Trafic de drogue | Océan Indien : Trois cerveaux suspects avec la saisie record de Rs 557 M

Le butin recouvré par les autorités malgaches, travaillant de concert avec la MRA, comprend 25,5 kg d’héroïne (Rs 382,7 M), 35,5 kg de haschisch (Rs 88,8 M), 80,2 kg de cannabis (Rs 48 M) et des drogues synthétiques

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Opération de “field gathering” la MRA avec l’aide des Malgaches depuis l’année dernière, en tenant à l’écart l’ADSU

Les trois Mauriciens – Marc David Plaiche, Mardochee Jeremy Leratz et Jules Roddy Avoula –, faisant l’objet de surveillance et de filature à toute épreuve de la MRA, devaient rentrer à Maurice avec la cargaison ce samedi

La collaboration des autorités douanières à Maurice et celles de Madagascar et La Réunion a rapporté de gros dividendes. Une nouvelle saisie record de drogue, d’une valeur marchande de Rs 557 millions, a en effet été effectuée dans la Grande île jeudi, avec l’arrestation de neuf suspects, dont trois Mauriciens, en flagrant délit. Le butin récupéré par les douaniers malgaches se décline comme suit : 25,5 kg d’héroïne (Rs 382,7 M), 35,5 kg de haschisch (Rs 88,8 M), 80,2 kg de cannabis (Rs 48 M) et des drogues synthétiques d’une valeur marchande de Rs 40 millions. Mais le hic dans cette opération de longue haleine, qui avait été initiée par la Mauritius Revenue Authority (MRA) depuis la fin de l’année dernière, c’est que l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) du commissaire de police Karl Mario Nobin avait été tenue à l’écart, et cela pour des raisons propres à la MRA. Les recoupements préliminaires effectués auprès de sources concordantes indiquent ainsi que trois “ténors” du réseau de drogue, actuellement en détention et dont l’identité ne devrait pas susciter de surprise, sont soupçonnés d’être les cerveaux derrière ce coup, qui a avorté à la toute dernière minute vu que la cargaison de drogue devait arriver à Maurice ce samedi. Mais les sources officielles refusent de s’engager dans ce débat, vu que l’enquête formelle n’en est qu’à ses premiers pas à Madagascar, avec des pourparlers au sujet d’un éventuel déplacement d’enquêteurs mauriciens dans la Grande île.
Avec la confirmation de cette saisie record et l’arrestation des trois Mauriciens – en l’occurrence Marc David Plaiche, 24 ans, résidant à Roche-Bois et Rodrigues, dont c’était la première sortie internationale dans le réseau de trafic de drogue, Mardochee Jeremy Leratz, 44 ans, de Baie-du-Tombeau, et Jules Roddy Avoula, 38 ans, habitant Plaine-Verte, la MRA, en particulier sa Customs Anti-Narcotics Section, se félicite de cet exercice de “Sharing of Intelligence” avec Madagascar et La Réunion. Si les premiers exercices d’Intelligence Gathering avaient été engagés depuis la fin de l’année dernière, la phase active de l’opération, elle, a été enclenchée depuis mars dernier.
Tous les mouvements et contacts de ce trio mauricien, que ce soit à Maurice ou au niveau d’autres pays de la région, sans compter leurs transactions bancaires, surtout en devises étrangères, avaient fait l’objet de filature systématique de la part de la MRA. Avec leur récent départ pour l’étranger, la douane de Maurice, de Madagascar et de La Réunion était en état d’alerte et, jeudi, après une ultime concertation, la décision avait été entérinée de passer à l’action et de procéder à la saisie à Madagascar. La MRA n’a en effet pas voulu attendre l’arrivée de cette importante cargaison de drogue à Maurice pour les arrestations, vu les risques de dissémination de ces Rs 557 millions de drogues. Les autorités douanières des trois îles sont convaincues qu’une aussi importante quantité de drogue, aussi diverses, ne pouvait être destinée qu’à un seul marché, mais qu’il devait y avoir une redistribution une fois la drogue ayant quitté le territoire malgache.
Avec la conjugaison des efforts des douanes de Maurice et de Madagascar, les trafiquants de drogue, neuf au total, dont trois Mauriciens, ne pouvaient échapper à la vigilance des officiers. Ils avaient pris place dans un taxi-brousse sur la route à Manjakandriana jeudi après-midi quand ils ont été interceptés par les autorités malgaches. Ils avaient quitté Antananarivo après avoir réglé les derniers détails de leur départ et devaient regagner Nosy Be pour embarquer la drogue sur une des embarcations déjà prévue pour appareiller à destination de Maurice. En fouillant l’intérieur du véhicule, les douaniers malgaches ont été surpris par la quantité de drogue, même si, dans un premier temps, l’information relayée à Maurice faisait état de neuf sacoches contenant 80,2 kilos de cannabis.
De par le protocole établi en matière de saisie de drogue, une fois une opération bouclée, la Customs Anti-Narcotics Section de la MRA se doit de passer le dossier à l’ADSU. Ce n’est qu’hier, à la conclusion de l’opération, que la direction générale de l’ADSU a été mise en présence des premiers éléments de cette affaire. La MRA a joué cavalier seul car cette affaire concernait plutôt une collaboration entre les douanes interîles, soutient-on dans les milieux autorisés, alors que d’autres sources avancent que la MRA a appris la leçon avec la précédente saisie de 135 kilos d’héroïne dans des “Sandblasters”, et dont l’enquête de l’ADSU pas encore abouti 15 mois après.
La hiérarchie de la brigade antidrogue cachait difficilement son agacement hier face à la manière de procéder de la douane. Cependant, la police attend les dernières retombées du côté de la MRA pour voir dans quelle mesure elle collaborera dans cette affaire. Des sources aux Casernes centrales avancent que les enquêteurs devront déterminer la quantité de drogue qui était destinée au marché local et confirmer l’identité des caïds faisant partie de ce consortium. Du côté de la police, on n’écarte pas la possibilité que cette importation de drogue aurait pu être montée suite à un partenariat entre au moins trois “ténors” mauriciens actuellement en prison. Pour le moment, la police n’a pas encore pris de décision pour savoir si elle fera une demande d’extradition du trio mauricien. L’ADSU préfère attendre un dossier complet de la MRA pour se fixer. Entre-temps, il faudra compter sur l’ICAC, qui passera sans doute à l’offensive pour éplucher les biens des trois Mauriciens arrêtés dans la Grande île aussi bien que les complices du réseau local.

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