THÉÂTRE : Dix jours de rires indocéaniques

La troupe du KaféTé@t Komiko et Karavann Events présentent la 6e édition du Festival international du Rire, du 30 juillet au 9 août prochain. Ce rendez-vous prend un relief particulier, car il se tient dans la 20e année d’existence de la troupe des Komikos et la 5e année de son café théâtre à Belle-Rose, rare lieu de culture mauricienne à proposer du spectacle vivant tous les soirs ! Le capitaine du rire des Seychelles, Joseph Sinon, fêtera quant à lui ses 50 ans sous la forme d’un one man show tandis que le Réunionnais Thierry Jardinot s’amusera de 30 ans de carrière humoristique. Le parrain de ces dix jours de bonne humeur sera un Élie Semoun “partageur”…
Bienveillant parrain de ce 6e Festival du Rire, Élie Semoun nous revient avec son nouveau seul en scène intitulé Élie Semoun à partager, qui sera présenté au J&J Auditorium le vendredi 7 août. Les Komikos, qui ont su faire chaque année, du Festival du Rire un événement généreux et riche en découvertes, ne faillissent pas à la règle cette fois encore et le moment attendu sera certainement la première partie qui précèdera ce spectacle, avec Miselaine Duval dévoilant quelques extraits apéritifs de son nouveau one woman show mis en scène par l’ex-Inconnu Pascal Legitimus. « Pascal a seulement mis, nous dit-elle, quelques minutes à trouver le titre qui convient : Miselaine, femme tropiquante ! » Peut-être y a-t-il dans ce néologisme hybride l’expression de l’esprit moqueur typiquement mauricien, dans lequel les Komikos excellent depuis 20 ans sur différents registres, de la farce bien potache au pastiche aigre-doux, brossant finalement un portrait rigolard de la société mauricienne ? Pour le savoir, nous pourrons découvrir la Miselaine tropiquante en intégralité en matinée, le dimanche 9 août, à quelques heures de la soirée de clôture.
La comédienne qui peut se targuer — comme d’une cerise sur un gâteau — d’une expérience répétée et variée face au public français, devient dans l’Hexagone une ambassadrice fantaisiste, avec en septembre la présentation de la comédie Des immigrés à Paris au Théâtre des Nouveautés, puis à travers ce solo à partir du mois d’octobre, dans lequel elle abordera toutes sortes de thèmes et d’extraits de vie dont elle sait s’amuser, par exemple un mémorable passage aux douanes à son arrivée en France. « Je crois que Pascal a su saisir quelque chose de l’âme mauricienne avec le titre qu’il a proposé. Pendant toute la conception de ce spectacle, il n’a cessé de me pousser à puiser de ce que j’ai en moi, allant aussi y chercher ce qu’il y a de plus mordant ». Sa tournée parisienne se déroulera au théâtre Apollo, scène qui privilégie particulièrement les solos et l’humour, en faisant place à la découverte de talents nouveaux en France.
