À TROU D’EAU DOUCE: Le passage Grand Courant divise les pêcheurs

Près d’un mois après le début des travaux de dragage dans le lagon de Trou d’Eau Douce, au compte de Sun Resorts, pour que l’île aux Cerfs retrouve son courant, certains pêcheurs de l’Est réclament l’arrêt des travaux. Selon eux, cet exercice nuit à leur gagne-pain. Ils déplorent le manque de transparence quant aux permissions octroyées à Sun Resorts pour effectuer ces travaux. Ils ont déposé une demande d’injonction en Cour cette semaine et l’affaire a été renvoyée au 4 octobre. Cette demande d’injonction ne fait, toutefois, pas l’unanimité. D’autres pêcheurs, qui dénoncent principalement leur manque à gagner face aux travaux de dragage entrepris devant le Touessrok, réclament une compensation de l’établissement hôtelier. Ils sollicitent l’intervention du Premier ministre, Navin Ramgoolam pour les soutenir. Entre-temps, les travaux de dragage continuent dans le canal.
Alors que la machinerie est largement enclenchée pour que le passage Grand Courant, situé entre l’île aux Cerfs et l’îlot Mangénie, puisse retrouver son état initial, un groupe de pêcheurs de l’Est monte au créneau. Il soutient que les travaux de dragage sont effectués sans véritables autorisations nécessaires des autorités concernées. Déplorant le manque de transparence du groupe Sun Resorts à cet effet, ces pêcheurs avancent qu’aucun permis EIA (Environment Impact Assessment) n’a été octroyé. Selon eux, il n’est pas normal que Sun Resorts s’appuie sur un EIA en date de 2004 valable pour le désensablement des passages Lièvres et Levrettes devant le Touessrok pour justifier celui du passage Grand Courant. Ces pêcheurs indiquent que ces travaux sont en train de causer des dommages irréversibles à l’écosystème aquatique.
En effet, pour dégager cette zone, victime d’un ensablement accéléré ces cinq dernières années, Sun Resorts a eu recours au même procédé utilisé entre les passages Lièvres et Levrettes, et pour lequel l’hôtel dispose d’un EIA Permit en date de 2004. Plusieurs conditions, dont celles de disposer de « all necessary permits/clearance from relevant authorities, including the Interference Permit as per the Marine Protected Area Regulations 2001 from the Ministry of Fisheries as well as Permit under the Sand Removal Act », sont rattachées à ce permis en vue de la « maintenance Dredging of the Lièvres and Levrettes Channels at the One & Only Le Touessrok. » L’établissement hôtelier, sommé depuis l’année dernière par le ministère de l’Environnement de rétablir le passage Grand Courant, a ainsi fait d’une pierre deux coups, effectuant, après le dragage devant le Touessrok, celui du passage Grand Courant.
Affaire renvoyée au 4 octobre
Depuis un mois donc, la drague suceuse WasteMaster Classic III est à pied d’oeuvre pour désensabler le passage Grand Courant. Or, en début de semaine dernière, les membres de trois associations de pêcheurs, issus de Trou d’Eau Douce, de Grande Rivière Sud Est et Quatre Soeurs, ont déposé une demande d’injonction devant la Cour en vue de faire stopper les travaux de dragage. Ils souhaitent une compensation de l’hôtel car, selon eux, leur travail a été affecté par ces activités qui polluent la mer à tel point que l’eau est devenue sale et ils éprouvent des difficultés à gagner leur vie. Après un premier rejet de leur demande par le juge David Chan qui a renvoyé l’affaire au jeudi 27 septembre, afin d’entendre les arguments de toutes les parties concernées, en l’occurrence le conseil de districts de Moka-Flacq, les ministères de la Pêche, de l’Agroindustrie, des Terres et de l’Environnement, ainsi que Sun Resorts, mis en cause par les pêcheurs, l’affaire a, une nouvelle fois, été renvoyée au 4 octobre prochain, suite à une demande de Sun Resorts pour un délai en vue de préparer son affidavit.
Compensation
Paralèllement, d’autres pêcheurs de l’Est, principalement de Trou d’Eau Douce, qui militent contre les travaux effectués par Sun Resorts dans les passages Lièvres et Levrettes en août dernier, souhaitent l’intervention du PM sur ce dossier. Leurs revendications auprès du ministère de la Pêche n’aboutissant pas, ils ont fait parvenir une pétition avec plus de 150 signatures au bureau du PM pour appuyer leurs griefs. Soutenant que Sun Resorts n’a eu aucune consultation avec la communauté des pêcheurs de la localité avant d’entamer des travaux dans les passages Lièvres et Levrettes, ils indiquent que cet exercice nuit à l’écosystème du site riche en ressources marines et en algues.
Dev Bhugaloo, porte-parole de ce groupe de pêcheurs, fait ressortir que les pêcheurs ne sont pas contre les travaux, mais qu’ils ne doivent pas se faire à leur détriment. D’où leur requête pour une compensation financière auprès de Sun Resorts. Ils espèrent que le PM prête une oreille attentive à leur détresse. Cette semaine, une rencontre est prévue avec le ministère du Commerce et de l’Industrie. Ce groupe de pêcheurs fait ressortir qu’il ne souhaite pas l’arrêt des travaux du côté de l’île aux Cerfs, car il est primordial de redonner sa vitalité à cette passe. Ils précisent que leur revendication ne concerne que les passages Lièvres et Levrettes où ils peinent aujourd’hui à gagner leur vie.
Sun Resorts: pas de commentaires
Du côté de Sun Resorts, pas de commentaires sur cette affaire à ce stade. L’établissement n’a jusqu’ici reçu aucune récrimination de la part des autorités qui effectuent un monitoring environnemental sur le site concerné. Entre-temps, les travaux de dragage continuent. Le volume de sable à être retiré de cette passe s’élève à 20,000m3 et les travaux, initialement prévus pour durer un mois, s’étaleront sur trois semaines supplémentaires, selon nos informations. Le sable récolté devrait ainsi servir à la réhabilitation de l’îlot Mangénie et le surplus récolté servira à la réhabilitation d’autres plages de l’île. On apprend que le groupe hôtelier a sollicité la permission des Bois et Forêts pour arracher des filaos qui ont pris racine dans le passage Grand Courant au fil des quatre dernières années.
L’île aux Cerfs devrait retrouver son courant fin octobre si aucun ordre intérimaire de la Cour pour l’arrêt des travaux n’est jusque-là émis…

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