Traversée du désert

Ce matin un lapin a tué un chasseur. C’était est un lapin qui avait un fusil. Paroles obsédantes dans mes pensées. Sans que je ne parvienne à m’en défaire. Tentons. Le fils putatif du vieux sage est un ours mal léché. Ce n’est plus à prouver. A défaut de démissionner classieusement (fodé ena laklas pou fer sa), le quidam semble scotché au maroquin. N’est-ce pas un poil embarrassant pour notre petit prince chéri ?
Faut-il taper sur une âme sensible. Incapable de causer le moindre mal à un poulet. Ni au moindre coq. Entre « fiable » et « faible » seule une voyelle diffère. Une décision devra être prise. Sinon la crédibilité du parti solaire en pâtira davantage. Et le mentor qui n’a pas jugé utile d’intervenir sur le champ à l’égard du clown. Or, sous le maquillage enfariné des bouffons, se dissimulent des êtres qui ressentent ce monde à fleur de peau.
Des bleus à l’âme ? Comment a-t-on cru que Showkut pouvait commettre un meurtre en live ? Un assassinat en direct des travées. Ridicule. Néanmoins pareilles paroles, dans la bouche d’un parlementaire, donnent un aperçu du niveau atteint par notre engeance politique. Ça ne vole pas bien haut, my lord. Ce monsieur s’est tiré une balle dans le pied !
Un leader charismatique l’aurait enjoint à prendre congé. Petit prince se rend-il compte du mal commis ? Agira-t-il en conséquence ? Le contraire ne renverra pas l’image d’un homme de poigne. Ni celle d’un décideur. Espérons que la connerie du clown ne contamine pas le cirque entier. Quoi que certains présentent quelques symptômes inquiétant. Faut-il envoyer les katar en quarantaine ?
Est-ce une traversée du désert qui est promise à Showkut ? Rien n’est moins sûr. Car le vote communal a ses raisons que la raison ignore. Ressentis et émotions débordent des urnes depuis l’Indépendance de notre nation. Nation où les groupes ethniques se jouxtent sans réellement se mélanger. Se côtoient sans au fond rien connaître de l’autre. Cinquante ans de solitude. Et je ne vois toujours rien venir ma soeur Anne. Je ne vois que le soleil qui poudroie.
Perspective d’incendie. La conjoncture économique est propice aux récriminations populaires. Les dérapages de ce type ravivent des meurtrissures mal cicatrisées. Le spectre des émeutes rôde dans les rues. Que le Ciel nous préserve de cela ! Notre nation n’en est pas encore une. Et de çà, l’éducation incomplète des jeunes mauriciens en est grandement responsable. N’est-ce pas Leela Devi ? Je ne connais pas ma propre histoire. Et encore moins celles des autres.
Le métissage a déjà eu lieu. Nos aïeux disaient sott baraz. Je suis issue du saut interethnique comme beaucoup de Mauriciens. Nos amis de la bien-pensance auront du mal à l’admettre. Être métisse (mélangés ou sang-mêlés) ça ne se voit pas forcément à la gueule que vous avez. Connaître sa propre histoire prend ici toute son importance… Je ne cesserai pas de le dire, kamarad !
Revenons au clown. Si ce personnage ressent un tel attachement à l’Arabie, sans doute devrait-il songer à réclamer l’asile politique dans ladite dictature monarchique. S’exiler et se barrer dans le désert ! Le Mauricien moyen comprend que le « communalisme » des politiques de cet acabit ne nous conduira pas ailleurs qu’en exil. Ailleurs.
Sinon ? J’ai cru comprendre que quelque 6 000 filles seraient chômeuses diplômées. S’être tant cassé le cul pour un salaire de dix mille roupettes ; j’en connais qui choisissent de se cloîtrer à la maison. Mais pour combien de temps ? Combien sont tentées de tenter leur chance en Australie ou ailleurs. Et pendant ce temps des choses étranges se passent sous nos yeux hagards. Les pitreries des honorables élus ont certes détourné la tension. Un climat délétère rampe sournoisement. Je vous fais grâce des meurtres et atrocités quotidiennes. À trop les citer, on finirait par se faire violence.
Ce monde de brute a besoin d’amour. Imaginez les honorables Paul et Pravind se donnant l’accolade au sortir du parlement. Avec dans le coeur, le sentiment sincère d’oeuvrer dans l’intérêt du peuple. Ne serait-elle pas belle notre patrie, si vous donniez l’exemple d’une fraternité sans calcul ? Je vous le lance comme un défi.

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