Humour ambassadeur
Sous nos cieux, début août, le Festival du Rire lèvera ses rideaux sur deux jeunes artistes rodriguais, des talents prometteurs que les Komikos ont dénichés en audition : Ezechiel Collet et Rebecca Perrine. Ils ont concocté quelques sketches qu’ils présenteront pour la première fois à Maurice, histoire de faire goûter la saveur spécifique de l’humour rodriguais. Au chapitre des nouveaux comédiens, la directrice du KaféTé@t a repoussé la présentation des Komikos Awards à la fin de l’année, pour se donner le temps d’aller chercher les talents. « Nous avons décidé de nous y prendre autrement en organisant, par exemple, des auditions dans des centres de jeunesse. Toutes les semaines, nous recevons des aspirants qui viennent à nous avec des idées et parfois du talent, mais nous avons regretté que les prix précédents n’aient pas toujours trouvé la continuité que nous leur souhaitions. Le repérage de talents nécessite que l’on aille aussi au-devant d’eux et que nous retenions des gens qui ont vraiment un projet. Je voudrais aussi que les personnes qui se lancent dans cette démarche sachent d’emblée qu’il n’y a pas de miracle ou d’argent facile dans ce métier : la comédie, c’est du boulot, du boulot et du boulot ! »
Chez Miselaine Duval, la vocation s’est révélée grâce à une ténacité qui s’est affirmée à l’âge de 12 ans, quand elle a découvert pour la première fois, ce qu’était une scène… « Je m’étais présentée à un casting pour une pièce à Saint-Pierre. Ensuite, je suis venue aux répétitions, attendant à chaque fois de savoir si j’avais été retenue. La dame n’a pas voulu me dire que je n’étais pas retenue, mais elle me disait de continuer à venir, et j’ai continué tous les lundis. J’ai bien fait, car une des comédiennes n’a pas pu venir pour les représentations et on m’a demandé de la remplacer. J’avais juste une réplique : “Madame est servie”. Mais j’ai joué et, pour moi, c’était énorme ! Alors quand je vois aujourd’hui des comédiens qui vont toujours sur scène à 75 ans, je trouve ça merveilleux et je me dis “mo ankor lwin” ».
Parcours ascendant
À ses débuts, Miselaine jouait avec quelques comédiens à Saint-Pierre deux fois par an, offrant quatre heures de spectacle pour Rs 20 l’entrée. Il y a 20 ans, les Komikos naissaient avec la création de Pa fer dominer, dans le cadre du festival d’art dramatique. La troupe a ensuite continué sur sa voie du boulevard mauricien, renforçant sa complicité avec le public. L’expérience télévisuelle, les supports vidéo, puis la décision de s’implanter dans un lieu — dans un premier temps à Port-Louis, avant de venir en 2010 à Belle-Rose — ont permis de fidéliser un public d’accros qui remplit l’unique salle sans faiblir. Les artistes y font tout : ils créent, ils jouent, entretiennent et administrent, mais ils y ont la fierté d’être véritablement eux-mêmes. Le partenariat avec le Théâtre des Nouveautés leur permet désormais de montrer leur talent en France, et le Festival du Rire, qui privilégie les échanges régionaux, ouvre en grand les portes du théâtre en allant aussi au-devant du public. Cette année, la caravane Komiko s’arrêtera avec un medley gratuit des différentes formes d’humour de l’océan Indien dans quatre lieux du pays : au Super U de Grand-Baie, au Winners de Quatre-Bornes, à Poste-de-Flacq et à La Tour Koenig.
Au menu, nous trouverons le capitaine du rire seychellois, Joseph Sinon, qui fêtera ses 50 ans non seulement à travers ses bonnes blagues, mais aussi en chansons, aspect non négligeable de sa carrière. Le Réunionnais Thierry Jardinot fêtera lui aussi un anniversaire, 30 ans de carrière passés sur les scènes de l’île soeur avec Made in Whex, qu’il présente en compagnie d’Alice Sinament, spectacle dans lequel il revient aux sketches, le genre qui l’a construit et qui lui a manqué… La partie mauricienne revient, en plus des Immigrés à Paris, avec la pièce qui a remporté le plus de succès au Kafé Té@T ces dernières années : Le Correspondant. Après deux soirées consacrées aux Correspondants 1 et 2, les comédiens présenteront, en première, la troisième version de cette comédie dont les personnages ont véritablement fait mouche. On retrouvera aussi Stéphane Raynal en solo et les Trois Moustikers, plus solidaires que jamais.
Miselaine Duval a enfin partagé quelques rêves d’avenir. Le premier consistera à développer des formations régulières à la comédie et au théâtre du rire, à partir de l’année prochaine. Indépendant de la volonté des Komikos, le deuxième représente sans doute une inaccessible étoile, telle que la réouverture de nos salles historiques, et la possibilité d’avoir chaque soir un vrai menu de spectacles à travers le pays. « Il ne peut pas y avoir que les Komikos… »

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