Travail | Le casse-tête pour le paiement du salaire minimum

  • Reeaz Chuttoo : « 50% des méritants n’y ont pas droit »

Les entreprises du secteur de l’exportation avaient obtenu un délai jusqu’à fin février pour l’application du salaire minimum. Toutefois, selon les syndicalistes, beaucoup d’usines ne se sont pas pliées aux règlements. Des plaintes ont également été enregistrées au ministère du Travail. D’autres secteurs, dont des écoles gérées par des ONG, font aussi de la résistance. Par ailleurs, la déduction des frais d’hébergement et de nourriture chez les Bangladais fait débat.

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C’est la désillusion pour de nombreux employés du secteur EPZ. Alors qu’ils s’attendaient à voir leur paye rehaussée au montant du salaire minimum, soit Rs 9 000, tel n’a pas été le cas. Les syndicats, de même que le ministère du Travail, ont enregistré des plaintes à ce sujet. Toutefois, on ne connaît pas encore l’ampleur du problème. La Flying Squad du ministère mènera des enquêtes de terrain pour évaluer la situation. 126 cas avaient déjà été recensés pour le mois de janvier.

Selon pour le syndicaliste Reeaz Chuttoo, « beaucoup d’entreprises n’ont pas payé. Au moins 50 % des travailleurs qui ont droit au salaire minimum n’ont pas touché cette somme. » Cette situation ne concerne pas uniquement le textile, ajoutet-il. « Dans des ONG, par exemple, on refuse de payer le salaire minimum, sous prétexte que les employés ne font pas 8 heures par jour. » Un autre « prétexte » dans les entreprises veut faire croire qu’il faut avoir au moins une année de service pour bénéficier des Rs 360 de compensation. « Tout cela relève de stratégies pour licencier les anciens et recruter des nouveaux. Ainsi, on n’a pas à payer les Rs 360. C’est du machiavélisme. »

Le syndicaliste déplore également le rôle joué par « certains avocats sans scrupule, qui réfléchissent sur les moyens de priver les petites gens de leurs dus. Eux prennent Rs 50 000 à Rs 100 000 pour conseiller les patrons et priver les pauvres travailleurs de Rs 360. » Il ajoute que la CTSP ne baissera pas les bras. « Ce n’est pas un combat syndical, mais un combat national. Cela concerne tous les Mauriciens. » En ce qui concerne les déductions sur le salaire des travailleurs bangladais, Reeaz Chuttoo, explique qu’avant le salaire minimal, il y avait une « discrimination structurelle » à l’égard des travailleurs mauriciens, par définition de la loi. « Dans l’Employment Rights Act, la définition de « Remuneration » inclut « benefits in cash » plus « benefits in kind ». Avant l’introduction du salaire minimal, un travailleur mauricien avait le même salaire prescrit que le travailleur étranger, soit Rs 5 400.

Sauf que le travailleur étranger avait un deuxième « benefit in kind » en termes de « free accomodation » et « free food », équivalent à Rs 2 500. » La CTSP avait logé une plainte devant l’Equal Opportunities Commission à cet effet. « Il est clair que les employeurs avaient leur tactique pour « refund » ces Rs 2 500. Par exemple, ils ne remboursent pas de local leaves, ils ne donnent pas de meal allowance ou ne payaient pas le boni de fin d’année comme il le faut. Tout ceci est illégal. Mais légalement parlant, les deux catégories de travailleurs doivent jouir des mêmes droits. »

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