début d’après-midi devant environ 200 jeunes, invités par les fondations de Passe-Portes et Total. Les comédiens proposent un nouveau rendez-vous aux familles – aux petits à partir de 5 ans et aux grands qui les accompagnent – dimanche à 14 h pour ce spectacle plein de joie et de fantaisie, qui permet d’apprendre en chantant et en s’amusant. Une bonne raison de faire le déplacement.
Qu’ils viennent des écoles Marcel Cabon, Saint-François Xavier ou d’associations oeuvrant pour le développement de l’enfance, les petits qui ont empli le centre de conférence de Grand-Baie, transformée en théâtre mercredi, ont été plus d’un à réagir au jeu très vivant d’Armelle Gouget et Romain Puyuelo. Devant ce public attentif, tantôt rieur, tantôt prompt à répondre aux questions, les comédiens ont déployé une belle énergie pour raconter les prodiges qu’accomplissent les abeilles dans la nature.
On estime qu’environ 30% d’entre elles disparaissent chaque année dans de nombreuses régions du monde pour diverses raisons, qui tiennent à l’invasion des frelons asiatiques, à l’usage des pesticides, à la réduction des aires de butinage, aux maladies et au réchauffement climatique. Face à cette hécatombe, les comédiens ont préféré mettre l’accent sur l’importance de ces ouvrières dans la nature et pour l’humanité plutôt que de tenir un discours alarmiste qui risquait d’effrayer ou de rendre fataliste… Aussi, rappellent-ils au coeur du spectacle, pas d’abeilles sans fleurs, pas de fleurs sans abeilles, pas de fruits sans fleurs et… pas d’hommes sans fruits ! Sans ces pollinisatrices, de nombreux fruits et légumes disparaîtraient de nos assiettes, tout comme les animaux qui s’en nourrissent.
Pour susciter l’intérêt, les comédiens nous font remonter dans le temps jusqu’aux débuts de la radiodiffusion, improvisant un studio itinérant dans les années 40’, nommé Radio Nature, et animé avec humour et fantaisie par Guillaume et Mathilde, son assistante. Sur une bonne vieille chanson de l’entre-deux-guerres, Guillaume puis son assistante apparaissent dans un décor rétro fait d’un bureau et de deux tabourets, de ruches décoratives et d’une étrange antenne aux allures de Tour Eiffel, qui fait aussi office de mobile géant. Les animateurs attendent leur invité spécial, l’apiculteur René Michel, jusqu’à ce qu’ils reçoivent un courrier dans lequel il s’excuse de ne pouvoir venir et leur joint un manuscrit sur les différents aspects de la vie des abeilles.
La science en poésie
Le couple est alors contraint d’improviser son émission spéciale “abeilles” s’inspirant du document et des souvenirs que Mathilde a gardés de ses échanges avec l’expert lors de la préparation de l’émission. Commence alors une sorte de voyage enchanté fait de chant, de danse, de jeux et de saynètes où les comédiens ne reculent devant aucune transformation pour présenter l’organisation de la ruche et de ces charmantes habitantes, ainsi que leurs incessants ballets dans les prairies et forêts.
Les comédiens, qui sont aussi auteurs et metteurs en scène de la pièce, ont tout d’abord concentré leur texte autour du personnage emblématique de la reine, racontant avec beaucoup d’humour comment celle-ci, incarnée par la comédienne soudain drapée d’une très longue jupe, séduit les faux-bourdons qui succombent inéluctablement à ses assauts, malgré toutes ses belles promesses… Durant la gestation, elle reste immobile et grossit, ventilée et généreusement nourrie par ses ouvrières. Aussi assistons-nous à l’apparition symbolique de quelques-uns des 2 000 oeufs qu’elle est capable de pondre chaque jour.
Saviez-vous qu’il faut une température minimale de 12°C pour que les abeilles montrent le bout de leur nez et aillent butiner, et qu’une ruche peut abriter jusqu’à 80 000 insectes en pleine floraison ? Le texte de la pièce est ainsi émaillé d’informations scientifiques que les enfants retiennent d’autant mieux qu’ils les apprennent en s’amusant, permettant aussi aux parents de réviser leurs connaissances. Pour développer les différents tableaux, le duo, habillé en zazou, utilise des accessoires, chapeaux, foulards et autres tabliers, ainsi que des instruments de musique – piano miniature au son acidulé, trompette ou clarinette – qui aident à incarner les activités de la ruche.
Ils se mettent à danser très joyeusement pour illustrer le butinage puisque les abeilles indiquent leurs sources de pollen et de nectar à leurs semblables en dansant. D’où le titre, Le bal des abeilles. Ce spectacle, où science et poésie se marient, ose aussi de sympathiques jeux de mots, tels le « butinage artistique », ou encore la parenté entre « aimer et essaimer »… De là à imaginer une histoire d’amour entre Mathilde et Guillaume, il n’y a qu’un pas.

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