Ce président américain qui fait peur

On accorde généralement très peu d’attention à Maurice aux remarques tous azimuts du président hyperactif (sur Twitter) des États-Unis, la première puissance économique mondiale. Cependant les derniers propos tenus par le locataire de la Maison-Blanche rapportés par la presse nationale américaine citant des sources crédibles, même si Donald Trump a finalement démenti les avoir tenus, dépassent toutes les limites et ont provoqué à juste titre un outrage au niveau international.

- Publicité -

Ainsi, le président américain, qui recevait à son bureau des sénateurs pour évoquer un projet visant à limiter le regroupement familial, à restreindre l’accès à la loterie par carte verte à laquelle participent également des ressortissants mauriciens, a commis un dérapage verbal unanimement condamné à travers le monde. « Why are we having all these people from shithole countries come here ? » (« Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ? ») aurait demandé le président Trump lors des discussions en parlant des réfugiés venant de Haïti, de Salvador et d’Afrique. Il aurait affirmé préférer des Norvégiens plutôt que des Haïtiens.

Les réactions pour dénoncer les propos du président des États-Unis se sont multipliées à travers le monde pendant toute la journée d’hier. L’organisation des Nations unies, par la voix du porte-parole du haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville, qui a regretté ces « commentaires choquants et honteux », a estimé qu’il n’y a pas d’autres mots pour qualifier de tels propos que « raciste ». Même les membres du congrès américains se sont élevés contre de tels propos. « Nous pouvons dire maintenant avec 100 % de certitude que le président est un raciste qui ne partage pas les valeurs inscrites dans la constitution américaine », a déclaré un sénateur démocrate. D’autres voix se sont élevées pour considérer que les propos de Donald Trump « transpirent le racisme latent. Le plus odieux et insidieux racisme qui se fait passer pour une politique d’immigration ».

On sait que l’administration américaine a déjà introduit des mesures visant à controler strictement, voir interdire, l’accès aux États-Unis de citoyens en provenance de certains pays musulmans, qui s’ajoutent à sa décision de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique.

Nous dénonçons, pour notre part, tous les propagateurs du racisme que ce soit au nom d’une conviction, du patriotisme, de l’intérêt national très souvent mis de l’avant. Notre sens de la dignité en tant que Mauriciens et humanistes fait que nous dénonçons toutes les déshumanisations sans exception dans le monde, celle des Palestiniens, comme celle des pays arabes, des Africains, des Rohingya, des Kurdes, des Noirs, des migrants quelles que soient leur communauté ou leur nationalité.

Les propos de Donald Trump mettent aussi en lumière tout le drame que vivent les millions de réfugiés et de migrants à travers le monde et tous ceux qui quittent leurs pays déchirés par la guerre, par la dictature ou par le sous-développement.

Dans son message prononcé pour la Journée internationale de la Paix en novembre dernier, le pape François avait estimé que « ceux qui fomentent la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix, sèment la violence, la discrimination raciale et la xénophobie ». « Ceux-là sont sources de grande préoccupation pour tous ceux qui ont à cœur la protection de chaque être humain », avait dit le pape François qui avait également condamné les méfaits de la société de consommation, conseillant d’abandonner en 2018 les « bagages inutiles », de fuir la « banalité du consumérisme », « le flou des publicités » et « le déferlement de paroles vides ». Ce sont des valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons et que nous défendons mais qui sont à l’évidence à l’opposé de celles défendues par le président américain. Le président Trump fait peur à tous ceux qui ne partagent pas son avis et menacent tous ceux qui ne vont pas dans le sens qu’il préconise. Jusqu’où ira Donald Trump ?

Jean Marc Poché

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour